All The Saints – Intro To Fractions (2012)

Salut. Je sais pas si vous avez remarqué mais le printemps semble faire son come back un peu en avance cette année, même si je suis pas tout à fait sûr qu’il y ait encore des règles concernant les saisons ; ou comme le dirait ma voisine pequenot imaginaire que j’ai pas puisque malgré tout ce que je peux raconter chez moi c’est carrément plus la campagne depuis bien longtemps : “y’a pu dsaisons”. Cet aprem, j’ai fait la sieste dans mon jardin, alongé sur un transat, avec un disque cool dans les oreilles et j’étais en t-shirt!! Le soleil ça fait du bien, la chaleur et la lumière qui se combinent, je sens que mon corps se réveille, que certaines choses se réinitialisent, mais c’est dur de savoir exactement quoi. Je me sens tout chose, j’arrive pas à analyser. Des épisodes similaires survenus à la même époque de l’année/de l’évolution météorologique me reviennent en mémoire. Ces après midi ensoleillés de fin d’hiver où l’attrait des terrasses de café rend les cours tout bonnement insupportables. Ces heures à griller au soleil, à griller clope sur clope, à se sentir renaitre, et bien plus libre tout d’un coup comme si les rayons UV brisaient certaines barrières physiques et mentales. A regarder les pigeons faire les pigeons, à tirer des plans sur la comète estivale, à écouter les playlist printanières qu’on avait rangées au placard, remplies de Dandy Warholseries, de Brian Jonestowneries, de Stereolaberies, de choses qui donnent envie de rouler très vite en voiture les fenêtres ouvertes en chantant très fort et sans savoir où on va évidemment. C’est dangereux parce qu’en général, cette période précède de peu celle des examens et ça explique peut-être en partie la médiocrité de mon parcours universitaire qui s’est malgré tout achevé en apothéose avec une étude sur la culture du pin maritime dans les Landes qui m’a valu une note stratosphérique, et même géostationnaire. J’aime tellement cette période de l’année, c’est celle que je préfère je crois mais elle n’a d’intérêt que lorsque ces moments sont partagés donc si ça vous dit de passer un aprèm en terrasse à Bordeaux un de ces quatre, 

Bref. Si je parle de tout ça c’est d’abord parce que j’ai besoin de raconter ma vie c’est bon pour mon équilibre mental. C’est aussi parce que ce nouveau disque de All The Saints, c’est exactement le genre de truc qu’il me faut dans des moments pareil. Parce que c’est ponctuellement épique, que ça retourne le cerveau à l’occasion, que c’est survolté, que le son de guitare fait crrrrrrrrrrr ou brrrrrrrrrrrrr, c’est dingue j’ai presque l’impression de voir des pigeons se dandiner sur la terrasse imaginaire que je me projette mentalement. (La cafet à Pessac en face de la fac ; le chabi à Bordeaux). Le disque commence très fort avec un morceau plus puissant que ce qu’ils faisaient sur leur premier album, un truc assez primitif sur une seule note qui se balade entre deux octaves et une batterie autiste qui martèle et martèle et martèle. Le chant contraste avec le côté préhistorique de la musique, il est complètement défoncé comme un gars qui aurait enchainé deux ou trois joints de beu hollandaise bien corsée, oui un peu comme le chanteur de Dead Meadow qui doit aussi être un gros fumeur de joints étant donné la longueur de ses solos. Bref ce premier morceau c’est un morceau double couche, lourdeur et légèreté, parfaitement équilibré comme les meilleures pâtisseries, les frites, les ours en guimauve et chocolat. C’est vachement plus noise que le premier album je dois dire qui pourtant était sorti sur Touch And Go. Plus précis j’ai l’impression, mais c’est normal, c’est leur deuxième album. Le premier était déjà génial, pour moi un des meilleurs disques de rock de ces dernières années, à la fois drogué et couillu, puissant et carré, et j’ai jamais compris pourquoi ils n’avaient pas cartonné, c’est peut-être dû au fait que leur label s’est cassé la gueule je sais pas, mais j’ai ressenti ça comme une injustice quand on voit le nombre de groupes merdiques qui remplissent des salles immenses alors qu’ils ne doivent leur succès qu’à un martelage abrutissant sur les ondes. C’est triste. 

