Alcest – Les Voyages De L’Âme (2012)

Je sais pas si vous connaissez l’histoire d’Alceste, dans la mythologie Grecque. Son mari s’appelle Admète, il est Roi de Phères. Apollon lui a fait don de la vie éternelle, mais évidemment il y a un piège, comme tous les dieux Grecs, Apollon est un connard. À chaque fois qu’Admète est sur le point de mourir, il doit trouver une âme à envoyer à Hadès à sa place. Ce gros naze finit par demander à sa femme, qui accepte, à condition qu’il renonce définitivement au sexe et ne se remarie jamais. Il accepte, elle part… Avant d’être secourue par Héraclès, qui la délivrera de la mort et la rendra à son mari. C’est une histoire de fou je suis d’accord, mais Alceste, wow. Quelle meuf. 

Donc, ce groupe s’appelle Alcest. C’est un groupe français qui faisait du black metal, à une époque, mais apparemment c’est fini, ce que j’entends pour l’instant ressemble plus à Calogero qu’à Darkthrone. Oui vous avez bien lu : ÇA RESSEMBLE PLUS À CALOGERO QU’À DARKTHRONE. Avec certes un peu de double pédale de temps en temps. 

Le premier morceau m’a beaucoup surpris, je ne m’attendais pas à un truc aussi calme, et chanté en français, c’est casse gueule le français, c’est pour ça que je parlais de Calogero, un mec qui fait de la musique à guitare en français, il s’expose à tout un tas de comparaisons douloureuses, même quand sa musique est cool. Parce que oui, j’ai pas pu m’empêcher de penser à Calogero pendant un moment, mais ça reste largement écoutable, c’est d’ailleurs troublant, c’est comme si j’avais été transporté dans une autre dimension, où la musique mainstream de variété serait authentiquement bonne. Ça va bien avec cette illustration de pochette somptueuse qui a l’air sortie d’un monde parallèle un peu Heroïc Fantasy mais pas trop, pas trop ringard en tout cas… Un monde où tout serait beau, majestueux, même le titre de cet album, Les Voyages De L’Âme, c’est tellement ringard, et pourtant en écoutant le disque, ça parait très beau. On se croirait dans la cité des Elfes du seigneur des anneaux là, mhh je suis pas un expert. 

Le troisième morceau est celui qui donne son nom à l’album. L’intro est instrumentale et pendant un moment on peut faire semblant d’imaginer qu’on a mis un disque anglais ou américain, du style Ride ou Catherine Wheel ou je sais pas. Les paroles sont difficiles à comprendre elles sont noyées dans les guitares, euh j’ai quand même compris “Rejoins les étoiles” à un moment, ça pique un peu, mais bon, on va dire que j’ai rien entendu, on va dire que j’ai pas imaginé dans ma tête un métalleux néo médiéval ringard habillé en elfe avec une guitare ibanez et un manteau en cuir. Oui j’oublie, de toute façon c’est une musique assez progressive, avec pas mal de changements, y compris dans les rythmes de batterie, alors on finit vite par penser à autre chose. Tiens, encore un peu de double pédale, mais on est tellement éloigné du black metal, c’est bien produit, c’est très ample, c’est pas EVIL, du tout. C’est de la musique céleste, un peu mélancolique, imaginez Liv Tyler dans le Seigneur des Anneaux, ben voilà, c’est son disque, il est beau comme elle, et vous pouvez me croire, ça veut dire beaucoup pour moi. 

Le morceau suivant s’appelle l’Emeraude. Bon je sens que la formule ne va pas trop évoluer quand même. Le premier couplet ressemble pas mal à de la variétoche à guitare, j’aime ça, mais je comprends pas pourquoi. Je suis pris au piège oui mais comment, pourquoi? C’est une expérience intéressante. C’est que la musique est vraiment bien foutue. On est pourtant pas loin de choses ultra rabachées, ces mots qui donnent la gerbe tellement on les a entendues dans la bouche de gens qu’on déteste : post rock, shoegazing, même ma voisine en a entendu parler, beurk. Maintenant, les trois quarts des groupes à guitares sont étiquetés comme ça, il suffit de jouer un riff un peu saturé avec de la réverb, à un tempo pas trop rapide, et voilà les chroniqueurs des Inrocks et de Télérama qui font les malins, ah oui on sent un zeste de shoegazing dans cette musique matinée de post rock. Bah. C’est pour ça que j’ai fait ce blog aussi, il s’agit peut-être de mauvaise foi, mais j’ai voulu faire un truc un peu plus frais, moins Inrocks. Voilà. 

