Liars – WIXIW (2012)

Lever de Soleil. Le ciel est rose et sans nuage. On est au bord de la plage, Angus sirote son mojito allongé sur un transat. Il se frappe la joue de temps en temps, pour écraser les moustiques venant se désaltérer de son sang de poupon mongolien géant. SCHWAAAP CLAP. On doit être dans les baléares. Attention cette chanson va faire fureur cet été au bord des piscines branchées et le long de la côte atlantique et peut-être même dans certains appartements enfumés du centre de Bordeaux et d’ailleurs. Quoi c’est les Liars ça??? Incroyable. Ah oui c’est vrai, ils habitaient à Berlin. 

Donc, les Liars au pays d’Ableton Live, des filter delays numériques, des glitches, des basses d’ordinateur, des percutions synthétiques froides et hyper travaillées. Ouai mais ne partez pas, Angus est toujours là, et on sait toujours pas si il est débile ou si il est génial. Dans la deuxième chanson, c’est une sorte de prêtre Egyptien électronique. Les liars font leur Kid A, avec les moyens de 2012 et ces basses poilues et rebondissantes qu’on entend aussi bien dans un set de techno minimale de qualité qu’à la soirée anniversaire du dernier ringard. Pour une fois les Liars sont à peu près raccord avec leur époque et c’est encore ce qu’ils pouvaient faire de plus surprenant. Bravo ; mais hé, on va attendre un peu avant de se faire un avis. 

La troisième chanson est du genre rétrofuturiste, batterie sans âge poum tchak, synthé analogique, bourdonnements, une sorte de saumon fumé krautrock sur une tartine new wave des années 80. Bon je suis pas certain de trouver ça bien, et j’ai l’impression d’être très cruel en disant ça, parce que d’un point de vue artisanal, on est au niveau des Meilleurs Ouvriers de France, c’est pas une superproduction bling bling, c’est juste incroyablement ciselé tout en restant humble, retenu… peut-être un peu trop sage, trop allemand quoi… Fait chier. 

Le morceau suivant est construit autour d’une note de basse saturée qui sent bon le pain grillé analogique, plus un kick synthétique en 4/4, des claps, toujours ce bourdonnement, et les incantations neurasthéniques d’Angus qu’on a déjà vu plus survolté. RAH et là je m’aperçois que je suis en train de remuer la tête. Très bon point. C’est peut-être un détail pour vous. 

Roh. Nous voilà déjà à 18 minutes, cinquième morceau, il y a des bruits d’oiseaux noirs, une bande de bruits concrets qui tourne en boucle, une guitare sèche, Angus qui falsette et une note électronique. C’est simple, mais ça marche, ois<dghopuhzrg

Bon. On est presque à la moitié du disque et j’ai quand même un peu l’impression d’écouter Radiohead, mais un Radiohead qui serait complètement débarassé de son côté “Muse”. A vous de voir si c’est une bonne chose ou pas. Moi je suis pas sûr. On vit quand même une époque hallucinante. Ce disque n’aurait pas pu sortir à un autre moment de l’histoire, il a nécessité cette sorte de big crunch musical auquel on assiste ces dernières années, un grand tourbillon, la fin des genres, l’implosion du système, l’écroulement du chateau de cartes… C’est grisant et terrifiant : c’est la liberté totale ou presque. En tout cas, un truc que j’ai envie de dire, c’est que je n’avais pas été autant impressionné par l’intelligence dans l’utilisation de synthés rudimentaires depuis l’incroyable dernier album d’Oneida. Les meilleurs ouvriers de france de la musique pop qui n’est plus vraiment pop pff au secours plus rien n’est vrai tout est permis. 

La chanson suivante est un tube bullesque de science fiction pour salons de coiffure. Oui vous m’avez bien lu, je ne me répèterai pas, je vous engage à revenir une phrase en arrière si vous n’avez pas saisi toutes les implications sémantiques de cette suite de mots qui peut-être n’avaient jamais été associés auparavant. Piou piou piou piou piou piou toutes ces sonorités analogiques, ces potards de filtre et d’enveloppe qu’on devine à mesure que les sons font ouin ouin ouin ouin pouic pouic, ça me rend content. Les potards des synthés, c’est comme les boutons d’une manette de console de jeu. 

Bon. Plus que dix minutes à peu près. On est dans une sorte de safari de fin de journée, soleil couchant, à dos d’animal exotique, en costume d’explorateur des années 10 ; à la recherche des pyramides ensevelies très très haut dans la vallée du Nil, guidés par une carte en papyrus trouvée à l’intérieur d’un synthé daté au carbone 14 de 2000 avant Jésus Christ (approximativement). 

On rentre ensuite dans la pyramide, Angus est devand, il nous parle tout bas,  une torche dans une main, parce qu’il y a des momies endormies tout le long de ce couloir aux parois métalliques qu’il ne faudrait pas réveiller au risque de mourir dans d’atroces souffrances. Il s’agit d’une pyramide du futur, d’un vaisseau spatial enterré dans le sable et non, par pitié, ne me dites pas “Stargate” parce que je vais vous répondre par une bonne claque sonore et douloureuse. WIXIW est 1000 fois mieux que Stargate, la preuve…

… c’est qu’ils se termine par un morceau de dance music qui est aussi bien que ce que James Murphy a pu enregistrer de meilleur au cours de ses années LCD. C’est un tube ça et pourtant il n’y a pas vraiment de mélodie, juste un empilement de boucles qui durent 4 ou 8 temps et c’est largement assez. Plein de réverbe, de la disto sur la voix d’angus, tout ce qu’il faut pour tomber dans un trou sans fond sur un dance floor momifié par les drogues.

La vraie dernière chanson pff c’est une chanson pour dire au revoir. Toujours pas de mélodie à l’horizon, je crois que son message caché c’est “fumez des joints – fumez des joints – fumez des joints”. D’ACC. Et ensuite on se remettra le disque. 

BREF. 

A la première écoute je dirais que c’est mon Liars préféré depuis “They Were Wrong So We Drowned”. Voilà c’est tout. Il fait trop chaud pour écrire en plus il y a des moustiques. A plus.