LEMME HEAR YA SAY YEAH! OAAAAAH on peut dire qu’il part sur les chapeaux de roue ce disque de 2 Unlimited c’est assez punk dans l’esprit. C’est marrant dès les premières notes je me revois à la kermesse de l’école bon c’était longtemps après la sortie de cet album peut-être en 94 ou 95 faut dire qu’on était à Camblanes pas exactement le centre du monde et pas une capitale d’avant garde non plus quoique. Je revois pas mal les lotos scolaires aussi, organisés une fois par an un vendredi soir, en plein hiver, la deuxième kermesse quoi, on en avait pas grand chose à foutre du loto en fait c’étaient plutôt les parents qui y jouaient, pendant ce temps on courait dans tous les sens en faisant les fous, on s’inventait des intrigues débiles du genre machin parle plus à truc il faut choisir son camp c’est la guerre et puis il y a les intéressants qui avalaient les grains de maïs destinés à marquer les numéros et qui vomissaient tout par terre dans la salle polyvalente. Mais quelle époque! C’était un de mes voisins qui faisait le dj/l’animation, un phénomène celui là, dans le civil il était gérant d’une société d’électronique, le soir il faisait le dj, le clown, l’animateur, ce que vous voulez, dingue. J’aimais sincèrement No Limit. Je crois que c’était ma chanson préférée à cette époque, on en était tous dingues, mais moi peut-être plus que les autres. C’était le clou de la soirée, et on dansait n’importe comment dessus, pas de gène, c’est super, il y avait les filles, les garçons, pas de sexe, on était juste des êtres humains qui faisaient la fête pas pour se changer les idées, on n’avait pas besoin de se changer les idées vu qu’on faisait la fête tout le temps, les récrés étaient une fête, les samedi au catéchisme c’était la fête, le midi à la cantine c’était la fête, même pendant la classe c’était la fête à part peut-être le jour de la dictée, mais enfin ça durait pas. Non, on faisait la fête parce que c’était notre mode de vie normal et ça, quand on y repense des années après, c’est forcément avec émotion. No Limit putain. Il y avait la version single, celle qu’on retrouve sur l’édition anglaise de l’album, et puis la version rap, le jour où le gars nous l’a jouée à la kermesse on était fous, c’était encore mieux, il y avait tout ce qu’on aimait dans ce morceau, de la techno, une fille qui chante, des gros synthés badass, et un rappeur cool, qu’on trouvait cool à l’époque en tout cas. Faut dire qu’il avait un flow pas trop mal, pas comme d’autres mecs d’eurodance style celui de Masterboy. Masterboy c’était pas génial, j’ai jamais accroché et en revoyant ça, je me dis que j’avais bien raison. Bref. No Limit, c’est juste la partie émergée de l’iceberg, parce qu’après il y a tout un album, que j’ai pas écouté en entier à l’époque, je connaissais que celles qui passaient à la radio. Mais c’est un peu comme si je les connaissais toutes, vu que c’est toutes les mêmes. Un riff de synthé un peu evil, une 909, une fille qui chante, un couplet de rap. Un break avec des belles nappes des synthé. C’est bien fait. J’adore. C’est des synthés hyper avant gardistes, détunés, comme les basses de dubstep d’aujourd’hui, ces trucs empruntés à la drum’n’bass qui l’a repiqué au hardcore. Et puis ces “ooh” et tout, c’est un mélange de house, de hardcore, de rap, j’en peux plus c’est trop bien. Et vraiment EVIL ça plaisantait pas. C’est une parfaite introduction à la techno pour les enfants oui je sais c’est un peu gros ce que je raconte là mais non vraiment sérieux quand on pense qu’après ils ont fait des horreurs style Stroumpfs Party, et René la taupe, quelle horreur, à l’époque la soupe commerciale avait une autre tenue. Un truc que j’adore, c’est les titres des morceaux. Celui qui passe là s’appelle Maximum Overdrive, il est construit autour d’un moteur de voiture qui fait vroum vroum. Il y a aussi Tribal Dance, The Power Age, Mysterious… C’est bien. Bon les paroles volent pas très haut c’est juste un accessoire. Quoique, “No no limits, we’ll reach for the sky! No valley too deep. No mountain too high. No no limits, we’ll reach for the sky, we do what we want and we do it with pride.” C’est une sorte de manifeste. On parlait pas anglais à l’époque, mais on comprenait quand même exactement de quoi ça parlait.
