Isengrind – Night Of Raining Fire (2012)

Le nouveau disque de Solange Gularte sous le pseudo Isengrind. Ysengrin c’est le loup dans le Roman de Renart. Mais là rien à voir. Rien à voir avec “Isengrindcore” non plus. Ça je viens de l’inventer. Bref. Notez la pochette très “retour au temps des loups”. Ca donne pas trop envie hein? Et pourtant je vais écouter ce disque. Et oui. Hop. C’est parti.  

Franchement c’est dur je sais pas par où commencer pour une fois j’arrive pas à trouver de mots assez rares et purs pour décrire cette musique tout ce que j’imagine sonne archi-rebatu. Je vais pas faire un truc très structuré, vous allez voir ça va être marrant et pseudo-profond.

Des guirlandes de cristal sur lesquelles sont déposés de grands draps de soie pas plus épais que quelques atomes. Le vent les fait onduler délicatement. Prout. (le prout c’est pour neutraliser le ridicule). 

Des anges qui s’impriment en filigrane sur la rétine et nous parlent en chantant d’une fontaine luminescente au milieu des bois qui aurait été construite par une race éteinte d’elfes volants.

Un elfe volant qui construit une fontaine en salopette et casquette de base ball tandis que son jeune fils le regarde travailler en gratouillant une harpe sonnant bizarrement comme une guitare folk. 

Un concert de musique cosmique dans un musée d’art contemporain avec un auditoire composé de toutes les tranches d’âge et toutes les catégories socio professionnelles.

Un carnaval de venise sous la neige au ralenti le Carnaval de Noël en masque et costume traditionnel les gens lévitent au dessus des canaux ça tombe bien parce qu’il n’y a plus d’eau il y a des nuages à la place et le ciel est tout aussi blanc. Le tout vu à travers les yeux d’un jeune dieu insouciant qui s’apprête à faire une petite sieste.

Un paradis de carte postale un désert de nuage dans lesquels discutent des êtres habillés de blanc ils sont tous tellement sereins et bienveillants qu’on aurait envie de s’évanouir et de mourir pour les rejoindre de suite. 

Un concert de musique anglaise des années 70. Prout. 

Un concert de harpe au milieu d’une chênaie d’automne dans les années 10. Le chanteur n’est autre qu’une larve d’insecte une grosse chenille bien grasse. 

Des bûcherons qui scient des branches d’arbre avec des violons. Des violons en plastique transparent vert fluo. Un collégien adorable avec des boucles blondes et des culottes courtes joue du pipeau au milieu des bucherons il s’agit de petites bêtes qui essaient de se construire une ruche. 

Une cassette audio passée à la machine à laver personnellement ça ne m’est jamais arrivé mais je devrais peut-être essayer je prendrais une cassette de The Cure peut-être qu’il en ressortira une cassette d’inédits d’Indian Jewelry.

Un saxophoniste jouant à minuit dans une rue déserte des bas fonds de Chicago dans la brume il est saoul il sait qu’il va mourir il joue son dernier morceau rien que pour lui il n’y a personne autour non en fait c’est une symphonie qu’il adresse à Dieu.

Un concert de musique pour instruments à corde donné au milieu d’un champ de blé gigantesque de plusieurs milliers d’hectares.

Un vaisseau spatial dirigé par une race d’extraterrestres bienveillants venus apporter un message d’amour et de paix sur la Terre je vous apporte la paix je vous apporte l’amour nous dit le porte parole des extraterrestres qui est un personnage virtuel résultant de la communion des esprits de tous les extra-terrestres présents à bord de ce vaisseau gigantesque mais silencieux et léger comme une libellule.

Le SILENCE.

Encore un fermier dans son champ. C’est l’été il fait les foins pendant ce temps ses enfants escaladent une botte de foin la mère c’est la plus belle femme de tout le comté une beauté simple et naturelle des cheveux blonds des doigts fin une peau constellée de tâches de rousseur elle chante en jouant de la guitare comme Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany’s mais elle chante comme un elfe. 

Un trip sous psilocybine. 

Des cordes d’acier tendues sur des kilomètres avec des poids de plusieurs centaines de tonnes. 

Un ciel bleu repli de filaments comestibles sucrés et bons pour la santé. 

La vitesse de 3 kilomètres par heure.

une plage de sable blanc sous la neige survolée par des goëlands silencieux et des chouettes harfang. 

Un paradis de draps blancs fraichement lavés dégageant une douce odeur de lavande.

Un groupe de musique traditionnelle méditerranéenne des années 50 en costume d’apparat jouant lors d’un mariage ; les invités sont attablés, dans les assiettes des asperges préparées en filaments ; il y a des danseurs et un chanteur muet. 

La sensation qu’éprouve celui qui rentre chez lui après un voyage de plusieurs semaines. 

La dix-septième heure de la journée (la dix-neuvième en été).

L’été.

L’été sur la plage.

L’hiver sur la plage. 

L’odeur de la lavande et des aiguilles de pin. 

Les mammifères herbivores en particulier la vache et le lamentin. 

Un royaume de petits êtres verts ayant élu domicile dans un bonzai. Des lucioles intelligentes. Des êtres faits d’énergie pure. Ou d’Idée. Des idées qui déambulent, des idées avec qui on peut prendre le thé, des idées qui vivent, enfantent, et meurent. Des idées qui ont des idées et qui sont amoureuses. Des idées qui vivent dans un arbre de trente centimètres de haut. 

La couleur rose pastel et les couleurs pastel en général. Surtout le rose. 

L’impression de savoir tout ce qui est jamais arrivé et qui arrivera jamais. Tout sauf le présent. 

La redescente après un trip à la psilocybine. L’atterrissage d’un vaisseau assistée guidée par une conscience aigüe des objets se mouvant dans l’espace. 

Des sons n’émanant pas de hauts parleurs et non issus de la conversion d’un signal électrique en vibrations physiques. 

Un groupe folk irlandais vivant dans un 19e siècle parallèle où les hommes auraient décidé de stopper l’innovation technologique. 

Des choses bien.