Buried At Sea – Migration (2003)

J’aime bien les disques qui commencent comme ça le son a l’air de ralentir jusqu’à la vitesse normale comme si c’était un instantané très bref la photographie à un instant t d’une météorite qui fonce à une vitesse proche de la lumière. Ce qui est intrigant c’est que donc la bande ralentit jusqu’à la vitesse correcte et là : GROSSE CLAQUE DANS TA GUEULE je mens pas des claques comme ça en tant que fan de musiques lourdes t’en reçois pas beaucoup dans ta vie et à part quelques larsen il n’y a rien pour te préparer. Imagine une planète qui aurait été délogée de son orbite et qui fonce à travers le cosmos à une vitesse incroyable… C’est exactement ça. Sauf que forcément, si on se place à l’échelle de l’univers, c’est une vitesse d’escargot. D’où le paradoxe : c’est une musique extrêmement lente, même si on a déjà entendu plus lent, et pourtant dotée d’une énergie cinétique monstrueuse. C’est un des disques les plus massifs qu’il m’ait été donné d’écouter, et c’est pas (seulement) une histoire de son, c’est aussi à l’étape de la composition que ça s’est joué. Les premières minutes consistent en un riff composé d’une note et demi, le demi en question correpond à une sorte d’ornementation à la fin de la mesure, mais qui change tout il est vrai. C’est joué à deux à l’heure avec des guitares au son surgras et sous accordées évidemment, je sais pas trop quel genre d’ampli et quelle pédale de disto mais c’est un son gras et chaud qui se rapproche pas mal d’un sunn avec une big muff. Chaleuuur. Non ils sont pas brésiliens pourtant je sais pas trop d’où ils sont* un bled quelconque entre Los Angeles et New York j’imagine. Les trois morceaux de l’album n’ont pas de titres c’est pas évident pour se repérer hein. Et puis je comprends rien aux paroles évidemment mais sur la démo qu’ils ont sorti peu avant les titres comportent des mots comme “destrution”, “weapon”, “doom”, “devastation”. C’est pas Alscest quoi! Et le premier morceau est nommé sur ce disque “Droning Destruction… The Nameless Horde”. Pourquoi pas! Il est joué plus rapidement ceci dit. Et avec du synthé un truc gras et poisseux comme les guitares!