Le second morceau est cool aussi, surtout cette ligne de chant qui me rappelle furieusement un vieux truc de Janes Addiction. Il y a un esprit un peu dub dans cette basse qui hoquette, la batterie s’excite comme elle peut sur un rythme bien rempli, où tous les vides ou presque sont comblés par un poum, un tchak, un chii chii ou un chhhhhh. La guitare est magnifique, elle a un son magnique, elle s’étale de gauche à droite en envoyant des ondes de réverbération qui ondulent parfois grâce à un superbe chorus multicolore. Mais encore une fois, ça reste vachement plus noise qu’autrefois, des petits larsen, des distortions tranchantes, plein de bruits, ça grouille de sons c’est coolos. Et puis je ne vous ai pas tout dit, oui j’entretiens un peu le suspence, mais à la fin du morceau les gars enclenchent la vitesse supérieure et balancent un refrain (oui, un refrain, une sorte de refrain unique quoi) qui se détache bien du reste à cause d’un changement de tonalité (ce que j’aime pas trop d’habitude) et qui rend amnésique oui il est tellement fort émotionellement il prend aux tripes il élève il donne le sourire il donne envie de tout plaquer pour partir faire du skate board torse nu en californie ou à la rigueur du surf à Lacanau chose que je n’ai jamais faite par contre je sais faire du yoyo comme un pro. Bref c’est dingue et voilà c’est exactement de cette sensation que je parlais tout à l’heure la liberté quoi la liberté qui circule dans l’air grâce à des variations de la pression atmosphérique et c’est converti en signal électrique dans nos oreilles ça va jusqu’au cerveau où c’est analysé et là ça provoque des sécrétions de sérotonine et d’endorphines et résultat on se sent libre et avec des fourmis dans les jambes c’est fort quand même. De quoi presque se dire que Dieu avait un Plan sauf que non, il n’y a pas de Dieu enfin je crois pas en tout cas une fois j’y ai cru mais je me suis rendu compte que c’était juste mon inconscient qui tentait de s’émanciper mais on a causé un peu ça a duré quelques heures et on a fini par se faire un gros calin et maintenant on s’entend bien à nouveau même si toute ma vie je devrai rester sur mes gardes. 

Bon les morceaux suivants sont du même tonneau. Le troisième s’appelle Alteration et il est top funky. La batterie roulllle comme un sample des Chemical Brothers, la basse bien fuzzy trace une autoroute et par dessus le chanteur fait son malin hé c’est presque une musique pour une vidéo de surf ou de skate, de surf plutôt grâce à une guitare qui twangue bien à un moment, ce qui rappelle vaguement Dick Dale et tous ces trucs. C’est bien groovy et ça monte et ça descend comme des montagnes russes, sans le mal d’estomac grâce à un son NOISE très confortable très ample comme un matelas une sécurité on sent qu’il ne peut rien nous arriver de mal (pas de larsens dégueus qui sont mal aux oreilles, surtout). 

La chanson suivante est courte et bizarre. C’est une sorte de ballade folk noise d’une minute et seize secondes avec pas mal de bruits d’ambiance agressifs. On se croirait chez animal collective à la grande époque!! C’est dommage que je capte rien aux paroles mais évidemment c’est fait exprès. Quand il y a autant d’effet sur la voix du chanteur, c’est qu’il veut pas qu’on comprenne ses textes! Bon j’exagère peut-être un peu, c’est moi aussi qui ai des progrès à faire pour comprendre les paroles des chansons. Je suis pas nul en anglais, mais bon. 

La chanson suivante a un léger parfum d’AUTOLUX, vous savez ce groupe américain de rock noise planant qui rappelle pas mal les groupes indie des années 90. C’est bien ça me plait, le tempo est lent, le chant est un peu moins raide def, un peu plus malicieux, et oui, malicieux ça décrit bien ce morceau. Malicieux cool, si j’étais pas aussi blasé ça m’impressionnerait fortement. Autolux à l’époque ça m’avait impressionné. Je trouvais ça tellement cool, je les imaginais avec des cheveux longs en bataille, des jeans troués, des fringues trop cools, faisant la gueule, jamais un sourire, et tellement beaux, des anges rescapés du grunge, sophistiqués, je m’en foutistes mais doués… En fait j’en sais rien comment ils sont, je me plante certainement. All The Saints c’est pareil, j’ai pas la moindre idée de ce à quoi ils ressemblent. Je les imagine pas comme Autolux, un peu moins cools, enfin, moins poseurs, moins “mode”. Plus accessibles, peut-être un peu plus marrant même si l’humour c’est pas exactement la première chose à laquelle on pense quand on écoute leur musique. Certainement moins blasés par le monde qui les entoure. Heureux de faire de la musique, et reconnaissants envers celui qui décide de les avoir permis de sortir des disques malgré toutes les embûches que ça suppose -et on peut dire qu’ils ont été servis. Un groupe surdoué mais humble. Comme tous les meilleurs. Je kiffe. 

