Monarch! – Omens (2012)

Salut les filles ce soir je me remets un disque ça faisait longtemps. Oui parce qu’en ce moment c’est moi qui fais de la musique. Pour fêter mon retour aux affaires j’ai choisi un album fastoche, qui a priori devrait me faire du bien aux tympans. Monarch, un groupe originaire de Bayonne, du doom à deux à l’heure, avec une fille toute mimi qui hurle comme un chanteur norvégien. Il s’agit de leur sixième album au moins mais j’ai pas compté. On s’en fout. C’est précisément le genre de détail qui sert à rien. 

Le disque commence avec des larsen aigus et des cymbales un peu orientales on se croirait dans une fumerie d’opium. Sauf que ça dure à peu près 15 seconde, après micHell rentre avec sa basse éléphantesque et je reconnais que c’est nul comme image mais c’est tellement vrai, c’est pachydermique. La guitare joue aussi on dirait mais exactement le même riff à 2,5 bpm alors c’est pas évident de savoir qui fait quoi dans le spectre sonore. A part la batterie évidemment. Le batteur joue un rythme doom normal. Rien d’exceptionnel mais enfin bon on ne lui en tiendra pas rigueur de toute façon il est américain. C’est une ambiance pesante, ça donne un peu envie de se suicider, mais soyons francs avec nous mêmes, ça nous plait, on aime les trucs sombres parce qu’on a tous un méga balai dans le cul et toute cette violence malsaine ça nous défoule et ça fait du bien. Ah je dois préciser un truc à propos de la batterie : elle a un son marrant, on s’en rend compte pendant les breaks, quand le gars fait poum poum poum poum avec ses toms : on dirait presque un son de batterie des années 80, style trash metal. C’est trop drole. Mais ça va bien avec le reste. Après tout, il y a quelque chose de kitch chez Monarch, et c’est très bien comme ça. Ouai ouai, moi je le sais très bien, malgré cette musique de cimetière d’éléphants hyper dark et hyper sérieuse, moi je sais que tout ça, c’est pour rigoler, hein, ne niez pas, moi je l’ai votre t shirt avec un coeur gros comme ça, et d’abord pour faire ce genre de musique sans devenir complètement fou, il faut un sacré sens de l’humour. Mais c’est vrai qu’il est assez bien caché et qu’à la première écoute on peut se faire avoir. Hum. Ce premier morceau n’est pas tout à fait fini. Il se calme à la fin et on entend Emilie chanter. OUI chanter et non pas hurler. Sa voix est un linceul. Elle est tellement légère qu’elle flotte dans l’air soulevée par le simple mouvement des masses d’air qui tourbillonnent,

La suite commence comme du Nurse With Wound. Musique de fantôme avec un effet de pitch tout droit sorti d’une pédale boss. Je regrette déjà que ça soit pas plus long parce que c’est vraiment top, j’adore ce genre de musique calme, sombre et presque triste. C’est triste sans l’être, c’est triste comme un garçon qui est mort dans un accident de voiture alors qu’il allait chercher sa cavalière pour le bal de fin d’année, auquel on repense des dizaines d’années après. Bref. C’est le genre de chose qui nous rend un peu triste, mais on s’en remet.

Surtout que le derrrrrniieerrrr morrrrceeeaauuuuu arrive et c’est une monarcherie comme on aime avec le riff de Rumble de Link Wray haha enfin en partie seulement. Joué au ralenti et sur 40 amplis de 100 watts à lampes. Oh il y a des harmonies vachement élaborées et sinistres et encore un chant de fantôme sauf que cette fois c’est le fantôme de la chanteuse de Enya bon c’est pas hyper cool mais ça passe. Les fantômes sont fondamentalement cool, qui qu’ils aient été avant de mourir. Pascal Sevran est cool désormais. Je parle de son fantôme, pas du Pascal Seran Vivant que nous gardons tous en mémoire, celui qui voulait couper le zizi des garçons noirs, ce lui qui aimait les jeunes garçons blancs, l’accordéon et son profil droit. Non lui il est définitivement pas cool. Contrairement à ce disque de Monarch même si je dois dire que je le trouve légèrement moins bien que les précédents. Mais évidemment c’est une histoire de goût. C’est ce côté Enya/sérieux vous voyez Monarch excelle dans le domaine de la violence pachydermique ultra violente. Oui beaucoup de violence. En s’aventurant sur un autre terrain ils prennent le risque de révéler qu’ils ne sont pas bons dans tous les domaines. C’est risqué et la prise de risque c’est sympa, mais ce qu’on retient au final, c’est la qualité des morceaux. Et là, mhh… Disons que c’est pas mal mais juste pas mal alors que précédemment Monarch nous a balancé des bombes nucléaires rivalisant avec les cinquante mégatonnes de la fameuse Tsar Bomba qui a littéralement rayé de la carte une île de l’archipel de Nouvelle-Zemble en URSS. Des choses inoubliables donc. Surtout le premier album et puis Mer Morte. 

