Azari & III – Azari & III (2011)

Salut les filles aujourd’hui on va parler d’un disque assez récent pour changer. C’est le premier album de Azari & III. Je sais pas qui est Azari et qui est III, ni pourquoi il est III. Je sais juste qu’en fait ils sont 4, deux producteurs blancs et deux blacks qui me rappellent étrangement Vincent Macdoom ou FX de secret story. Enfin vous voyez le genre, sexualité ambiguë et compagnie. Ça va, ça me plait bien. Ils sont plutôt raccord avec la musique, qui ressemble beaucoup à la Chicago House des années 80, mais avec un côté plus élaboré quand même, et un peu de new wave, de disco, et par moments des relents d’eurodance. La plus grande discothèque du monde quoi. Sauf que là, c’est carrément cool. Vraiment. Ça donne envie de monter le son et de sautiller sur sa moquette en gobant des ecstas. 

La seconde chanson, c’est le tube je crois. Ça s’appelle Reckless (with tour love). Il y a une basse jouée à l’orgue et des hits qui rappellent pas mal ces trucs des années 90 là, genre NIghtcrawlers ou Ultra Naté. J’aimais bien à l’époque mais je me contentais de ce que j’entendais à la radio alors bon. Les deux divas blacks avec un zizi chantent vachement bien. Ah j’ai oublié de dire, ils sont Canadiens, et un des deux chanteurs s’appelle Cédric. Je me demande s’il parle français. En tout cas ils chantent vraiment pas mal les deux. C’est trop bien fait. J’aime bien le mélange 808 / 909 dans les percussions, et le côté répétitif. Les paroles sont assez minimalistes, Reckless with your love 

You. Just. Give it up 

Fearless with your life 

But no-one can you trust 

Reckless with your love 

You. Just. Give it away 

Fearless with your life 

Living day to day 

Living in a void as in ecstasy

ÇA doit vouloir dire un truc, mais j’ai la flemme de réfléchir on verra plus tard, je vous laisse le soin d’analyser tout ça.

La chanson suivante s’appelle Tunnel Vision et au début on a plus l’impression d’être à Detroit qu’à Chicago. Des arpèges synthétiques, hyper saccadées, des sons acids, on est dans l’espace, avec des robots, ça fait un peu peur. Je préférais celle d’avant elle donnait plus envie de danser. Mais celle là n’est pas mal, je reconnais. Il y a un côté plus psychédélique aussi. Ça doit être marrant d’écouter ça en ayant pris des trucs. De danser dessus en ayant pris des trucs. Avec des lumières qui clignotent, une machine à fumée, une boule à facette, tout ça. Et plein de gens drogués partout. Pas forcément gays, mais certains oui. 

Ouh le 4e morceau commence comme une version EBM d’une musique de John Carpenter. C’est froid, couillu, de la musique de mecs moustachus en slip et enduits d’huile qui font du sport sur un vaisseau spatial. D’ailleurs les voix ressemblent assez au 1 2 3 4 de véronique et davina, c’est plus des onomatopées que des paroles en fait. Elles sont dissoutes par des effets de spatialisation, comme on se dissout dans la masse quand on danse en club, à 5h du mat, qu’on se frotte aux gens, que nos sueurs se mêlent, que nos hurlements se confondent. Je perçois un aspect mystique dans cette musique, cette volonté de se dissoudre dans le cosmos. L’unité, le Nirvana, la fin de l’ego. Dans la fête. J’aime leur philosophie. Ce quatrième morceau est franchement excellent, peut être mieux que reckless with your love. Ça me donne envie d’aller danser. Quel dommage qu’à Bordeaux les rares soirées de qualité soient squattées par des étudiants bourrés qui s’en battent le steak de la bande son et passent leur temps à te bousculer pendant que tu essaie de te noyer dans la musique. Ville de merde. 