Ensuite on a un truc efficace composé d’un mur de guitares et d’un rythme de batterie rebondissant. La basse et très bizarre très aigue et fait tattatatatatatat très rapidement et…. refrainn raleeennntiiii et aquatique avec un esprit vaguement The Verve les Verve du premier album mon préféré le plus fun le plus jouissif le plus drogué le plus beau ettt…. Hop les rebonds reprennent la basse étouffe tout on a du mal à respirer vraiment c’est un écran soulant j<diopsghjpodhg ralentissement et les paroles du refrain sont faciles !! “E I O” facile oui. Quel morceau étrange. Vraiment bien. 

Preachy ensuite. Ca doit être une histoire de curés. HUM ou de mec qui se prend pour un curé, peut-être parce qu’il a pris des drogues. C’est un morceau de rock au rythme soutenu et de facture (hoho je me prends pour un journaliste pro) assez classique tous les canons sont respectés mais c’est tellement bien fait que c’est hallucinant. Cette maitrise rythmique, mélodique, est incroyable. Dans le genre rock noisy énergique ça enterre largement les Disappears là les pauvres ils sont mis KO mais je reconnais que c’est pas exactement la même chose. Enfin n’empêche que par rapport à cet album, celui de Disappears semble être l’oeuvre de médiocres tâcherons! Des ouvriers du rock qui débitent à la chaine des morceau sans imagination! Bref. Preachy, c’est la classe. Et ce qui est encore plus classe, c’est que ce morceau, peut-être le plus classique de l’album, est enchainé avec une chose qui s’appelle Dangerflowers, et qui aurait très bien pu figurer sur Pop Tatari, l’album Heavy Funky Quatrième Dimension des Boredoms. Ou comment danser en hurlant à s’en arracher les tripes autour d’un brasero sous un pont dans un quartier glauque d’une mégalopole des années 80 avec des copains clochards et un ou deux extra terrestres déguisés en clochards. Sans aucune raison, juste pour le plaisir de danser. Pourquoi avoir enchainé ces deux morceaux? Peut-être parce qu’ils avaient conscience d’avoir atteint un pic de normalité avec le morceau précédent, Dangerflowers joue alors le rôle de purge, de vidange, on remet les compteurs à zéro, et c’est bien. La question c’est : est-ce qu’ils font ça pour eux, ou pour nous? Est-ce qu’ils ont peur qu’on les prenne pour des rockeurs moyens normaux chiants, ou est-ce que c’est par pure considération artistique, parce que l’équilibre général de ce disque exige de manière impérieuse un morceau complètement barré après un morceau socialement respectable? Je sais pas. Un peu des deux sûrement. De toute façon quand on enregistre un album c’est pour le faire écouter donc c’est qu’on se soucie un peu de ce que les gens vont penser. Sinon ils avaient qu’à garder les enregistrements pour eux et les écouter tous ensemble le soir en rentrant du boulot dans leur salon en bois américain avec des ours empaillés, une cheminée et des tapis moelleux. 

L’interlude de la planète qfnqodu n’aura pas duré longtemps. Le morceau suivant a donné son nom à l’album. Il dégage quelque chose que j’ai du mal à décrire. La section rythmique est une fois de plus impeccable, réalisant l’exploit d’être à la fois ronde et carrée, si vous voyez ce que je veux dire, mais le reste du spectre est occupé par des choses complètement désincarnées, des fois absentes, des arpèges de guitare qui s’effacent, c’est du funk pour les fantômes au ralenti, un slow d’Halloween, qui se mue en déluge dramatique de voix assorties, les chutes du Niagara un soir d’automne, une sensation bizarre ni triste ni joyeuse putain les mecs c’est tout bonnement hallucinant de quoi me rendre complètement dingue j’ai l’impression de faire partie de l’équipe qui a découvert la pierre de Rosette. Qu’est ce que c’est que ce truc??? J’ai besoin de champignons là vite. J’ai besoin de décrypter cette chanson ça va prendre le temps qu’il faudra mais je fais le serment qu’un jour je comprendrai et je communiquerai mes résultats à toutes les revues intéressées. 

