The Big Pink – Future This (2012)

Bon Future This, deuxième tentative. Oui parce que j’ai déjà essayé hier, mais j’ai été dérangé et au fond, je suis pas certain d’avoir envie de l’écouter. Je me force un peu. Pourtant j’aimais bien “Dominos” malgré le refrain assez débile. Mais c’était très efficace, voire même un peu trop, limite vulgaire, ce qui ne me pose pas de problème particulier, j’adore Lady Gaga. 

Bref. Le disque commence par une chanson qui s’appelle Stay Gold. C’est encore un truc de pop sous stéroïdes avec des basses énormes, une rythmique rouleau compresseur funky, plein de jolies nappes de synthé, et ce côté un peu épique/héroïque qui fait se dire oah la vie c’est cool faut en profiter je veux sortir faire la teuf rencontrer des gens boire de l’alcool jouer à saute moutons avec des voitures renverser les poubelles narguer les flics acheter du shit à un mec qui fait “shhhh shhhh” quand tu le croises dans la rue, bref. Fuck Yeah I’ts Friday

La suite s’appelle “Hit The Ground (Superman)”. Le gars dit qu’il ne veut pas s’écraser au sol, qu’il est Superman, qu’il ne veut pas s’écraser, qu’il est Superman, bref, IL A PRIS DES TRUCS. C’est très anglais je trouve, ce genre d’éloge de la fête, avec un côté autodestructeur, mine de rien. Bon c’était une chanson pas mal, mais qui ressemblait un peu trop à la précédente. 

Ensuite il y a Give It Up. C’est moins musclé, un peu plus cool chill out glandouille. Je la verrais bien passer sur radio Nova l’après midi. Et c’est pas vraiment un compliment, pas une critique non plus. Ils passent certains trucs pas mal sur Nova, si j’avais pas mon iPod et que France Culture était en dérangement, mon choix se porterait sur Nova, c’est sûr, à moins que ce ne soit l’heure d’une émission pas mal sur Radio Campus, mais c’est assez rare de nos jours. Il en reste, heureusement. Mais par exemple l’autre jour je mettais par hasard 88.1, trop véner parce que je tournais depuis une demi heure pour trouver une place de parking dans le centre de Bordeaux, et je tombe sur le début d’une émission de métal/goth. Les mecs, premiers morceau qu’ils passent, ils disent ouais c’est notre cadeau de Noël à nous, c’est le morceau que vous avez préféré l’année dernière, et là ils balancent une sorte de metal trashos hyper ringard et mal joué, avec des paroles débiles et qui en plus dure super longtemps. Je me suis marré cinq minutes, mais ensuite j’étais un peu consterné. Heureusement je ne me rappelle plus du nom du groupe, ma mémoire est préservée. 

Mais voilà que nous en sommes au 4e morceau qui s’appelle The Palace et je regrette de ne pas comprendre un peu mieux les paroles. En général je m’aide du livret ou je vais voir sur internet, ici je suis forcé de me concentrer pour comprendre quelque chose, mais j’y arrive pas et c’est dommage parce que la musique en elle même est pas hyper intéresante, ça commence avec quelques notes de xylophone et puis ce genre de bidouillage electro anglais comme du sous-Squarepusher ou le générique de Skins puis bam c’est parti un autre morceau de pop electro bodybuildé. C’est toujours la fièvre du samedi soir / la saison 1 de Skins, j’aime bien mais cette production survitaminée me fatigue un peu, ça fait artificiel, ça me rappelle ce que les vieux cons disent à propos de la production musicale moderne, que c’est très facile aujourd’hui de sortir un truc qui sonne hyper bien avec plein d’effets de fous et qui font illusions, mais que c’est faux, ce qui compte c’est l’écriture et beaucoup de ces trucs hyper bien produits seraient chiants à mourir si ils étaient joués au piano ou à la guitare sèche. Je me demande si c’est le cas ici. Je crois que oui. Est-ce que moi, qui ne suis pas encore un vieux con, ça me dérange? Je sais pas. J’adore LMFAO par exemple, eux c’est clair que tout repose sur le travail en studio, et alors, c’est tellement efficace, t’es tellement obligé de remuer tes fesses quand tu entends I’m sexy & I know It. Mais dans leur cas, les paroles, qui tiennent sur un timbre poste, sont marrantes et cool. Chez les Big Pink, ça m’a l’air assez chiant, ce mélange de trucs de teuf et de trucs romantiques. 

La suite s’appelle 1313, il y a une bonne basse saturée sur le refrain, une batterie assez cool, un chouette travail sur les voix qui rappellent certains trucs de M83, pour l’instant c’est mon morceau préféré. Ouai, c’est vraiment bien. AAAH cette basse saturée, c’est une guitare + une basse électriques ??? COOL. Enfin un peu de rock’n’roll bordel. C’est vrai que jusqu’à présent c’était carrément pas rock’n’roll, je dirais même inoffensif, ça manquait de hargne, de sexe, et ces deux ou trois notes saturées à fond, c’est déjà un mieux. Mais évidemment…