Le morceau suivant nous ramène un peu plus près dans le temps, ça me rappelle la teck house de la fin des années 90, avec des samples de percussions tribales. Quand la voix rentre, c’est dingue, c’est comme si elle était détachée du reste, elle se ballade au dessus de nous, elle nous traverse. Le refrain c’est “Lost in time Lost in Time Lost in Time I’m Letting Go”. C’est clair que ces mecs sont perdus dans le temps, ils se balladent entre les années 80 et 90 et les années 10 (oui les nôtres, pas celles de la Grande Guerre). Bref. Comme je l’ai lu quelque part, c’est trop smooth. Je sais pas trop ce que ça veut dire mais ouai, trop trop smooth. 

Finalement arrivé à la moitié du disque je me rends compte que ça joue beaucoup moins sur les clichés gays des 80’s que ce que j’imaginais. C’est beaucoup plus universel. Et ça fait vraiment musique de drogués parfois, comme sur Infiniti (avec un i ??), le 6e track. Avec une arpège de vieux synthé analogique genre Polysix ou je sais pas quoi. Ça ressemblerait presque à de la musique allemande des 70’s. Manuel Göttsching et tout. Mais avec des robes à paillette. Et puis ces nappes de synthé de science fiction qui font voyager. L’infini, le cosmos, toujours l’espace. L’espace comme métaphore, comme idéal. Le disque ne parle pas vraiment de cosmonautes perdus dans l’espace, c’est toi, en ce moment, alors que tu danses sur le dancefloor, trempé de sueur, un sourire béat sur les lèvres, et des gens dans le même état tout autour, c’est toi qui est perdu dans l’espace ET C’EST AGRÉABLE. Siddhartha cherchait à peu près la même chose que toi sous son arbre. Tous les mystiques du monde entier sont tes frères. Tu es bien plus proche d’eux que de ces connards qui pogottent pendant les concerts de Lamb Of God. 

Le morceau suivant est un peu dans la même veine. C’est deep quoi. Et assez minimal cette fois. Un kick, un charley, une basse légèrement détunée jouée en arpèges sur 2 temps, en boucle, et une voix fantomatique. On dirait une voix de fille, pour la première fois depuis le début. Une sirène, ou autre chose je sais pas. Peut être même que c’est un des deux mecs. En tout cas c’est carrément planant. Puis on entend une guitare! Carrément! Bon ok elle joue 4 notes, mais quand même. Elle doit être samplée. C’est génial. Non pas génial, Léonard de Vinci était génial, ça c’est juste très plaisant et très malin. Bon au bout d’un moment les couches de son qui se superposent font perdre de la clarté à l’ensemble moi j’aurais fais un truc plus minimal du début à la fin mais C’EST LEUR CHOIX. C’est surprenant ce disque, il transpire le psychédélisme par tous ses pores. Bobby Gillespie aurait été traumatisé s’il avait entendu ça en 91. Peut-être qu’il aurait arrêté la musique. Aurait-on vraiment perdu quelque chose? Je sais pas. Et vous, qu’en pensez vous?? 

Encore une fille sur le morceau suivant, et on a pour la première fois je crois un rythme un peu plus élaboré que le boum boum classique. C’est un rythme electro des 80’s joué avec une TR 808, y compris les claps (j’adore les claps). Du coup on a un peu moins envie de danser, c’est plus pour l’after ou pour respirer un peu. Celui là s’appelle Manhooker. Mhh. Un peu comme Dee Dee Ramone quoi. Pourtant c’est loin d’être gayz moustachu comme musique. C’est la plus féminine, la plus emo du disque. Ces gens ont du coeur! C’est mélancolique. C’est triste en même temps d’être un manhooker. 

