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Je lis la correspondance de Kerouak et Ginsberg : c’est pas si intéressant que ça. C’est quoi qui est intéressant dans la vie ?

DOnner à voir la beauté du monde
Donner des techniques pour être heureux
Tout ce qui peut éviter à quelqu’ »un de tomber dans la dépression puis la mort qui s’en suit
Des idées vraies c’est à dire pas juste suivre le sens du courant en se laissant porter
mais principalement la beauté qui donne envie, envie d’en faire partie, envie de fusionner avec la beauté, autre nom de dieu.

Dieu n’est pas un homme barbu. Personne n’a jamais dit que Dieu était un homme barbu à part les ennemis de Dieu. Dieu est autant processus que personne, c’est à dire pas du tout. Si il y a bien quelque chose qui se rapproche de dieu dans le langage courant, c’est l’amour. Dieu est amour sans être uniquement amour, mais c’est pas grave. L’amour véritable ne peut pas exister sans Dieu, parce que sans Dieu, il n’y a que les lois de la physique, la causalité et l’intérêt.

J’ai presque 40 ans et j’ai rien trouvé de mieux que DIeu pour donner un sens à ma vie, mais bon, ça s’était il y a un petit moment déjà. Maintenant en 2025, l’enjeu est tout autre : passées les premières années de joie d’avoir découvert Dieu, comment faire vivre cet amour sur la durée ? SAchant que les tentations sont toutes toujours là, elles m’attendent au tournant, et je marche beaucoup donc BEAUCOUP de tournants.

L’enfer est une microdimension enroulée autour de nos bonnes vieilles dimensions spatiales. C’est à dire qu’il est toujours à deux pas sous ton nez.

J’ai l’impression que la Bible est à réécrire complètement, avec nos mots moisis du XXIe siècle.

L’enfer est en toi chaque fois que tu fais une compromission, chaque fois que tu renonces, parce que tu sais. Non, tu n’as pas oublié. Tu sais. Tu n’as aucune excuse. C’est toi qui cèdes à tes démons, constamment.

Mes démons c’est la bouffe, l’alcool, le sexe. Mais en petite quantité, car j’ai une très faible tolérance. C’est à dire qu’il faut une petite quantité de ces choses, pour m’annihiler. Il est très important que je sois un roc, parce que je suis dans une phase de construction, je bâtis de grandes structures, je fais vivre plusieurs personnes, je ne peux pas me permettre de défaillir. Je peux me permettre d’écrire des phrases lourdes, mal branlées, pleines de gros mots, c’est pas grave : ce monde de signes n’est pas le vrai monde, c’est un champ d’expérimentations.

J’ai 40 ans et ma vie me convient à peu près. Peu de repos, des actions qui ont du sens. L’art, jamais très loin, même si pas exactement la forme que j’imaginais. De l’amour, pas de problème de santé à part peut être santé mentale ? La vie commence à 40 ans, avant c’était que des préparatifs. Des années de formation. J’ai beaucoup de chance d’avoir eu tout ce temps pour me construire. Mon corps est bien bâti, je l’ai démoli encore et encore, reconstruit, jusqu’à trouver la bonne structure, solide, puissante, à l’épreuve des calamités de base. Ma récente déprime n’est rien. Une blague, comparée à ce que j’ai subi quand j’avais 15, 20, 25 ans… Bon bien sûr, c’est une mauvaise blague. Mais je vais pas mourir. Mon chateau reste solidement implanté dans une terre ferme et loin de toute faille.

J’ai 40 ans et la plus grande richesse c’est devenu le temps. Ce truc dont je ne savais pas quoi faire avant. Tu sais. Quand je passais mes après midi à regarder des séries, à trainer dans les bars. Mon dieu. C’est comme ça : on se construit de cette manière. Le Dick Turpins : la première gorgée de Guinness. Tellement de discussions inutiles ou utiles, oubliées depuis si longtemps. Passer le temps = ne pas mourrir. Chaque seconde passée au pub est une seconde loin de toute situation mortellement dangereuse. Trainer au pub pour ne pas mourir d’ennui ou de mort violente. Trainer au pub pour boire de l’alcool pour ne pas souffrir. LUtter pour ne pas souffrir. Les gens intéressant ont passé leurs jeunes années au pub. Parce que les jeunes gens intéressants souffrent et s’agrippent à la première branche à portée de main, c’est à dire la Guinness, dans un pub. S’accrocher à son verre. Commander deux pintes à la fois comme Mark E Smith.

Ma trajectoire intellectuelle est plutôt inhabituelle, elle ne s’arrête pas. Je ne veux pas m’arrêter. Je refuse d’être figé. Aucune attitude, aucune posture, aucun préjugé, que la Vérité, la vérité comme moteur, la vérité comme boussole. La vérité comme moteur, s’appelle l’amour. L’amour : je suis amour. Je refuse de haïr quiconque ou quoi que ce soit, par conséquent, je suis mouvant, changeant, jusqu’à la fin de mes jours. C’est pas être agile, cette vertu néolibérale imposée par les vainqueurs aux perdants. Les vainqueurs économiques ne sont pas agiles du tout : ils n’en ont pas besoin/ ils font plier les autres. C’est ça que signifie être agile : savoir se plier aux désirs de son maître.

Je n’ai pas de maître. Mes maîtres sont morts ou retraités ou licenciés. J’ai 40 ans : je suis le maître. C’est pas être arrogant : je connais mes limites, mes qualités, mes défauts.

Tu veux des défauts : Je me gave. De pensées, avant tout. De bouffe aussi, mais surtout de pensées. De mots. J’ai dans la tête une lance à incendie de mots, qui délivre du bla bla à maxi pression si bien que le tuyau devient un gros serpent autonome et je suis obligé de me cacher dans un coin = je suis autiste. Je réduis la pression comment ? En m’assommant avec du cannabis, essentiellement. En me canalisant dans des activités constructives, dans mes meilleurs jours. Sport, travail, art. En bouffant et en me masturbant de manière compulsive, quand ça va pas (ce qui rend les choses encore plus compliquées).