C’est un disque cool qui commence avec quelques coups de caisse claire plutôt légers deux ou trois notes de synthés puis un voile s’abat rapidement un voile satiné encore avec des fils qui se détachent et des perles cousues dessus non pas des perles des petites pierres brillantes et pour finir le gars et la fille se mettent à chantonner mais c’est vraiment léger c’est pas chuchoté mais presque tout est léger et délicat comme un voile de tulle incrusté de pierres précieuses c’est une tenue de princesse moghole ou indienne au milieu d’une procession royale il y a plein d’éléphants mais des éléphants légers des éléphants avec des ailes et des gardes coiffés de turbans magnifiques tout le monde est maquillé des singes se faufilent dans la foule pour chiper les pièces d’or distribuées par les servantes du Mahârâja où vont-ils pourquoi défilent-ils mais qui le sait? Ils suivent leur voie, c’est ce que dit la chanson.
Ensuite, autre scène. On est dans le palais. C’est un palais minéral, des guirlandes d’or sont accrochées au plafond, les murs sont sertis de rubis et d’émeraudes, le sol est une mosaïque de pierres précieuses et les dessus-de-porte dessinent des arabesques. Les gens sont allongés sur des tapis et dégustent des mangues et du raisin en regardant des servantes danser des servantes au ventre nu dont le voile transparent ne masque pas le sourire absent. Tout ça est plus intimiste mais toujours aussi léger jusqu’à l’arrivée de tablas et autres percussions ainsi que d’un saxophone qui n’a pas l’air très décidé. Des choeurs fantomatiques viennent hanter ce palais mais ils n’entament pas du tout l’impression de légèreté qui se dégage de l’ensemble. Il s’agit d’une musique aristocratique, orientale et de décoration. De la musique pour se prélasser aux termes ou au salon de massage, en discutant des derniers potins avec ses amis les habitués de la cour du Mahârâja.
La suite s’appelle Periods. Les percussions sont plus soutenues ils s’agit d’une musique rituelle. On tape sur des tambours pour attirer l’attention d’un dieu quelconque c’est évident. Mais nous sommes toujours dans la même contrée orientale indéterminée puisqu’on retrouve ces voiles de tulle légers comme de la mousse et ces synthés qui tirent des fils. La prêtresse lance une incantation faite d’un seul et même son oooohhoohhhh j’imagine mal quel genre de dieu peut se faire appeler de cette façon je suppose qu’il a plusieurs bras un énorme sexe et qu’il n’est pas tout à fait sympa comme tout dieu qui se respecte d’ailleurs n’empêche qu’on n’a pas d’autre choix que les vénérer parce qu’ils sont trop puissants et cools et après tout si on est là à écrire des conneries sur des blogs, à commander des champignons sur internet, à faire du vélo sous la pluie, c’est grâce à eux et comme c’est plutôt plaisant comme vie, on leur en est reconnaissant. Mais ça pourrait être mieux oui et c’est pour ça qu’on a besoin de les appeler aussi de temps en temps avec ces tambours et ces incantations.
Oh mais le morceau suivant qui s’appelle Dreams,Endless nous dépeint une scène nocturne. Il s’agit d’un rêve princier. Il y a des flutes, du piano c’est dur de savoir ce qui se passe exactement un bruit étrange comme une voix modifiée quelqu’un essaie de parler mais vous savez ce que c’est dans les rêves on comprend pas tout et puis ce piano qui joue n’importe quoi des bribes de mélodies cassées qui se chevauchent en fait je crois que le piano joue en boucle les dernières mesures d’un morceau cool de piano bar et derrière les flûtes ne lâchent pas le morceau ce sont des flûtes qui respirent elles marquent le rythme un rythme lent la respiration d’un dormeur c’est franchement très bien fait chaque détail est parfaitement étudié c’est magnifique. Tiens le saxophone se réveille ou s’endort on sait pas trop enfin il est là et il titube un peu un grelot de mage à la main c’est le rêve d’un prince râjput ensorcelé qui a des choses refoulées à se reprocher des souvenirs noirs qui lui reviennent en rêve il a fait des choses qu’il regrette il est un peu triste mais ça ne lui revient que la nuit. Peut-être qu’il est tombé amoureux d’une esclave et qu’il lui a fait un enfant qu’il a dû tuer évidemment pour que cela ne s’ébruite pas je veux parler de la mère aussi bref il est triste parce qu’il l’aimait mais son rang implique des sacrifices tels que celui là et d’ailleurs il est parvenu à l’oublier grâce à un sortilège lancé par un marabout quelconque sauf que ça revient le hanter la nuit oui en général la magie noire ça finit toujours par te revenir en pleine gueule et je suis sûr que le prince va commettre des choses irréparables la nuit comme un somnambule guidé par son infinie tristesse on sent d’ailleurs qu’il en est pas loin là il s’énerve dans son sommeil les fils de synthé commencent à s’emmêler il y en a partout le prince se débat il transpire à grosses gouttes mais c’est la fin fondu au noir on saura jamais ce qui s’est réellement passé cette nuit là.
Le final s’appelle A change in the lexicon apparemment on est chez le marabout en question avec ses grelots ses maracas ses tablas et c’est plein de fantômes ou d’esprits enfin d’âmes immatérielles qui flottent sans but dans toutes les pièces de cette sordide maison sur pilotis en bord de marais. Je ne comprends pas pourquoi on se retrouve chez cet homme ah mais oui une fille se met à chanter d’une voix bien plus assurée qu’à aucun autre moment de ce disque il était temps on est à moins de cinq minutes de la fin. Je comprends pas trop ce qu’elle dit il faudrait que je me concentre sur les paroles il est question de dimensions, de l’objet réel qui est remplacé ou quoi mhh c’est obscur comme une vieille formule magique c’est clair qu’on assiste à un rituel de magie noire et c’est une fille qui parle l’assistante du marabout ou quelque chose comme ça je pense que des choses graves se décident à ce moment là c’est l’avenir du royaume et le prince n’est pas là c’est clair ce n’est qu’une marionnette il est contrôlé par le marabout oh mais oui cette fille qui parle c’est la servante qu’il a mise enceinte c’était un piège un coup monté elle est pas du tout morte en fait et lui il s’est fait marabouter c’est une marionnette désormais et son destin est entre les mains d’une fille qui obéit aux ordres de son maitre qui est aussi son amant le prince n’est qu’une marionnette et voilà désolé de vous dévoiler toute l’intrigue mais en gros c’est ce qu’il faut retenir de ce disque bon bises à plus.