Ouah la suivante par contre est carrément cuir moustache. Avec des voix graves, un rythme martial, on est plus du tout à Chicago, on dirait Depeche Mode ou des trucs encore plus blancs et gay. Undecided ça s’appelle. Les paroles sont criées et saturées par moment, j’ai l’impression qu’il dit des cochonneries. Cette chanson est très narrative, et théâtrale. Je vois pas trop ce qu’il raconte, mais j’imagine une histoire du style un mec rencontre quelqu’un dans une boite, ils partent s’isoler quelque part, mais il sait pas trop si il fait pas une bêtise, si il doit se faire prendre sauvagement, alors qu’il y a le Sida et tout… On entend la musique qui tape pas mal, mais en fond, c’est pas la musique qui est importante, c’est ce qui se passe dans la tête du gars, et il y a un jeu entre la musique de fond et des éléments musicaux qui sont au premier plan et qui représentent ce qui se passe dans la tête du mecs. Deux niveaux. Ah apparemment le gars est “ready to test you” à la fin. C’est un happy end. Ou pas. Ou une défaite de la volonté. On ne saura jamais. 

Wow “Hungry for the power” le morceau suivant commence par une 808 nue, rien autour, qui fait poum poum. Puis un gars dit “I’m hungry for the power” et le répète encore et encore. Avec une voix aiguë alors qu’un faux barry white répète ce qu’il dit en écho. Le contraste est saisissant. Ça pour le coup c’est vraiment gay. La musique est un peu moins intéressante que les autres morceaux je trouve. Et puis moi ce côté mec viril et coquin qui raconte des cochonneries, ça ne me touche pas trop. Pour faire l’amour, rien de tel que Enjoy The Silence de toute façon. HOUR AFTER HOUR I’M HUNGRY FOR THE POWER. C’est une sorte de chanson d’amour gay qui parle de sexe et de pouvoir. Ouai franchement je suis pas convaincu c’est trop gay pour moi. Désolé. 

Ah enfin la dernière chanson en général les groupes gardent le meilleur pour la fin ou en tout cas un truc waou. Ça s’appelle Manic et ça commence bien avec des petits bruits marrants, une grosse basse en hyper stéréo et du gros poum tchak disco musclé. Et des ouuhh ahahah. LES PAROLES parlent d’une fille sophistiquée, sur éduquée, mais bon.

Sophisticated, she’s so –

She’s a manic.

Overeducated,

She’s manipulative.

Puis ça parle d’un mec :

Incorporated, he’s so –

He’s a manic.

Overmotivated,

He’s infiltrative.

Ils vivent dans un Manic World. Et ils font des trucs pour s’évader :

A frequent illusion (evadive sensation)

A mental inclusion (burning temptation)

The constant invasion (a final solution)

A state of confusion.

C’est une sorte de manifeste du clubbing ça non?

She’s schizophrenic (she’s a manic)

In a manic world

He’s just an addict (he’s a addict)

In a manic world

On est tous tarés parce qu’on vit dans un monde de tarés mais bon pour décompresser on part se dissoudre dans le cosmos le week end en dansant sur de la techno de qualitay. C’est triste. Guy Debord ne serait pas d’accord, il demanderait à ces jeunes gens de faire la révolution au lieu de chercher un moyen de s’évader temporairement. Mais moi je lui répondrais : et qu’est-ce qui nous empêche de faire les deux? On peut avoir des activités subversives en semaine et s’amuser un peu le week end. Voilà ce que je lui dirais, mais c’est pas pour ça que je l’aime pas, c’est mon maître Guyguy. En plus j’ai 50% de mon prénom en commun avec lui. Oui je m’appelle Guy-Jean. 

Bref conclusion, c’est un disque top notch, J’aimerais trop danser dessus en soirée. J’avais peur de me sentir exclu par son côté culture gay de la nuit de Toronto mais en fait pas du tout. C’est un disque universel qui peut parler à tous ceux qui aiment danser, se vider la tête, les drogues, l’alliage mysticisme et dance music. C’est très bien fait, pas vraiment de baisse de régime. Et puis c’est très classieux même dans les moments les plus explicites. Je suis content. 

Bon voilà c’est tout à plus. 

(PS : je me suis renseigné, et AZARI et III en fait c’est le nom des deux producteurs : Alixander III, Dinamo Azari. Les chanteurs s’appellent Cedric Gasaida et Fritz Helder, Cedric c’est le queer, Fritz c’est barry white).