C’est le moment où je regrette de ne pas avoir pris des drogues avant d’avoir mis sur lecture. Mais il est un peu tôt et en fait non c’est jamais le moment la drogue c’est de la triche. Bon. C’est un disque qui parle de sorcières ou quoi? Pour l’instant c’est des boucles de guitare mystérieuses qui respirent, accompagnées d’un bruit inconnu on dirait un feu qui crépite mais je sais très bien que ce n’est pas un feu qui crépite. On croirait aussi entendre des hurlements de sorcière en train de rôtir sur un bucher mais là encore, c’est certainement plus compliqué que ça. Au bout de trois minutes cette musique à la Blair Witch se transforme en début de chanson de Mogwai, un riff de guitare bourdonnant voire sitarisant en son clair, une guitare pleine de pédales d’effets en contrepoint qui rajoute une couche de dramaturgie, et d’un coup bam c’est l’explosion, la satu est enclenchée et ouch ça rigole pas, on dirait les mecs de neurosis qui font du black metal dans une cave, le son est archi crade on comprend pas grand chose à part qu’ils aiment pas la vie et qu’ils aimeraient bien que la Terre soit détruite et que tout le monde meure dans d’attroces souffrances. Ouch. Deux minutes plus tard à peine on retourne au calme du début mais l’ambiance est sensiblement différente, maintenant c’est presque agréable et carrément cosmique, il y a ces cordes qui scintillent on dirait du sitar… et on replonge dans l’horreur à nouveau et on comprend rien sauf que le gars parle dans une radio comme les méchants dans Quake 2. Esprit Black Metal, mais BM post moderne, Metal Oecuménique… Je suis moyennement convaincu parce que ça manque cruellement de dynamique.
Le second morceau commence comme du Sunn O))). Ce qui ne parait pas complètement hors de propos. Bon, le riff est un peu débilos, là où ceux de Sunn O))) sont simples. Ca dégénère vite en grosse bouillie noise avec un mec qui crie et un autre qui parle avec une voix grave, puis la bouillie se transforme en percutions saturées, ensuite la guitare bouillie revient… Bon, c’est pas pas génial, c’est mal produit, ça manque cruellement d’énergie, mais au moins leurs intentions sont claires, LEAD US IN WARFARE ça parle sûrement de ce jeu là, Call Of Duty (Colof’ pour les intimes), un jeu de guerre qui se joue sur Playstation et qui est fait pour les gros geeks vu qu’il ne devient intéressant qu’au bout de 40000 heures de jeu. Avant, c’est même pas la peine, tu te fais frager toutes les 10 secondes même si tu as connu ton heure de gloire à Counter Strike durant ton adolescence. Donc cette chanson parle de nous la masse des joueurs médiocres, on invoque le Dieu de Call Of Duty qui doit nous guider jusqu’à la victoire, nous rendre à la fois plus puissants, plus violents, plus précis dans nos tirs, bref nous transformer en véritables machines à tuer.
Oh la suite est intéressante imaginez Neil Young qui jouerait du Black Metal… Je vous parle évidemment du Neil Young que tous les hipsters connaissent aujourd’hui, le Neil Young folk crépusculaire de la bande originale de Dead Man… Une guitare sèche, quelques bruits de fond désagréables, des chuchottements black metal, et un chanteur genre Tricky/cow boy solitaire qui se parle à lui même. C’est incompréhensible mais il doit parler de son âme déchirée, de lumière, de fleurs… Le morceau s’appelle La Det Bli Lys… C’est pas du norvégien ou quelque chose dans le genre??? Je sais pas. En tout cas cette musique est presque plaisante, on pense un peu à Six Organs of Admittance aussi, Alexander Tucker, voire les albums solo de Steve Von Till, mais en plus bricolé lofi black metal… Le chanteur qui nous parle a l’air d’un vrai poivrot prophète c’est assez triste en fait. C’est la déchéance. Un groupe de métal en train de mourir, même plus capable de jouer des riffs de guitare saturée, de crier ou quoi que ce soit, c’est son dernier râle de guitare sèche folkisante, son dernier soupir… mais le mourant a l’air quand même assez vigoureux puisque cette scène d’agonie est suivie inexplicablement d’un gros riff métalique dégueulasse et stupide sans batterie, juste des guitares chevelues accompagnées d’une autre qui imite le bruit du vent qui se faufile dans un étroit canion de glace. C’est gelé. C’est scandinave, c’est obligé. Faudrait que je me renseigne un peu mieux sur les groupes avant d’écouter leurs disques parfois. Mh. Je sais pas. C’est bien aussi d’écouter avec une oreille vierge de tout a priori. Les deux ont du bon.
Alors pour résumer, c’était sympatiquement nul mais vu que je ne m’attendais à rien, ça va. J’imagine qu’il y a des moments tout à fait adaptés pour ce genre de musique. Par exemple, tu traines avec tes potes dans un squat genre celui de l’église de Black Flag dans The Decline Of Western Civilisation. Un truc dégueulasse, couvert de tags moches, des canapés défoncés… Quelle autre musique écouter que du black metal post moderne qui parle de sorcières et de Call Of? HEIN? Ou sinon dans le bus qui t’emmène au collège le matin. Nous on avait le droit de mettre nos cassettes dans l’autoradio du bus. Il y avait un grand en troisième qui s’appelait Jean-Baptiste, qui mettait du Black Metal parfois. Moi j’avais ma cassette de Nirvana, et une autre avec des morceaux cool de Rage Against The Machine, les Breeders, Noir Désir, et je sais plus quoi. Quelle époque. Beaucoup de stress, au moindre faux pas on te tombait dessus à la récré. C’était très violent. C’était mon Moyen Age. Et ce disque de Sutekh Hexen en illustre parfaitement certains moments. Voilà c’est tout à plus.