Bon. C’est dur d’enchainer. Eux aussi visiblement ils ont eu un peu de mal ; le truc qui suit est une jamouille à la guitare électrique en son clair, c’est anecdotique, insignifiant, mais je suis persuadé que ça a une signification. De toute façon c’est tellement court que c’est pas gênant c’est pas ça qui va faire baisser la qualité du disque au contraire. Le VRAI morceau suivant donc, s’apelle Now Boy, c’est le genre de truc qui va à la vitesse de la lumière mais qui en même temps reste aussi cool que Lenny le collègue de Homer dans les Simpsons (le mec le plus cool de la série avec Bart). Ca va vraiment à fond la caisse on se croirait dans le Faucon après que Chewie a réparé l’hyper espace. C’est un morceau très court c’est dommage j’aurais aimé m’en imprégner un peu plus mais il suffit de mettre sur repeat… La section basse batterie décidément ultra chanmax, et les sons de guitare tout simplement impressionnants. En tant que guitariste, je suis sur le cul. Mais qui a produit ce petit chef d’oeuvre??? Je sais que l’album précédent, c’était Ben Allen, qui a aussi fait le dernier album d’Animal Collective et du rap. Celui là par contre, mh, je le mettrai dans les notes à la fin et je lui enverrai un email de remerciement rempli de points d’exclamation et d’images de fleur*. 

L’avant dernier morceau est assez rapide aussi, il trace trace trace la batterie fait plein de clics coups de baguettes rimshots etc des cliquetis comme un mille pattes qui grimpe à un arbre pour chercher de la lumière au sommet. Je me rends compte que ce groupe a fait sauter toutes mes baricades, je me retrouve sans défense, incapable de quelque critique que ce soit. C’est déstabilisant parce que j’ai plus trop l’habitude de découvrir des disques aussi bons. Est-ce qu’il est vraiment aussi bien que ça ou est-ce que c’est moi qui ai un problème, est-ce que le Soleil m’a hypnotisé ou saoulé, à moins que ce soit le thé ou la barre de Kinder?? Ce morceau par exemple, je le trouve cool, mais un peu inachevé comme le précédent, trop court, il manque peut-être un truc, un de ces refrains monstrueux comme ils savent en faire… Mais non. Je m’en fous. Oui vous entendez, j’en ai rien à secouer, je ne dirai pas de mal de ce disque je l’aime il est parfait voilà. 

Bon le dernier morceau. Le chanteur n’a jamais autant chanté comme celui de Dead Meadow, comme si ils avaient fumé des joints ensemble un après midi et qu’en faisant une soufflette les techniques de chant de l’un sont passées à l’autre. C’est un morceau qui pue la beu, qui est totalement imprégné de THC à tel point que mes enceintes recrachent de la fumée. Il s’appelle Zompire, ce qui est totalement cool mais qui sent la discussion de drogué à trois kilomètres. Hé mec, tu t’es jamais demandé ce qu’ils deviennent les vampires qui se font mordre par un zombie?? Ils sont déjà morts, alors ça leur fait rien, ou alors ils se transforment eux aussi en zombies? Et si oui, est-ce qu’ils sont aussi zombies quand ils se transforment chauve souris? T’imagine la gueule d’une chauve souris zombie? Déjà que c’est vachement moche une chauve souris hahaha (rire de drogué). Dans ce cas comment il faudrait les appeler? Des vampires zombies, ou des zombies vampires? Ou des Zompires! Putain excellent mec, des Zompires, c’est trop trippant comme nom, c’est comme si on avait collé deux mots avec de la super glu et maintenant on peut plus les détacher. Oh putain merde tu te rends compte ce qu’on a fait? On a collé zombie et vampire avec de la super glu on pourra jamais les détacher. Merde. On a flingué deux mots. On va se faire défoncer! Ouai remarque c’est vrai qu’on est déjà défoncés hahaha (rire de drogués). Putain j’ai faim t’aurais pas un truc à bouffer genre des chips ou des knaky ou une grande casserole de riz? 

Vous voyez le truc. Bref. Vous l’aurez compris ce disque fait une rentrée fracassante dans mon top 10 de l’an de disgrâce 2012 et vient se loger directement à la première place sans faire dans la dentelle. L’impact est tellement fort qu’il a par la même occasion décanillé les numéro deux trois quatre cinq six sept huit neuf et dix ce qui fait qu’au premier mars 2012 voici mon top 10 : 

1 All The Saints – Intro To Fractions

2 All The Saints – Intro To Fractions

3 All The Saints – Intro To Fractions

4 All The Saints – Intro To Fractions

5 All The Saints – Intro To Fractions

6 All The Saints – Intro To Fractions

7 All The Saints – Intro To Fractions

8 All The Saints – Intro To Fractions

9 All The Saints – Intro To Fractions

10 All The Saints – Intro To Fractions

Voilà si ça pouvait vous donner envie de l’écouter je me serai pas levé pour rien ce matin. En espérant vous revoir bientôt sur ce blogue, je vous dis ciao à plus. 

* Il s’agit de Cyrus Shahmir et de Mike Wright, et voila.