…morceau suivant et on retombe dans cette pop héroïque de poivrot anglais électronique. Le héros du pub, ce disque pourrait illustrer l’histoire d’un jeune pilier de comptoir d’une vingtaine d’années, assis tous les vendredis et tous les samedis sur le même tabouret, buvant deux ou trois litres de la même bière (sûrement de la Newcastle) à chaque fois, peut-être quelques fois en semaine aussi, et puis un jour une fille fait un malaise dans le bar, elle s’étouffe avec une cacahuète, et notre héros (il ne l’est pas encore), malgré ses deux grammes dans le sang, se rappelle qu’il a appris  la manoeuvre de Heimlich au lycée, va porter secours à la demoiselle non sans s’écrouler quatre ou cinq fois en parcourant les 7 mètres qui la séparent d’elle. D’abord il tente de lui faire le bouche à bouche, puis il se rappelle qu’il est pas venu pour ça, il la soulève par derrière et lui fait recracher le truc qui s’est coincé dans sa trachée et comme elle avait trop bu elle aussi, ce mouvement brusque la fait vomir ses pintes de guinness, l’autre est pris de nausée forcément et court aux toilettes mais bon ça finit quand même bien, il est célébré comme un héros, le patron lui paie des shooters de vodka qu’il partage avec la meuf, ils finissent ensemble même si ce soir là ils sont bien trop saouls pour tenter quoi que ce soit de sexuel, mais voilà, un Working Class Hero, un vrai, et ce disque de Big Pink, c’est un peu la bande son de sa vie. 

Bon on vient de passer plusieurs chansons en racontant ces conneries. Il y en avait une vaguement rock, du genre Depeche Mode, rock avec des machines, et c’était pas mal ; le reste je me rappelle plus, en ce moment c’est la huitième chanson qui joue, elle s’appelle Lose Your Mind, elle est pas très surprenante, c’est toujours le même genre de musique hein, mais il y a un vrai solo de guitare fuzz et une basse un peu laide, comme une fausse basse Midi. La mélodie a un petit côté dramatique, c’est plus la fête du tout dans cette chanson, et le gars raconte qu’il veut faire quelque chose lui même, mais j’ai pas compris quoi. Peut-être aller pisser tout seul, il dit à ses potes qu’il peut le faire tout seul, qu’il est pas trop bourré pour ça, mais bon, on sait tous que c’est pas vrai. 

Tiens la suivante est encore un peu dramatique, et assez complexe au niveau de la rythmique. Peut-être qu’elle serait bien sans cette production outrancière. C’est fou on dirait qu’ils sont fan de Garbage, ça craint. Mais qui aime ce genre de musique gonflée aux hormones aujourd’hui??? Tout le monde sait que les légumes les plus gros et les plus beaux ne sont pas les plus savoureux, au contraire, ils sont souvent décevants, fades, et t’as les boules de t’être fait avoir, alors que t’as regardé Blanche Neige des centaines de fois avec ta petite soeur de 5 ans quand tu étais au lycée. C’est ça les Big Pink, une bonne grosse pomme au rouge magnifique, brillante, appétissante, qui fait rêver. Mais en fait, un peu chiante. Remarque, ça doit dépendre de l’humeur. Faut-être dans le mood pour ce genre de chose, et c’est ça la grosse faiblesse de la critique musicale d’aujourd’hui, elle ose prétendre que toute musique est également appréciable en toute circonstance, ou du moins qu’il est possible de la décrire et de l’évaluer d’une manière objective qui transcende le contexte et l’humeur. C’est faux, un truc qui peut paraître hyper chiant à un moment donné peut s’avérer génial un peu plus tard, ça dépend aussi des personnes avec qui tu te trouves. Ces chansons de The Big Pink, en soirée débilos avec de l’alcool et tout, c’est tellement bon. Voilà. Juste une mise au point. 

Bon la fin est un peu larmoyante. J’ai trouvé ça sur le site de Spin magazine : “This is the most personal song on the record. It’s a song about death. It features me stepping up to the mic for the first time, reading an excerpt from Ask the Dust by John Fante. I’m reading the opening paragraph of that book with a bunch of huge effects layered in so you can’t really make out what I’m saying. That book just means a lot to me and was given to me by someone I love very much. [Note: Cordell’s brother Tarka died of an apparent suicide in 2008.] It just seemed to be apt for that part. It has to do with 77 different ways to say goodbye, which is how the chorus goes. No, it doesn’t have anything to do with ‘1977’ by the Clash.” Ouai c’est larmoyant quoi, et aussi un peu chiant, le refrain c’est “77 ways to say no” ad nauseam, merci pour nous. C’est limite commercial/ringard, comme le morceau précédent. Il y a des passages vraiment limite, d’ailleurs c’est pas forcément mauvais signe pour eux, peut-être qu’ils vont devenir énormes grâce à ça, peut-être que tout le monde cherchera des critiques de ce disques sur internet, peut-être que de cette manière, leur succès rejaillira un peu sur moi, je demande pas grand chose, une centaine de visiteurs par jour, mais des visiteurs cool, influents… Oui je rêve. 

Bon conclusion, je sais pas trop quoi en penser, c’est bon et insipide à la fois, ça dépendra du contexte. Je me demande quand même comment 4AD a pu signer ce genre de chose, mais après tout, si ils ont envie de se diversifier, pourquoi pas. Bon voilà c’est tout à plus.