The Power Age sonne vraiment acid house, on n’est pas très loin, vraiment pas loin du tout des musiques “respectables”. C’est pas nul, j’aimerais qu’on comprenne que c’est pas nul. C’est peut-être de la musique commerciale produite par des mecs chiants en costard cravatte mais c’est pas nul c’est très fun et bien fait et puis cette chanteuse là on lui pardonnerait tout et le grand black aussi tous les deux dans leur flipper géant ils ont tellement la foi dans ce qu’ils font. Bon oui c’est mes souvenirs de kermesse qui me font dire ça. Les paroles c’est encore la même chose “The power age it’s the new generation We are the ones with no limitations We had the iron and the stone Now we got a new age that we own” et un peu plus loin : “Ray : The age of destruction, the age of hate And the age of violence and the ages of late Greed and gain that’s all they care Money, money, money, with enough to share So get with it feel the vibration The power age it’s just a sensation You can feel it down in your soul When you let the force take control So by now you better know the deal Anita : Woow… You gotta to get high to get real This is the power age Free you mind to disgage Welcome to the power age”
Bon il y a un truc que je dois dire, c’est que depuis tout à l’heure j’arrête pas de penser à la musique de Mortal Kombat. C’est fou comme ça me fait penser à ça. Forcément, même époque, et puis les Immortals qui ont fait Techno Syndrome étaient européens aussi, belges. Bref. Kermesse, Mortal Kombat, et puis aussi un salon de coiffure des années 90. Ou un défilé de mode des années 90. Un truc tout blanc avec des filles bariolées qui marchent en faisant la gueule et des photographes bariolés partout avec des fringues trop grandes évidemment et puis des coupes ringardes mais qui étaient trop tendance à l’époque. Des photographes avec des jeans qui remontent jusqu’au nombril et des t-shirts rentrés dans le pantalon. Quelle époque quand même. Est-ce qu’on avait conscience de tout ça à l’époque. Non bien sûr. On était là c’est tout. C’était normal. Tout ça c’était normal. Les chemises de Parker Lewis, normal. Windows 95, normal. Tout normal. Aliance Ethnik, normal. Porter des fringues Docks Dupont, normal. Quelle chance on a eu. Dans 20 ans on repensera aux années 10 et on se dira la même chose? Pas moi en tout cas. Bref. Ce disque c’est une machine à voyager dans le temps. Voyager chez des coiffeurs gays des 90’s qui mâchent du chewing-gum en écoutant de la house toute la journée en offrant à leur cliente des coupes de lionnes aspergées de laque extra forte. Chérie je n’en peux plus je cours toute la journée je n’ai pas une seconde à moi c’est insupportable et regarde moi ces ongles dans quel état ils sont il faut absolument que je prenne rendez vous chez la manucure. Quand on pense qu’à la même époque il y avait le grunge, les jean troués, les cheveux gras, les fringues de clochard, les Smashing Pumpkins, Beavis et Butthead, deux mondes parallèles et pourtant je peux en témoigner, c’était tout à fait possible de concilier les deux, je l’ai fait. Bon pas tout à fait. C’est vrai qu’une fois que j’ai chopé le live orange de Nirvana, j’ai plutôt laissé tomber mes cassettes des Numéro Un Dance. Mais je n’ai pas renié mon passé, loin de là. Il faut savoir être éclectique.
Oh un excellent jeu de mot, la chanson qui passe là s’appelle R.U.O.K. HA. C’est l’histoire d’un mec qui s’est comporté comme un bâtard avec sa meuf et qui lui demande si elle va bien. Elle lui répond quoi tu m’as traitée comme de la merde et maintenant tu me demandes si je vais bien? Casse toi pauvre con quand tu seras parti j’irai mieux. Et le mec insiste il voudrait bien garder la fille mais c’est pas très clair je suis pas sûr que tout soit écrit dans un anglais très correct. Il y a quand même cette rime dantesque : “So I’ll help you out through thick and thin Like the dog in the story called ‘Rin Tin Tin’”. Ce qui set ridicule et touchant dans cette chanson, c’est que le gars essaie de dire des trucs romantiques, mais en rappant, ça sonne agressif, c’est à côté de la plaque. Ca me fait bien marrer.
