Ah de la musique des années 80 aujourd’hui pourquoi pas. Ambiance funérailles de la fée clochette on s’habille en blanc tout est blanc il y a trop de lumière et la musique descend du ciel pénètre dans la cathédrale rebondit sur les murs tac tac tac et dans tes oreilles. C’est triste. Pas de comparaison s’il vous plait, merci pour eux. Des synthés purs comme du cristal, un peu de guitare avec du chorus et une voix maxi éthérée qui pleure sous héroïne non c’est carrément pas de la musique dark ou alors le blanc est le nouveau noir, c’est une possibilité. Le premier morceau est une sorte d’intro il y a pas grand chose mais ça pose l’ambiance, c’est une sorte de programme. Mais sans boite à rythme.
Elle arrive ensuite. Poum tchak débilos avec de la réverbe, motorik entre la veille et le sommeil. Vas y pour comprendre les paroles c’est pas gagné mais on sent bien que c’est pas la teuf ; on peut quand même prendre du plaisir, c’est beau comme un mannequin qui fait la gueule d’ailleurs je me demande si Tropic Of Cancer n’a jamais été utilisé par une maison de haute couture ; ça me semblerait assez logique, un défilé tout en blanc, en fluidité, en tissus plus légers que l’air. Je sais pas si de grands couturiers lisent ce blog mais si oui, les mecs, les filles, allez y foncez. Bon. Je me rends compte que le deuxième morceau est presque fini et il ne s’est rien passé. C’est hyper statique, on bouge pas trop son corps à un enterrement certes mais est-ce que c’est une justification suffisante? J’ai l’impression d’avoir regardé une photo noir et blanc surexposée pendant cinq minutes. Une photo ratée. Je veux pas être méchant, mais j’ai pas trouvé ça terrible. La suite.
La morceau suivant s’appelle Hardest Day et il commence avec un gros drone de synthé ventilé. Une boite à rythme s’insère petit à petit, que va-t-il se passer, on peut pas vraiment dire qu’il y ait du suspense, on sait bien que la meuf va recommencer à pousser des gémissements noyés dans la reverbe, il va y avoir une petite guitare, peut-être un changement de note (pas d’accord hein, de note) et voila. Tropic Of Cancer, t’es un peu trop prévisible. Je me demande comment ce disque passerait pendant le cocktail à mon mariage. Ma mère dirait : “ah ben c’est d’un gai”. Les autres vieux ne se donneraient même pas la peine de tendre l’oreille ils se laisseraient juste contaminer inconsciemment par cette musique de funérailles et ils seraient super gênés sans savoir pourquoi. Ca leur couperait un peu l’appétit ce qui me permettrait de m’enfiler un max de toasts au foie gras sur pain d’épice. Cool. On va faire ça alors. C’est incroyable comme il ne se passe rien dans cette musique. Moi ça me dérangerait de proposer au public un truc aussi vide mais on est tous différents ; du moment qu’il y a un un marché pour ce genre de truc pourquoi pas.
Le morceau suivant s’appelle Children of A Lesser God. Il dégage des vibrations légèrement différentes c’est moins gris c’est plus nostalgique et c’est pas mal. Le problème c’est qu’en dix secondes on a entendu presque tout le morceau après comment dire disons que l’évolution ne vient pas de la musique en elle même mais de la gallerie qu’elle creuse petit à petit dans ton cerveau. C’est là où tout se joue en fait, c’est comme regarder un beau polaroïd monochrome pendant cinq minutes, ça peut tout à fait être bouleversant, mais suite à une construction qui s’opère dans ta tête. Les plus hyperactifs d’entre vous risquent de ne pas supporter. Moi ça me dérange pas. Le concept, je veux dire. Parce que le résultat, en l’état, ne me convient pas. J’aime pas trop les boites à rythme, les mélodies sont hyper fadasses, la voix de la meuf… Je sais pas si on peut en dire grand chose de sa voix vu qu’elle est littéralement noyée dans la réverbération. Les synthés ondulent, pulsent très lentement, ils sont très simples aussi, des faux violons tout ce qu’il y a de plus cons. Alors oui, c’est très fade, et en musique c’est pas comme avec la bouffe, on peut pas assaisonner comme on veut. Ou si, en fumant un joint ou en prenant d’autres drogues. Il faudra que j’essaie tiens.
Voilà c’est déjà la moitié et j’ai l’impression qu’il ne s’est passé que cinq minutes. C’est dingue. Je reste sur mon idée de bande son de la fashion week. C’est pas une critique. Je ne suis pas sûr d’aimer ce genre de manifestation, mais la haute couture c’est une sorte d’art aussi, alors respect. C’est juste que je trouve ça ringard la plupart du temps. Alors ce cinquième morceau qui s’appelle More Alone se distingue des précédents par une sorte de ligne de basse bizarre, avec une cassure. C’est peut-être joué au violoncelle ou un truc comme ça. Il est un peu plus énergique que les autres, plus serré, plus tendu, et il semble aller quelque part. Pour une fois. Bon, il n’y arrive pas, évidemment, mais c’est sympa d’essayer. Merci.
Le suivant s’appelle “The Seasons Won’t Change (And Neither Will You). J’aime bien le titre, je trouve qu’il veut dire quelque chose. Il décrit assez bien l’esprit de cet album. La musique est aussi conne que les autres : une basse, trois notes, toujours ces synthés linceuls qui volent au vent, une boite à rythme, un râle, quelques notes de guitare. Mais le titre, oui. Les titres des morceaux, c’est de la mini littérature. Il y a une forme, un sens, de la poésie. On ne fait pas assez attention aux titres des morceaux, surtout dans tout ce qui est expérimental, ambiant, noise, tout ce qui est instrumental de manière générale. Oui parce que faut pas déconner, Tropic Of Cancer c’est quasiment instrumental, la voix ressemble plus à un synthé qu’à un véritable chant, la plupart du temps.
L’avant dernier morceau s’appelle Wake The Night. Il y a cette boite à rythme avec des toms, les synthés linceuls un peu plus métalliques que d’hab, et la meuf parle par dessus. Ok c’est pas mal. Ca, c’est vraiment pas mal du tout. On est dans la forêt la nuit. La Lune se lève. Elle est bien grosse et des gens en toge blanche fluo se lancent dans une sorte de rituel à sa gloire. Il s’agit de sacrifier la fée clochette. Oui. C’est un flashback. Ce morceau aurait dû être placé en 2 sur le disque. C’est mon avis. Réveille la nuit, petite Lune toute ronde. J’aime bien le côté religieux / mystique de ce morceau. Il donne pas envie d’écrire en fait. Juste de fermer les yeux.
Ah et figurez vous que le dernier morceau est dans la même veine tribale forestière mais cette fois la fée clochette est morte et nos potes en toge sont en train de danser autour de son petit cadavre mignon décapité ils peuvent pas s’arroser avec son sang puisqu’elle n’en avait pas beaucoup alors ils se font juste une petite tache rouge sur le front et ils regardent la Lune en tournant et en tapant sur des tambours. Robert Smith est parmi eux. C’est lui qui est à l’origine de cette petite sauterie. Il est content, il sourit. Je suis content pour lui.
Ah oui et au fait, la fille s’appelle Camella Lobo. Bisous.