Le silence est révolutionnaire

L’information est une sorte de nourriture. Elle procure des sensations. Elle déclenche un stimulus. L’information est une drogue. On peut en devenir dépendant. Elle a tendance à rendre le monde fadasse. L’information tend à prendre la place du réel. Je veux parler de l’information de seconde main, conditionnée, emballée sous vide, prémâchée. L’information coupe du réel. L’information rend frustré et malheureux. Un ordinateur est un outil, c’est aussi un trou noir. Il faut savoir rester au bord du vide, ne pas sauter dedans. Mais qui sait faire ça aujourd’hui ? Qui sait renoncer, à la puissance, à la folie ? Qui saura résister aux sirènes des LLM ? Une fois que les gens auront compris, ils ne pourront plus lâcher leur assistant personnel IA, qui n’est qu’un miroir, en fait.

Tout se passe comme si l’homme souhaitait se transformer en ordinateur. L’homme est fatigué… L’homme occidental est fatigué. L’homme occidental ne peut plus suivre. Il est dépassé par ses inventions. Il a vécu des siècles de violence. Il aspire au calme. Il délègue. Il suffirait que l’homme occidental réapprenne à s’asseoir en silence. Pas pour réfléchir, mais pour se reposer. Faire le calme en lui. Comme nos grands parents le faisaient : juste s’asseoir sur une chaise, dans le jardin, ou au bord de la route, se mettre en veille comme C3PO chez Obiwan, juste être le témoin. Le capitalisme, en cherchant à gagner l’attention des hommes à chaque instant, est en train de tuer l’homme. Il ne reste plus à l’homme que le réflexe pavlovien et l’instinct primaire : c’est une logique mécanique qui le fait tendre de plus en plus vers une sorte de petit robot qui chouine, en mode binaire. Finis : l’inspiration, la nuance, l’amour. Le génie, l’héroïsme, la fraternité. L’Homme est juste fatigué. Pour combien de temps ?

Le silence est révolutionnaire.