Bon on va parler de rock un peu ça tombe bien deux de mes nouveaux groupes de rock préférés sortent des disques en ce début d’année. Je commence par Disappears. Eux je les avais découverts sur le génial podcast de Brainwashed, un site musical de news/critiques qui héberge aussi des sites de groupes et celui de Kranky. Et donc dans le podcast, pas mal de trucs Kranky, pas mal de Current 93/NWW/Coil/Death in June et compagnie, et de manière générale, de la musique sérieuse de qualité.
Bref. L’album commence avec une chanson qui s’appelle Replicate. C’est tendu et fuzzy et sérieux. De la musique très sérieuse. On dirait qu’ils ont fait un effort au niveau de la production, ça sonne plus gros que les précédents j’ai l’impression.
OH. Voilà, le morceau suivant s’appelle Pre Language. C’est incroyable, enfin pas tout à fait, disons que c’est modérément croyable, on se croirait dans un album de post punk des années 80, je sais pas lequel, mais disons XTC ou Echo et les bunnymen. C’est une chanson très courte avec encore le même chant de Thurston Moore autiste, mais la musique est vraiment différente de leurs autres morceaux c’est bien. Les années 80, ça fait rêver aujourd’hui, et en tout cas moi ça me plait bien. J’adore la musique de Drive, dans un autre style. Je suis un vrai gogo, quand on me propose de la nostalgie facile, je marche à fond.
Ensuite on a Hibernation Sickness. Bon je me rends compte que ce disque me fait beaucoup penser à Sonic Youth et c’est pas uniquement parce que le batteur s’appelle Steve Shelley. Non c’est un tout, la batterie ouai mais le chant aussi, l’esprit général des chansons aussi, c’est le Sonic Youth des 90’s/00’s, le Sonic Youth adulte et sérieux que j’aime pas trop trop. C’est pas de la musique rigolote. On imagine plus des musiciens en chemise unie bleue ou rose qu’en perfecto. Des pères de famille. C’est pas pour ça que c’est nul, non. Mais j’aime moins. D’ailleurs je vous ai pas dit, mais je les ai vus en concert, et passée l’excitation des premiers morceau et la joie de retrouver Steve Shelley dans une toute petite salle, je me suis vite surpris à bailler. J’avais un peu de mal à distinguer les morceaux, la faute surtout au chanteur qui n’est pas très expressif, il chante de manière très monotone, c’est même pas chanté en fait, c’est parlé/crié, et toujours pareil, comme ces animateurs de foire ultra blasés qui font ça depuis des dizaines d’année et qui parlent certainement de la même manière lorsqu’ils rentrent à leur caravane le soir. J’ai pas passé un mauvais moment, mais je n’ai pas été mécontent quand ils se sont arrêtés de jouer. Alors qu’à peu près à la même époque les Crocodiles sont passés dans la même salle et c’était tout l’inverse, des jeunes foufous électrifiés qui donneraient l’impression qu’ils vont égorger la voisine et se faire une ligne de coke sur ses fesses avant de vomir partout dans son salon des années 70. C’est ça que j’aime moi, et de plus en plus. C’est une histoire de cohérence et de jusqu’au-boutisme. Les groupes comme Slowdive font leur truc mou et aérien, et j’ai rien contre parce que ça fait de la très belle musique, c’est parfait. Mais quand on joue du rock plus énergique, il faut y aller à fond quoi. Le rock, moins que n’importe quel autre genre de musique, ne tolère l’entre deux. Ou pour reprendre l’expression de Didier Wampas : LE ROCK C’EST TOUT À FOND.
Et le morceau suivant qui s’appelle Minor Patterns ne va pas me faire changer d’avis. C’est le morceau calme, c’est le morceau des voleurs qui pénètrent dans un musée hyper sécurisé, cette chanson pourrait être utilisée dans un film de cambrioleurs, pas Maman j’ai raté l’avion mais par exemple un film qui raconterait l’histoire d’un groupe de jeunes gens hyper cool qui gagnent leur vie en restituant aux peuples du monde entier les oeuvres d’art premier qui leur ont été dérobées par des explorateurs occidentaux au cours du XIXe siècle. Ils s’introduiraient dans les musées la nuit pour faire leurs courses et avec l’argent récupéré ils achèteraient des voitures de collection style vieilles jaguar, porsche, cadillac… Et de la drogue, parce que bon, si ils sont trop sympas c’est pas marrant, il faut qu’ils choquent le bourgeois. Donc la drogue, la sexualité ambigüe et ouai bon j’arrête.