Ouah ensuite il y a un truc sublime qui s’appelle Beings Of Light. C’est elfique comme musique, c’est clair, ça flotte, c’est brillant, c’est top, ça me fait vraiment penser à cette scène de cortège, quand les elfes décident de se retirer sur les Terres Immortelles… Bref. Encore un truc que je pourrais trouver ringard en temps normal, mais pas là, mais qu’est-ce qu’il m’arrive??? Quand le morceau démarre vraiment, il y a une batterie poum tchak et des guitares de black metal qui rentrent, et la même mélodie est jouée en boucle encore et encore. Ça s’appelle Beings Of Light, et c’est clair que ça parle d’elfes, j’en mettrais ma main à couper. Faut que je pense à mettre ce disque la prochaine fois que je mange des champignons, j’aurai l’impression d’avoir les oreilles pointues et une couronne de paquerettes dans les cheveux. Je sais, ça peut pas plaire à tout le monde. Je connais au moins une personne susceptible d’être révoltée parce que je suis en train d’écrire là, mais c’est pas grave, je t’aime quand même. 

Tiens le morceau suivant pourrait être du Calogero ou presque, sauf que le chanteur crie, un de ces cris de corbeau typique des disques de black metal, et puis les refrains sont chantés normalement par une fille (?), c’est un truc que j’aime pas trop ça, c’est comme dans le rap, quand le refrain est chanté par une fille qui fait du r’n’b ou autre. Vous savez cette chanson avec Eminem et Dido, par exemple. J’aime pas ce genre de mélange. Là c’est pareil. C’est un truc qui me gêne un peu mais ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien. Heureusement, la musique est pas mal, toujours dans le même genre de rock lent et aérien, avec un port altier, une certaine noblesse. Un peu de gratouille sèche, et on est parti dans une cavalcade en longue robe blanche dans les plaines du Mordor… HAHAHA c’est tellement cliché ce que je raconte, j’ai honte, je vais arrêter là avec mes références moisies. Je regrette de ne pas comprendre grand chose aux paroles, pourtant elles sont en français. C’est qu’elles ne doivent pas être si importantes que ça, la musique est tellement puissante, elle parle d’elle même. La fin du morceau est démente, la batterie se déchaine, et c’est très beau, il y a tellement de couches de guitares, c’est un son hyper riche, la mélodie est très belle… J’ai l’impression de raconter pas mal de platitudes, mais c’est peut-être qu’il n’y a pas grand chose à dire, c’est beau, c’est tout. 

Un petit quasi-instrumental à la guitare électrique en son clair, plein de reverb et de chorus, c’est pas Robin Guthrie qui joue mais on s’en approche, et d’ailleurs, c’est pas la première fois que je pense aux Cocteau Twins et autres groupes 4AD des années 80, je pensais aussi pas mal à la reprise de Tim Buckley par This Mortal Coil à un moment. De la musique éthérée, j’aime pas ce mot totalement galvaudé, mais bref. Après cet intermède plaisant, le dernier morceau commence, et là, c’est de la pop à guitares, on se croirait retourné dans les nineties, on se croirait sur Gish des Smashing Pumpkins, un autre truc auquel j’ai beaucoup pensé pendant tout le disque, au final j’ai pensé à pas mal de choses oui, mais ça ne veut pas dire que c’est un disque hyper référencé, non pas du tout, au contraire, c’est un disque déstabilisant, le genre de truc que tu n’a pas l’habitude d’entendre, du coup tu cherches des repères, tu ne peux pas t’en empêcher, à moins d’avoir pris des drogues et de te laisser transporter par la musique sans penser à quoi que ce soit. J’essaierai prochainement, je pense que le résultat sera intéressant. Bref. Summer’s Glory, le dernier morceau, est vraiment top. Assez positif, rempli de bonnes vibrations, plein d’espoir, c’est du moins ce que j’éprouve en entendant ça, il y a un côté midinette quand même, on pourrait entendre ça à la fin d’un épisode de Dawson ou de Buffy, et putain, ça c’est parfait, c’est exactement le genre de choses qui me redonne le sourire, justement en ce moment j’en ai besoin j’ai quelques soucis, mais je vais pas vous emmerder avec ma vie, je veux juste que vous sachiez que si ça va pas, vous devriez écouter cette chanson, Summer’s Glory de Alcest, et ça ira mieux. Voilà. Le disque est fini. Je suis content. J’ai passé un bon moment. C’est tout à plus.