Boredoms – Pop Tatari (1992)

Yo. On va commencer avec un disque qui pour moi est carrément mythique mais que je n’ai pourtant pas écouté depuis près de dix ans, POP TATARI des Boredoms. A l’époque, je ne savais pas ce que signifiait boredom en anglais et je crois que je n’étais pas vraiment prêt pour ce genre de musique. Mais il y avait un morceau ou deux dessus que je trouvais super. C’est plus tard que j’ai réécouté les boredoms, mais plutôt la période psyché-mystique. 

Donc, POP TATARI. La période Hannah Barbera, la période ça cartoon des Boredoms. Ca commence par un sifflement qui fait mal à la tête, suivi d’un morceau à la cool avant de virer au n’importe quoi. Des morceaux courts qui rappellent un peu les Butthole Surfers et tous ces trucs un peu bizarres mais bien. Les lyrics sont incompréhensibles, je crois que c’est en japonais. Enfin il y a beaucoup de cris, genre YAAAYAYAYAYYAYYAYAY EE OOOOOOHHHHH EEEEEEEEHHHHH. Imaginez un petit insecte énervé, ou le mogwai zinzin, celui qui a les yeux qui tournent dans leurs orbites et qui mange un épi de maïs en 5 secondes dans Gremlins2. Parfois la voix est plus grave, et plus rocailleuse, mais plus funky aussi, comme si Lemmy jouait dans un groupe de funk. Parce que oui, dans ces moments là, la musique aussi est funky. C’est donc pas en permanence le chaos total.Les Boredoms savent jouer. C’est marrant parce que ce genre de trucs funky rock, ça a le don de m’énerver en temps normal, mais là c’est joué avec ce grain de folie qui rend tout intéressant. A la fin du quatrième morceau, BO GO, il y a même quelques notes de bossa nova et c’est tout à fait plaisant. Le morceau suivant est carrément top, un délire punk psychédélique avec onomatopées de moustique et des synthés qui font ouain ouain. C’est bien rythmé et assez répétitif, ce qui est toujours appréciable dans un disque de rock. Que d’énergie, tous les disques devraient être comme ça. Des bruits nouveaux qui sortent d’on ne sait où toutes les 5 secondes, des dizaines de genres musicaux broyés au mixeur et incorporés à cette sauce japonaise inimitable. Avec du Wasabi et un peu de gingembre frais. J’adore les sushis vous pouvez pas imaginer à quel point j’adore ces trucs. 

Le sixième morceau s’appelle Okinawa Rasta Beef et au début ça ressemble pas mal à ces pièces de musique contemporaine pour plusieurs voix, un peu prétentieuses et surtout pas du tout agréables à écouter. Comme ce truc de Stockhausen là, je sais plus comment ça s’appelle. Mais là c’est tellement dingue, et puis c’est pas fini, après ça vire encore funky moustique, avant de partir dans un truc complètement dingue (oui encore plus) avec des sortes de tambours de tribus africaines, mais du japon, et puis après ça va tellement vite et saccadé que plus personne ne suit, la musique attaque directement l’inconscient heavy metal de tout un chacun. On dirait vraiment qu’on est dans un village d’africains punk funk extra terrestres. Ou un village de Mogwai. Ou de Stroumpfs, mais les vrais, pas ceux de la bd fasciste. A partir d’un moment on voit plus trop la séparation entre les morceaux, soit parce qu’il n’y en a pas, soit parce qu’on est trop défoncés par la musique pour y faire attention. C’est paradoxal hein. C’est tout moi ça, oui, et ce disque m’aide pas beaucoup. N’empêche que ça reste vraiment jouissif du début jusqu’à la fin, on ne s’ennuie pas, on rigole bien, on bouge la tête. C’est largement mieux que les trucs qu’ils ont fait après du style Vision Creation Newsun. Et pourtant, objectivement ce disque contient beaucoup trop de funk postérieur à 1980 pour moi. J’aime pas beaucoup le fameux “funk blanc”. Je crois. J’en suis pas tellement sûr. En tout cas, j’ai horreur des Red Hot. 

Le neuvième morceau s’appelle Telehorse Uma. Je sais pas si il y a un rapport avec le concept islamique. mais Bon. On s’en fiche. L’intérêt de ce morceau, c’est cette sorte de break mystique au milieu du morceau. A ce moment là, des sortes de choeurs tibétains retentissent, mais on sait pas trop si ils sont tibétains, je ne pense pas. Puis des percussions viennent se rajouter et c’est une juxtaposition intéressante. A ce niveau là du disque, au dixième morceau appelé HOY (rien à voir avec Oï) on note la forte présence d’éléments de heavy metal à l’ancienne, style black sabbath. Des gros riffs bien lents avec des gens qui crient. J’imagine qu’ils aiment la musique de cette époque. Tout le monde aime Black Sabbath de toute façon, je me demande d’ailleurs si ce n’est pas le meilleur groupe de rock de tous les temps loin devant les Beatles que même ma mère trouve fréquentables. Donc, Funk Heavy Metal Mogwai Africains Chant Tibétain Punk Hardcore… Il y a à boire et à manger. Il y a même des trucs qui ressemblent à du rap metal style WALK THIS WAY. Il faut quand même aimer les trucs violents, subversifs, marginaux, avec des trous dans ses jeans voire plus de jeans du tout mais une combinaison spandex jaune avec des cornes et un faux sexe en mousse de 40 cm de long. Ma mère n’aime pas trop. C’est pourtant très bien produit, mais de nos jours où la musique ressemble de plus en plus à de la bouillie compressée à l’extrême surbaveuse dans les basses fréquences, plus personnes ou presque ne sait apprécier un bon travail de studio. Non je plaisante, j’ai un côté vieux con, mais pas à ce point. Non mais vraiment c’est très bien produit je trouve. J’adore le jeu sur la stéréo, qui est très poussé mais qui reste intelligent. Les guitares sonnent assez sèches, on n’est pas dans un disque de stoner. Tout sonne brillant et claquant . Enfin presque tout. C’est une disque brillant et claquant, de manière générale. J’aime aussi les effets sur les voix, sur Heeba le douzième morceau par exemple. J’ai aucune idée du matos qu’ils utilisent mais c’est vraiment intéressant. C’est sûrement des trucs japonais, des effets boss, roland, je sais pas quoi… 