Mon dieu je me rends compte que je pense encore au Seigneur des Anneaux. Un disque sur deux environ me fait penser au Seigneur des Anneaux. C’est fou et bizarre. Je parle du film là, pas de cet indigeste épopée qui s’étale sur 400000 pages. Vous savez le méchant envoie des cavaliers fantômes pour récupérer l’anneau. Ben ce disque, il parle d’eux. Enfin non, il parle pas VRAIMENT d’eux. Juste dans ma tête de mec obsédé par l’adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux. Mais la correspondance est parfaite, la lenteur, la noirceur, la violence, le côté fantômatique, et puis ces cris perçants à vous déchirer les tympans. C’est trop Black Metal, mais black metal divisé par deux. Juste BLACK. Du Black Black. du Bla Me ou du Ack Tal. 

Je vous ai pas parlé de Shiran le guitariste de Monarch. Bon je le connais pas j’ai pas grand chose à en dire juste que si j’étais une fille ou si j’étais gay je serais amoureux de lui. Il a l’air tellement cool, il a un trop bon style, niveau fringue, niveau matos de guitare, genre il a un incroyable ampli Sovtek. C’est une chose qui est cool avec ce groupe, leur passion pour les bonnes marques d’ampli. Sovtek, Sunn, Orange etc… Ca fait un peu guitar geek de dire ça, et ça ne fait pas de meilleures chansons pour autant. Mais c’est comme les belles fringues ou les coupes de cheveux. C’est pas superficiel, c’est révélateur. Ils auraient pu jouer leur gros doom crépusculaire sur des amplis qui n’ont rien à voir juste pour rigoler, pour emmerder le monde. Genre sur des fender twin reverb ou des sous marques rigolottes. Mais non. ils ont choisi d’acheter les amplis typiques de toutes ces musique lourdes et lentes, de vieux amplis très simples, très robustes, avec un son énorme mais qu’il faut monter à un volume de réacteur d’avion pour commencer à sonner. Finalement c’est peut-être très rationnel comme choix, oui un Model T c’est un bon rapport prix/bruit. En tout cas, choisir ces amplis, c’est s’inscrire dans une certaine tradition. Monarch, un groupe de musique traditionnelle. 

Bon voila. Le disque est fini. J’en garde une impression mitigée. La fin est très bien. Le début est sympa. Je suis un peu sceptique à propos de la production. Moins couillue que “Mer Morte”. Peut-être un peu trop travaillée. C’est pas surproduit oulala attention. Mais par exemple la batterie, j’aime pas comment elle sonne. Et dans ce genre de musique, où on a une nouvelle note toutes les cinq ou dix secondes voire plus, le son des instruments est extrêmement important parce que c’est ce qui joue le rôle de ciment. C’est des morceaux avec beaucoup de ciment, peu de briques, alors le truc a intérêt à être de bonne qualité. Et je trouve que dans ce domaine, ce nouvel album constitue une régression. Mer Morte avait un son tellement coolos-parfait il faisait vibrer l’entrejambe sans problème. Après, le côté Enya/fantôme, c’est pas nouveau, j’ai un peu exagéré tout à l’heure, ils savent le faire plutôt bien parfois, mais je trouve que c’est vraiment réussi quand ils arrivent à sonner à la fois aérien et hyper violent. Cette fois, c’est sûrement dû à la production, mais c’est un peu raté. Certains passages ne sont ni violents, ni dérangeants, je suis sûr que ma mère pourrait écouter sans être trop horrifiée. Et ça les mecs, c’est pas bon. Bref. Mettez un peu de verre pilé dans vos épinards à l’avenir, et tout sa passera bien. C’est tout à plus.