Il parait qu’Angus est tout seul mais comme d’hab vous ne trouverez pas trop ici d’informations factuelles. Quand ça me chante et c’est tout. Juste sachez que ce disque s’ouvre avec une sorte de ballade acoustique de fin du monde, guitare acoustique, petites décorations field recordées, jusqu’à l’apparition d’un beat paresseux. C’est triste comme 2017.
Le morceau suivant a un petit quelque chose d’espagnol. C’est toujours essentiellement de la guitare acoustique, ici agrémentée d’un tambourin et d’une boucle de machine rotative, avaloir à salive géant, au service d’une chanson totalement triste.
On pourrait presque dire que c’est du beck indus triste. Est-ce que vous aimez Beck ? Moi je l’aime bien.
Le morceau suivant est pas tout à fait comme les deux ou trois premiers : il y a pas de guitare, juste une linndrum et un synthé qui résonne comme dans un disque de dub techno. Et plein de petits bruits. Chose notable : il s’enchaîne sans pause avec le précédent, comme si on était à la radio.
Les paroles sont débitées avec tant de je m’en foutisme orthophonique que je me demande si elles sont si importantes que ça. Je pense qu’elles sont un peu impressionnistes, comme celles d’un clodo bourré dont les mots auraient du mal à se frayer un chemin entre des lèvres sèches et pâteuses, collées par la salive et peut-être même un peu de pus. C’est pas qu’on s’en fout de ce qu’il raconte, c’est juste qu’on peut tout à fait se permettre de zapper quelques mots, voire la majorité, parce que tout est dans tout et voila.
Je trouve que c’est un disque bien à écouter quand on est dépressif, on doit se sentir bien, dans un environnement familier. Des machines, une guitare, Ableton, et un mec bourré triste.
Le morceau numéro cinq s’appelle : Face To Face with my Face. La moitié des paroles ne sont pas des mots mais des syllabes, ensuite cet homme grand et un peu fou se parle à lui même. La musique est un océan de formes géométriques et la voix est comme un petit bateau qui vogue en se faisant quand même un peu secouer. Mais tout va bien, on garde notre calme.
J’aime bien la spontanéité qui se dégage des orchestrations. On sent le mec qui a bossé dans sa cuisine, sur son laptop, avec un casque. De toute façon, arrivé à ce point de nonchalance et de je m’en foutisme, il ne reste plus que cette option. Il faut optimiser ses mouvements, et la cuisine, avec sa table, sa bouffe, ses bouteilles rangées dans le placard, c’est le lieu idéal pour se poser, c’est le seul endroit raisonnable en fait, à condition d’avoir une table et des chaises, ce qui n’est pas mon cas mais je viens d’emménager.
Tiens et puis voilà qu’au milieu il y a un morceau de rock avec une vraie batterie, je ne suis pas sûr que ce soit un vrai batteur cependant, plutôt des samples, quoique, c’est pas le plus important. Ce qui compte, c’est que ce morceau est un peu plus énergique, il s’appelle Not tree No Branch, c’est un proverbe que je ne connaissais pas. Le ton de la chanson c’est : hé tu vois la vie c’est comme ça je te l’avais dit gnagnagna. Bon ok
La suite, c’est un single il parait, un petit synthé à la Jacno, et puis cette grosse batterie à la Downward Spiral, bref : indus de cuisine, toujours. Je crois qu’il raconte son job de merde, dans cette chanson. Je sais pas, mais les vibes me rappellent quand j’étais agent d’accueil à la gare et que j’attendais l’arrivée du train suivant en lisant voici dans la salle du personnel. Fascinant.
Ensuite il y a un zouk, presque un zouk la seule différence c’est que c’est pas du tout sexy. C’est du zouk frigide quoi. Sans parler des paroles qui sont totalement hermétiques, exemple : “All in all, the pattern remains is let go”
Bon la suite c’est une chanson plus sérieuse, une boucle d’instrument à vent bizarre de marin ou piqués à William Bazinski. Angus essaie de te faire pleurer, à toi de voir si tu es d’accord ou pas. Tu as tout à fait le droit de pleurer, ça fait du bien, je sais que surtout les garçons n’osent pas trop parce que leur pseudo virilité en prend un coup mais qu’est-ce qu’on s’en fout de la virilité, ou comme Angus l’explique, “I’D LIKE TO SAY THAT I FEEL ALIVE AND THAT
I LIVE MY LIFE AS IF TOMORROW NE’ER COME” (lol)
Ensuite il y a un morceau avec un choeur d’église triste et un chien qui aboie dans un gros tuyau métallique, ça ne dure pas longtemps, c’est comme un petit tableau, C’est surtout une note d’intention ou plutôt un petit résumé conclusif. Ce qu’il fallait en retenir : c’est triste, c’est minimaliste, et ça aimerait bien te transmettre son mal être pour ton propre bien parce qu’aujourd’hui les personnes honnêtes et ayant un minimum de décence ne peuvent pas se sentir bien, à cause des gens qui s’injectent du botox dans les bourses pour qu’elles soient plus jolies, à cause de ces gens qui tirent des coups de fusil dans la tempête pour l’arrêter, ces gens qui font des fautes d’orthographe dans les pubs pour les dictionnaires, sans parler de la coupe de cheveux de Donald Trump. Le disque ne te fera pas aller mieux non, et heureusement : tu dois te sentir mal à l’aise, un peu triste, désespéré, seul, abandonné et pourtant, un peu responsable quand même. Après quelques dizaines d’écoutes, si tu n’es pas suicidé, peut-être que tu auras trouvé l’énergie pour rebondir.