Ce qu’il y a de vraiment très cool avec Buried At Sea, c’est leur minimalisme dans le riff de guitare. La musique qu’ils font est essentiellement basée sur deux éléments : le son de guitare, et les riffs, qui sont enfilés comme des perles la plupart du temps. Le son j’en ai parlé, c’est pas évident de faire mieux. C’est un des meilleurs sons de guitare saturée que je connaisse, un des plus lourds quoi (j’adore les sons bien lourds, hé c’est ça le heavy metal non?). Quant aux riffs, souvent c’est ça qui me bloque dans ce genre de musique, ils sont nuls, archi entendus ou trop alambiqués, et puis ils s’enchainent sans queue ni tête. Je suis assez difficile. Ici, au contraire, je trouve que c’est quasiment parfait. Ni trop débiles ni trop compliqués, enchainés avec intelligence et parcimonie de sorte que leur impact est maximisé, on pourrait dire que ces mecs sont les Keith Richards du doom. C’est vraiment un groupe de premier choix dans le style, qui n’ont pas vraiment été reconnus à leur juste valeur, comme tant d’autres dans l’histoire de la musique mais après tout tant mieux ; c’est très satisfaisant de se dire qu’on connait les bons groupes qui sont ignorés de la masse. Mais je me demande quand même parfois, si je suis pas comme ces mecs qui parlent du bon et du mauvais groupe de hard rock dans le sketch des inconnus. “En fait le bon hard rock, tu vois le mec, il a la guitare, et il crache, tu vois. Et le mauvais hard rock, le mec, il a la guitare, et il crache, tu vois, mais c’est pas pareil. Le bon hard rock, le mec, il a la guitare, et il crache. Le mauvais hard rock, le mec il a la guitare, et il crache, mais c’est du mauvais hard rock”.  Alors les Buried At Sea ils crachent ou ils crachent pas ??? Franchement j’en sais rien mais je me dis que c’est pas grave. C’est mon paquet de carensac ou de réglisse haribo, je me l’enfile quand je suis tout seul parce que de toute façon personne n’aime dans mon entourage, et pourtant je trouve que c’est un des meilleurs trucs qui a été fait dans le genre. Il y a quelque chose que j’aime beaucoup, c’est dans le deuxième morceau, après un passage relativement calme, ça redémarre avec un riff qui fait trop penser à Earth 2, et c’est un très bel hommage. Oui il faut pas plagier, mais c’est bien de rendre hommage. C’est peut-être ça la différence entre le bon et le mauvais groupe de hard rock. Mais je vous dis, on s’en fout. On se situe là à un tel niveau de lourdeur et de violence que les concepts de bon et de beau n’existent plus, c’est tellement massif, tout est avalé : c’est un trou noir. Il n’y a pas lieu de réfléchir en écoutant ça d’ailleurs, il faut débrancher son cerveau et remuer la tête, c’est mieux quand on a des cheveux longs mais bon, c’est pas obligé, j’ai pas les cheveux très longs en ce moment et pourtant j’y arrive très bien. Je crois que j’aimerais bien me les faire pousser un peu, mais en gardant une coupe acceptable, pas comme quand j’étais plus jeune, et que j’avais une boule de cheveux sur la tête. Le problème avec ma qualité de cheveux, c’est que si tu les laisses pousser, ils ne tombent pas, ils restent en l’air, sans que ce soit cool comme une afro ou une jewfro. Ca fait un truc moche, ça ressemble à une permanente, j’ai l’impression d’être une ménagère américaine des années 50. C’est un peu embêtant. La seule solution pour que ça soit vraiment chouette, c’est de ne pas les laver pendant au moins 10 jours, là la matière est intéressante. Mais je peux plus faire ça aujourd’hui parce que j’ai une copine. Elle me forcerait à me laver les cheveux. Non ce qu’il faut c’est que je continue à aller chez le coiffeur, mais juste pour les faire désépaissir. Ouai je sais, il y a d’autres endroits pour parler de ça. Facebook par exemple. 

Il y a plein de samples dans ce disque, ils servent à poser l’ambiance. Le problème c’est qu’ils sont vraiment en retrait. J’arrive pas à savoir si ils servent vraiment à quelque chose ou pas. Peut-être que sans tous ces sons d’ambiance le disque sonnerait un peu vide. C’est fort possible. Ouai.

Sur ce disque il n’y a pas que des passages hyper violent ultra doom machin. Par exemple le troisième morceau commence assez doucement, il rappelle un peu certains passages calmes d’Isis, mais le Isis des débuts, encore assez basique dans ses constructions. Ça reste très minimaliste. Les riffs sont répétés et remachés pendant plusieurs minutes mais il faut ça, évidemment. C’est lent. On n’est quand même pas dans le même domaine qu’Isis et Cult Of Luna et consort. Ici c’est plus gras, primitif, rien à voir avec le hardcore alors que chez Isis et les autres, il y a quand même une base punk/hc et d’ailleurs on l’entend un peu dans leur façon de crier. Non chez Buried at Sea on reste dans le metal lourd, lent et minimaliste, mais mhhh peut-être que par moment il y a l’ambition d’aller un peu plus loin et d’ailleurs il me semble qu’un membre du groupe est parti jouer dans un truc ouvertement post hardcore qui s’appelle Minsk et qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Alors que putain l’album de Buried at Sea c’est une grosse claque. Les meilleurs cris de toute l’histoire du Doom. Bon c’est pas un concours de bite c’est sur, mais sur le podium Buried At Sea n’est pas sur la dernière marche. DANS MON COEUR. Pas loin derrière Teeth Of Lions Rule The Divine. Bref. Voilà quoi. J’en ai marre d’écrire C’est tout à plus. 

* Sur leur Myspace il y a marqué : Chicago/Los Angeles/Portland haha faut savoir! Et leur top friends comporte des trucs intéressants : Darkthrone, Bloody Panda, Neurosis, Jarboe et les Swans…