Amanda Lear – I Don’t Like Disco (2012)

Ben oui chose promise chose due voici ma chronique du nouvel album d’Amanda Lear. La reine du disco qui en fait n’aime pas trop le disco. J’ai lu une interview d’elle dans Rock & Folk, elle est bien plus intéressante que ce que les médias mainstream laissent entendre et peut-être qu’elle ne fait pas tout ce qu’il faut pour les contredire… Toujours est-il que madame préfère la peinture à la musique mais n’aurait pas dit non à une collaboration avec Kraftwerk dans les années 70. Ouai, je dis madame sans arrière pensée, pour moi c’est évident que c’est une femme et que ça a toujours été une femme. Bref. Donc de quoi est fait ce “I Don’t Like Disco”? 

C’est de la dance music moderne mais ringarde, électronique, à tendance discoïde, avec des réminiscences eurodance des années 90… Le truc vraiment intéressant en fait c’est sa voix qui est grave, presque chuchotée, une version cougar de Charlotte Gainsbourg quoi. C’est pas moche. C’est kitch forcément. Mais quitte à choisir, je préfère largement ça à David Guetta et Bob Sinclar. Les vrais ennemis de la musique aujourd’hui, ce sont eux. Amanda Lear est une personne honnête qui fait de la musique pour danser en boite et qui a des choses à dire. Eu, ne me demandez pas quoi. Mais bon. Ce disque a le charme désuet de la disco à l’ancienne, oui cette époque où la musique de danse mainstream avait des paroles, une mélodie, une certaine prétention à s’inscrire dans l’histoire de la musique. Des chansons qu’on peut jouer à la guitare. C’est nul, mais ça reste respectable. 

Ah vous savez, Amanda Lear ne se drogue pas, ne fume pas, ne boit pas et se couche tôt. Elle est extrêmement disciplinée. Enfin, c’est ce qu’elle prétend. A côté de ça, elle adore coucher avec des garçons deux fois plus jeunes qu’elle. C’est pas très cohérent je trouve, mais au moins sans drogue elle a du préserver sa peau. Elle est pas mal sur la pochette mais bon avec photoshop aujourd’hui, c’est pas possible de se fier à une image. J’irais bien la voir en concert en fait. Mais j’imagine que ça sera hyper cher et dans une salle trop ringarde. Voire en boite de nuit! BEURK. 

Je sais pas qui sont les producteurs qui se sont occupés de la musique. Et quel a été son rôle dans tout ça. Est-ce qu’elle a eu son mot à dire? Est-ce que les mecs sont des vieux routiers de la dance music, des belges ou un truc comme ça, des mecs ringards qui mangent des frites et tout? Ou alors des jeunes branchés qui bossent sur Ableton Live et ne peuvent plus se regarder dans une glace depuis qu’ils ont collaboré avec Amanda? Mystère. En tout cas plus les chansons passent et plus je me dis que c’est pas mal. C’est bien fait. C’est un ovni ce disque, il ne ressemble pas à grand chose en fait, il fait danser certes, mais personne ne fait ce genre de musique aujourd’hui, c’est à la fois ringard et avant-gardiste. Ca lui correspond bien. Par contre, je vois pas trop ce que je peux en dire de plus. Ouai il y a un peu de guitare, les chansons s’appellent Super Hero, Money Money, Windsor’s Dance, Icon… Icon est intéressante on dirait presque du Bertrand Burgalat, ce qui n’est pas si surprenant après tout, lui aussi fricote pas mal avec le côté kitch des seventies. Cette chanson parle d’elle, une icône glamour des années 70, qui hypnotise les hommes par brouettes entières, que toute la terre connaît. C’est pas une chanson de danse, c’est un mid tempo coolos avec du piano, c’est funky mais assez froid, la batterie est moche, mais j’aime bien. Et c’est court, même pas trois minutes. Un grand point fort de ce disque c’est la brièveté des chansons qui ne dépassent jamais les trois minutes trente. 

I need silence la chanson suivante est à nouveau une chanson pour danser avec des violons et des synthés rave dégueus on se croirait à la foire des quinconces dans les années 90. Sauf qu’à l’époque les violons étaient de mauvaises imitations synthétiques. Mais une fois encore, je serais très content de danser là dessus. Il y a un côté tragique dans cette musique. Il y a de quoi, quand on y réfléchit. J’aimerais pas être dans la tête d’Amanda aujourd’hui. Elle fait la femme moderne qui vit avec son temps et tout mais hé. L’âge d’or de la nuit décadente, du disco, de l’usage glamour de la cocaïne, c’est fini. L’époque où les people étaient des gens vraiment talentueux, qui resteraient dans les livres d’histoire, c’est fini. La fête, les drogues, se sont démocratisées. Les carrés VIP sont remplis de candidats de Secret Story à propos desquels la moindre ménagère de moins de 50 ans a un avis. Nous sommes dans l’ère de la médiocrité. Les Dieux de la fête d’il y a trente ans sont pour la plupart morts ou retirés. Et Amanda elle, continue à chanter cette époque. C’est triste. C’est très nostalgique. Forcément que cette musique a des accents tragiques. Tragédie, parce que forcément, on savait dès le départ comment ça allait se terminer. On le sait depuis Jean De La Fucking Fontaine. La cigale ayant dansé le disco toutes les nuits de 1975 à 1985 se trouva fort dépourvue quand la coke a vu ses prix divisés par trois ou quatre provocant un afflux massif de gros beaufs sur les dance floor branchés de la capitale. 

Bref. Un disque tragique, kitch, un peu glauque, un peu comme un père de famille dépressif qui, prétextant des dîners d’affaire qui s’éternisent, va régulièrement danser en boîte déguisé en femme (“Stella” ou “Coco”) et se fait prendre dans les toilettes par un jeune gigolo italien bien membré nommé Francesco ou Roberto. Je dis pas que c’est le genre de choix de vie qui me correspond, mais n’empêche qu’il y a quelque chose là dedans de follement décadent et transgressif, primitif et sophistiqué en même temps, qui a toute ma sympathie. C’est un disque assez extrême donc, mine de rien, mais pas vraiment mauvais. À ranger entre 2 Unlimited et Prurient.