C’est dingue comme ce disque est moins jouissif que leurs précédents. Le premier en particulier m’avait assez impressionné il était beaucoup plus punk ; à l’époque j’aurais encore pu imaginer que c’était une bande de voyous en perfecto ayant parfois des ennuis avec les forces de l’ordre et qui se droguent. C’est plus possible aujourd’hui, cette musique est tellement contenue, maitrisée, subtile, c’est toujours du rock efficace, mais aujourd’hui leur énergie est parfaitement canalisée, elle ne déborde pas, elle ne bave pas, même le son des guitares est plus clair et plus tranchant. C’est beaucoup plus saccadé aussi, la basse joue souvent des motifs discontinus, avec des silences rythmés, c’est presque funky parfois comme sur le morceau que j’écoute en ce moment, Joa, qui ferait presque danser tiens. Je retrouve encore l’esprit infiltration et/ou espionnage, c’est marrant je me demande si ils ont pensé à ça quand ils ont écrit ces morceaux. En fait, les films d’espionnage ça me fatigue, j’aime pas les espions, ni les agents secrets, et je trouve James Bond chiant à mourir. Par contre j’aime bien les musiques de James Bond. Bref.
Cette batterie est montée sur une pile atomique, je l’avais remarqué déjà au concert l’année dernière. Steve Shelley n’est pas (plus?) très punk, mais il a une énergie qui force le respect. Une fois qu’il est parti on ne l’arrête plus, et il cogne, c’est le moins qu’on puisse dire, il cogne et cogne et cogne et n’a pas peur de jouer la même chose pendant plusieurs minutes. C’est bien. J’apprécie. On peut lui reprocher sa trop grande régularité/précision, le son trop parfaitement testostérone de ses gros tambours, mais hé, le gars a 50 balais passés, il joue dans des groupes depuis trente ans au moins voire plus, on va quand même pas lui reprocher d’avoir de l’expérience non plus, on va pas lui reprocher d’avoir 50 ans. Surtout que bon, il est expérimenté mais son jeu transpire l’humilité, il est simple, et efficace. Il s’intègre parfaitement au groupe, c’est le batteur rêvé, quoique j’aimais bien aussi celui du premier album. Enfin voilà. L’avant dernière chanson s’appelle Love Drug et c’est encore le même genre de post punk fuzzy et répétitif. Le morceau est construit sur un riff composé d’une note jouée sur deux octaves, la basse brode autour une ligne assez classique du style Disappears, et le chant et la deuxième guitare s’amusent en contrepoint ; le truc notable c’est cette montée furieuse à la fin qui s’arrête net ou presque. C’est assez hypnotique. Et ça s’enchaine avec un autre morceau de post punk fuzzy répétitif avec un côté psychédélique forcément. C’est les wah wah qui font ça. C’est un peu débile de dire qu’un groupe joue de la musique psychédélique uniquement parce qu’il y a de la wah sur les grattes, mais bon, c’est une convention, c’est comme ça. Il y a aussi pas mal de tremolo sur ce disque, ça rappelle un peu les Spacemen 3. D’ailleurs j’imagine que ça fait partie de leurs influences, de toute façon tous les groupes de rock aujourd’hui sont influencés par les Spacemen 3, ça commence à être relou.
Bref. C’est pas un mauvais disque. C’est même assez bon si on prend en considération la qualité globale des disques rock d’aujourd’hui que je pourrais résumer en une expression : “au secours”. C’est un peu trop sage pour moi. Ou plutôt, un peu trop sérieux. La prochaine fois je parlerai d’un autre disque de rock, celui de All The Saints, et vous verrez, ça sera vachement mieux.