Iceage – New Brigade (2011)

Ouai un disque de punk à la mode enfin je crois je me suis pas trop renseigné c’est pas très pro mais vous allez voir tout va bien se passer et comme j’ai un peu bu je risque de raconter pas mal d’idioties. HAHA

Bon il y a une intro de 20 secondes froide et mécanique pour mettre dans l’ambiance et hop truc de punk/coldwave bien froid et bien punk et qui fait danser on dirait ce groupe parisien là Frustration, j’aime tellement Frustration je parle de leur musique évidemment pas des membres du groupe je les connais pas. Les paroles sont un peu martiales genre truc de Warcraft, “Marching across the Land, a marching church, our marching church, it reaches you, withdraws you…

Ouh ça va vite vite viiiite le deuxième morceau déjà c’est joué à 100 à l’heure eux c’est des punks ils font pas semblant ça donne envie de sauter partout surtout quand on a bu la moitié d’une bouteille de pinot noir de Bourgogne c’est pas énorme non plus mais suffisamment pour donner envie de sauter partout. La chanson s’appelle New Brigade j’imagine qu’elle est importante pour eux pour qu’ils aient donné son titre à l’album. "New Brigade Will Never Fade It grows and grows Could Never end.” Bon ok je crois que leurs paroles sont du genre impressionnistes, elles veulent rien dire mais emploient un vocabulaire évocateur, des mots clés qui d’un coup te transportent dans endroit connu. Enfin ça me rappelle encore un peu Warcraft, côté Horde, c’est sauvage, ça court en formation dans la plaine, pff encore un truc du Seigneur des anneaux, mais cette fois c’est sauvage, et pourtant la musique n’est pas si sauvage que ça, ça joue à fond les ballons, mais avec une certaine classe, le chanteur ne gueule même pas… MHH. Peut-être qu’en fait c’est des bourgeois en polo Ralph Lauren qui font du punk.. Ça ne me plaît pas trop ça, mais je ne suis sûr de rien, alors pas de conclusion hâtive. Il faudra que je me renseigne.

Morceau suivant, Remember. Batterie à fond qui jongle avec les toms au début, mélodie un peu mélancolique, “I know it will break out All that you have been given Feel it flower underneath your skin Unless you let it shiver in I keep myself within This long and holy light”. Bon les paroles n’on vraiment rien d’extraordinaire, mais on s’en fout. C’est joué à fond la caisse, bien comme il faut, et les riffs sont cools, la voix du chanteur est cool, bref, c’est cool, d’ailleurs je suis sûr qu’ils ont eu la bénédiction des KOMMANDANT KOOL du moment, Vice Magazine, Pitchfork, je sais pas quoi. D’ailleurs selon moi Pitchork est bien moins cool que Vice Magazine, vous allez vous moquer, vous penserez peut-être que je suis un pigeon hipster qui gobe tout ce qu’on lui raconte, mais je vous jure que j’adore Vice, et que je trouve Pitchfork moins cool. Bref. On en est au sixième morceau, et c’est toujours joué à fond la caisse, “comme si leur vie en dépendait” (haha, je pompe cette expression à Rock & Folk qui l’utilise toutes les deux pages). “Disguised by dirt Fire to the fur Sluice in caves And clasp upon stone Total Drench”. Mhh ouai toujours aussi imperméables ces paroles mais ça va ça ne me dérange pas. C’est tellement efficace comme musique et ça sonne pas asseptisé comme plein de groupes d’aujourd’hui. Oui ces jeunes gens ont un truc, faut l’admettre. Bon sauf qu’il y a pas grand chose à dire dessus. Les morceaux se ressemblent tous un peu, c’est très basique. C’est pas de la musique très intellectuelle, on va écouter ça pour se défouler, au concert, dans sa chambre d’ado, en sautant partout avec son frangin ou ses copains, après avoir bu une bouteille de tequila, en patientant avant d’aller vomir pour se redescendre une autre bouteille de tequilla. Il y a des passages un peu plus emo que le reste, des bribes d’émotion, ça me plait. Je suis totalement emo comme garçon, au cas où vous ne l’auriez pas déjà compris. Bref. De la musique sans prétention mais bien plus efficace que nombre de groupes d’aujourd’hui qui se la pètent un max. C’est vraiment raffraîchissant, on se croirait revenus à ces époques explosives où une mode est en train de naître, où les groupes ont la foi des pionniers qui arrivent sur des terres vierges. La fin des années 50, la fin des années 70… Merci.

La huitième chanson s’appelle Collapse et elle est un peu originale par rapport aux autres, avec sa guitare très aigue, on dirait presque un de ces faux groupes africains qui viennent de Brooklyn et qui ont l’impression d’être cools parce qu’ils ont découvert qu’on faisait aussi de la musique de ce côté-ci de l’Atlantique, blablabla. Oui, je suis sûr que vous vous reconnaissez, messieurs, je ne vais pas vous faire l’injure de citer vos noms. Mais au moins Iceage ils jouent à fond la caisse, alors le temps qu’on ait dit zut, ils sont passés à un autre morceau, et on oublie de quoi on parlait. C’est vraiment débilos comme musique, le pire dans l’histoire, c’est qu’aujourd’hui, dans notre monde pollué par de la musique prétentieuse, ampoulée, de vraies bonbonnes, le fait d’écouter de la musique brute, simpliste, efficace comme celle là, ça participe forcément d’une démarche intellectuelle, il faut comprendre un minimum ce qui ne va pas dans la société d’aujourd’hui, et faire la démarche de revenir en arrière, de revenir à des choses plus humaine, plus simples… Luc Boltanski distingue deux critiques de la société capitaliste, la critique ouvrière, pragmatique, et la critique artiste, intellectuelle. Les Iceage sont clairement dans le deuxième camp, leur démarche trahit un avancement certain dans la réflexion. Je suis sûr qu’ils lisent des bouquins de critique politique, genre Noam Chomsky, ou peut-être Adorno ou Herbert Marcuse ou peut-être même Guy Debord.

Bref pendant que je raconte ces conneries les mecs continuent à jouer à cent à l’heure, c’est dingue ils ne s’en lassent pas. J’ai pas grand chose à dire sur la musique, pas plus que sur les paroles, c’est très simple, répétitif, honnête, j’aime ça comme je peux aimer les Ramones, parce que c’est fun, et c’est tout. Il n’y a rien d’autre à dire et à la limite, tout ce que je suis en train de raconter depuis tout à l’heure ne sert à rien, j’aurais pu limiter ma critique à une phrase ou deux, juste dire à quel point c’est fun et efficace, et voilà. Bon, je veux pas dire que tout est parfait. J’aurais aimé au moins un morceau où ils lèvent le pied, pour montrer qu’ils savent faire autre chose, qu’ils ont d’autres désirs que faire du punk à fond la caisse. Ou au contraire, un truc vraiment plus bourrin, crié, du Napalm Death, du Black Metal, je sais pas. C’est vrai, ce genre de musique supporte bien la redite, c’est excusable, mais ça n’empêche qu’on aurait peut-être envie d’autre chose à un moment, mais bon, le disque est très court de toute façon, il fait 24 minutes. C’est COHERENT. Un mot que j’aime bien. Bon voilà. J’ai pas grand chose à rajouter. Oui je suis pas super comme critique musical. Allez, bisous à plus.