La suivante commence avec ces mots “Let The Beat Control Your Body” et ça rigole pas la musique contrôle vraiment mon corps c’est une copie carbone de No Limit à part ça mais avec un orchestra hit ringard qui fait son petit effet. C’est Mortal Kombat ouai. Let The Beat Control Your Body. C’était vraiment bien Mortal Kombat, mais j’ai pas eu beaucoup d’occasions d’y jouer à l’époque, c’était surtout en arcade à la fête foraine. Et quand on a joué à la version arcade, c’est dur de revenir à la Super Nintendo c’est comme Street Fighter II, mais bon. On pouvait pas y jouer tous les jours à la version arcade en plus en général moi je jouais contre des mecs plus forts que moi. C’était toujours la même humiliation. Je faisais le mec hyper fort qui connaissait le jeu sur le bout des doigts, tous les coups spéciaux, je prenais ma tête hyper sérieuse, et puis 3 2 1 Fight et là merde je me faisais latter la tronche et le gars me disait à chaque fois ah mais en fait t’es nul. Ce que les ados sont cruels. J’étais pas nul en plus mais bref. Mais oui Mortal Kombat c’était tellement classe avec ces graphismes photo-réalistes et ces fatalités hyper gore avec des colonnes vertébrales arrachées et tout. Quelle invention. Ces fêtes foraines c’était quelque chose aussi. Je parle de celle de Camblanes, qui était toute petite, trois ou quatre manèges, quelques bornes d’arcade, c’était juste ce qu’il nous fallait, c’était vraiment bien. Là aussi No Limit ça y allait à fond, je me rappelle très bien avoir vécu un des plus beaux moments de mon enfance sur un siège de balançoire tournante, c’était la nuit, il faisait bon j’étais en short bariolé et en t-shirt orange pétard, et ils passaient No Limit, et pendant 3 minutes, c’était le Paradis quoi, un petit moment parfait dont je me rappellerai toute la vie.
Bon l’avant dernière chanson c’est une ballade, je l’avais jamais entendue. Oui une vraie BALLADE pas de la techno, un truc hyper bien on dirait presque du Depeche Mode ou du Madonna. “[Anita:] I watch the door but no one comes through I watch the sun painting pictures of you Nothing I do can kill the chill inside Siliver days, wishes come true Simple thoughts, enough love for two Sharing a dream, sharing the warmth we had Where’s the flame that kept us in motion Did it burn out as well Where’s the flame, did you take it with you Where are you now Do you think of us Do you think that it was worth it Where are you now Are you alone Do you know that I’ve be waiting I’ve been waiting when the sun goes down” Etc… Par contre avec ce DX10 on se croirait dans un tube des années 80 quand même, ça devait sonner daté déjà à l’époque mais aujourd’hui on s’en fout c’est la surprise du disque je suis content vraiment. J’aurais dû danser des slow là dessus à l’époque. Tout ce qu’on avait, c’était “Pour Que Tu M’aimes Encore”. Elle est sortie quand j’étais au CM2 je crois. L’année où on a commencé à organiser des boums pour les anniversaires. Il y avait du coca et les parents venaient nous chercher à 23h. Quelle époque. Et donc Céline Dion. On était un peu gênés, on se tenait à bout de bras, mais n’empêche qu’on dansait des slows. Je l’ai encore fait un peu au collège. Le dernier, ça a dû être en troisième, sur Aerosmith, I don’t wanna miss a thing. Victorine si tu lis ça, coucou. En même temps, je pouvais pas faire mieux. J’ai terminé ma période slow en apothéose, avec le meilleur slow de tous les temps, et la fille la plus top que je connaissais à l’époque. J’ai dansé quelques slows après, mais c’était de manière ironique, sur des chansons kitch. Le problème c’est qu’aujourd’hui la musique de slow, ça marche plus. Il n’y a plus de tubes dans ce style et les morceau un peu trop lents et émo ça fait chochotte. Aujourd’hui c’est que des trucs qui pètent. Hé les gens, mais où est passé votre côté sensible?? Il faut absolument réintroduire les slows, ou en tout cas, il faut ramener des conditions sociales et culturelles propices au retour des slows. Il en va de l’avenir de la société. Pour moi, le fait qu’il n’y ait plus de slows c’est très mauvais signe, ça veut dire que la société est en mauvais état. Très mauvais état. C’est un indicateur de plus, il y en a beaucoup d’autres. Mais il serait peut-être temps que quelqu’un se penche sur la question.
Bon. Le disque est fini. La dernière chanson est un slow aussi. Deux slows pour finir, je sais pas… Moi je les aurais mis au coeur du disque. Mais bon, c’est pas grave. J’ai passé un bon moment. Je ne me suis pas moqué d’eux, je me suis amusé avec eux, j’ai pleuré avec eux, j’ai rêvé avec eux. Cette musique est tout à fait valable. Vous verrez que bientôt, pas mal de groupes vont refaire ça. Et ils seront portés aux nues dans tous les magazines branchés. Je serai très content, ça ne me posera absolument aucun problème, à une seule condition. Que cela s’accompagne d’une réhabilitation de 2 Unlimited et des autres. D’une reconnaissance de ce qu’ils ont apporté à tout une génération. Bon voilà. C’est tout à plus.