Tiens le quatorzième morceau ressemble lui aussi à une scène de village chez des Mogwai africains. Leur leader essaie de les galvaniser avant une campagne de chasse, on entend des cris de guerre, puis une machine électronique mal réglée, peut être un moyen de locomotion de Mogwai. Ce qui est surprenant, c’est que le morceau suivant ressemble étrangement à une scène de chasse dans la jungle africaine, mais les pygmées sont remplacés par des mogwais. Le chanteur assure les bruits d’ambiance, imite des oiseaux, ou je ne sais quelle proie exotique, tandis qu’un tambour joue au loin, puis ça s’accélère, ça s’énerve comme si la course poursuite entre le chasseur et sa proie était lancée. Après c’est un peu déconcertant, ça devient ambient funky comme du funkadelic. Peut être que le Mogwai est tombé amoureux de sa proie. Puis on assiste à la liesse générale, avec danse punk funk et cet instrument brésilien dont je ne connais pas le nom que fait ouh ouh ah (qui ressemble à une voix humaine en fait). 

OH

Il y a même un dj qui scratche pendant la teuf. C’est vraiment multiculturel chez les Boredoms, c’est bien. C’est pas ça la world music? En tout cas c’est vachement mieux que tous ces nazes qui chantent pour peter gabriel. La fête s’éternise au village Mogwai de la jungle africaine, il y a plusieurs danses plus ou mois heavy, plus ou moins funky, plus ou moins punk, ça donne vraiment envie d’y être, forcément quand on ne montre que les bons côtés, et pas les maladies tropicales, la tourista, les cannibales, le sida, la famine, la guerre civile… Moi j’aimerais juste une scène d’amour, parce que je suis un peu romantique. ça manque un peu à ce disque, l’amour. C’est bien de faire la teuf au village, d’aller chasser, de vaquer à ses occupations, mais sans amour, on est un peu triste au bout d’un moment. Sur le seizième morceau on a l’impression d’entendre un début de balade sifflotée, mais ça ne dure pas longtemps, c’est pour rire, c’est suivi de plusieurs vignettes un peu fofolles, avec de la guimbarde, de la guitare wahwah, des machins tibétains…

Bon et puis arrive enfin le bouquet final qui commence comme du funkadelic avec même une diva black japonaise. BREF ça sent grave le sexe, c’est ce qui se rapprochera le plus de l’AMOUR surce disque. Il aura fallu attendre les dix dernières minutes (sur 65) pour qu’il y ait un peu de cul. Mais sans sentiments. Je reste sur ma faim. C’est pas grave en soi, je vais survivre, mais c’eut été un plus non négligeable. Mais est ce que les japonais connaissent l’amour? Je me demande. Ils sont un peu fous. Ou peut être qu’il y a de l’amour dans ce disque, mais que ça m’a échappé parce que nous avons affaire à une culture étrangère incompréhensible. C’est ce dernier morceau, le dix septième, qui s’appelle Cory, que j’écoutais souvent au lycée. Je l’avais gravé sur une compile entre un morceau de surf music et un autre de neurosis. Une très bonne compile. C’est le genre de truc que j’ai perdu en abandonnant la cassette et le cd gravé. Putain d’ipod, t’as tué les compiles avec ta fonction shuffle et ta mémoire surdimensionnée. Je ne me rappelle plus trop ce que j’appréciais dans ce morceau. J’aurais dû prendre des notes à l’époque. En tout cas je sais pourquoi je l’aime aujourd’hui. Parce que c’est de la folie furieuse, que c’est apparemment chaotique mais que c’est construit intelligemment, que c’est bien produit, que ça sent le sexe et la drogue à plein nez, et en plus je comprends les parole : “one two three four five”. Fastoche! 

Bon il faut conclure. Je dirais d’abord que ce disque n’a pas vieilli. Mais alors pas du tout. C’est Bluffant comme disent les jeunes à la télé. Il sonne hyper moderne, bien produit. Il est hyper complexe en plus, l’intérêt se renouvelle à chaque écoute. BREF. Pour paraphraser Yamatsuka EYE : YAYAYAYAYYAYYYEYEYEYAEYAYEYAEYAEYAEYAYEY.

Bon voila à plus.