C’est le soir et le soir on écoute de la musique bizarre. Aujourd’hui, Philippe Petit. Dans le genre bizarre, on peut dire que ça l’est pas qu’un peu. Ca commence comme une musique de ballet, imaginez par exemple Casse Noisette ou une autre merde du style, mais passée à la rape à fromage rouillée, une rape à fromage pour robot, avec tout un tas de composants électroniques, on sait pas trop à quoi ils servent, mais ils sont là et ils marchent plus, ça fait crrrrzzzzzz zouip frrrrr le son est rouillé. Ensuite, il y a des trompettes, des cordes réelles/virtuelles des choses qui bougent lentement, mystérieuses et menaçantes. De la musique flangée dramatique d’où ressortent quelques harmoniques savamment choisies et une batterie de concert de Sunn o))) du STADIUM FREE JAZZ du free jazz pas vraiment free mais pas vraiment jazz non plus cette musique c’est rien et c’est tout en même temps c’est les Chorégies d’Orange et une cave bien glauque le Grand Théâtre de Bordeaux et un musée d’art contemporain et une cave black metal. Le gars hésite entre un accord majeur et un accord mineur pendant super longtemps c’est vraiment chelou on dirait moi quand j’avais 7 ans et que j’essayais de jouer de mon synthé casio. Musique bizarre je vous disais, pas qu’un peu mon neveu, il y a de quoi vider un dancefloor surchauffé à une heure du mat un samedi soir (ou dimanche matin). De quoi se faire traiter de zinzin par ses copines qui écoutent Korn et Miossec. Mais t’as rien compris coconne, c’est de la musique qui raconte une histoire désserre les fesses et laisse ton esprit embrasser la musique tu vas voir en plus ça fait du bien et c’est comme partir en week end à Varsovie. Le morceau suivant s’appelle Firewalking in your night. Ouai, un petit côté Twin Peaks d’ailleurs ces nappes de cordes on dirait pas mal Badalamenti mais en plus électronique rouillé jeune. Mais tout aussi mystérieux. C’est de la musique de forêt, une forêt dans le brouillard, une forêt qui se réveille, au petit matin, caressée doucement par les premiers rayons de Soleil qui font chanter les oiseaux et grogner les sangliers. C’est de la musique d’enlèvement extraterrestre au milieu d’une forêt de conifères du nord des Etats Unis et fuck encore cet accord qui hésite mineur majeur mineur majeur mineur majeur faut savoir. Puis il s’arrête pour laisser le sax se dérouiller un peu. Bon je sais pas si c’est un sax en tout cas c’est un truc dans lequel on souffle et qui fait un peu volaille, canard ou oie. Canard plutôt, c’est logique parce que souvent dans les forêts de conifères nord américaines il y a des clairières avec un petit étang et des canard et deux ou trois soucoupes volantes échouées qui ne demandent qu’à être remontées à la surface puis démontées analysées dépecées décortiquées. Ca s’est réellement passé plus d’une fois c’est moi qui vous le dis. MAJEUR MINEUR MAJEUR MINEUR MAJEUR MINEUR MAJEUR MINEUR COINCOIN MAJEUR. Donc le gars s’est fait enlever pendant la nuit au milieu de la forêt alors qu’il pensait y être à l’abri, il s’est fait aspirer le cul par des sondes anales dernier cri extraterrestres parce que c’est bien connu les extra terrestres sont tous des obsédés du cul et puis bam relâché au petit matin après avoir fait le tour de la galaxie en contrevenant scandaleusement à la théorie de la relativité. Vingt kilomètres heure au dessus de la vitesse de la lumière! Scandaleux! Oui pas de quoi faire le tour de la galaxie en une nuit sauf si on connait des raccourcis ou mieux quand on a CONSTRUIT des raccourcis. MINEUR MAJEUR HARMONIQUES FLANGER et un compresseur un peu balourd non mais ce gars a jamais appris les bases de l’enregistrement sur ordinateur ou quoi tant pis c’est pas grave mais c’est encore plus baveux que sur Skyrock. Douze minutes plus tard le gars est éjecté de la soucoupe et gît inanimé sur l’humus confortable de cette colonie de végétaux ligneux nobles et immobiles qui ma foi ont l’air bien moins inquiétants une fois le Soleil levé, comme si le Soleil rendait les choses et les plantes plus gentilles comme si le Soleil inspirait crainte respect et bienveillance. Le Soleil, voilà le seul dieu que les hommes devraient adorer, c’est lui qui nous a créés et qui nous maintient en vie c’est de lui que dépendent en dernier ressort les choses qui marchent poussent croissent végètent à la surface de cette putain de boule bleue et verte et jaune et marron qui fonce à toute allure dans le vide du cosmos. Le gars est étendu par terre, endormi, tandis que la nature s’éveille et s’apprete à répéter les mêmes automatismes pour la trois cent milliardième fois au moins. La chanson suivante voit l’apparition d’un petit vibraphone mignon et de la voix humaine typiquement conservatoire/musique savante contemporaine dans son utilisation des onomatopées, sons de gorges, gémissements c’est le genre de truc qui m’exaspère d’habitude mais dans un contexte Lynchien et Sylvestre ça passe et puis ça ne dure pas longtemps. Ah mais si ça repart. C’est comme si une femme avait un orgasme à l’heure de sa mort. PTPTPTPTPTTPTPPTPTPTPTPPP Mitraillette à gauche ! PTPTPTPTPPT Mitraillette à droite!!!! Et toujours cet accord majeur mineur majeur mineur majeur mineur plein d’épines ou de rayons un peu comme un Soleil anorexique chétif frippé en train de se dégonfler le Soleil qui brillera timidement dans 10 ou 15 milliards d’années c’est pas ça? Non j’y connais pas grand chose mais bref. Ça continue toujours autour de cet accord aneurexique rayonnant, tout une vie s’organise faite de percussions gelées // de cordes martelées // de tambours du bronx de chambre // d’électroacoustiqueries lynchiennes et brumeuses // de basses des profondeurs // de sonars // de harpes et de ARPS ahah jeu de mot drôle vous connaissez pas le ARP 2600 le synthé semi modulaire d’Eliane Radigue le truc que je rêverais d’avoir, gros comme une armoire presque avec des boutons partout des potards dans tous les sens le rêve quoi. Ca commence à devenir un peu inquiétant cette accord indécis majeur mineur qui traverse tout le disque comme un personnage de film qui serait présent à chaque plan, caché dans un coin, dans le fond, un personnage qui fait peur, une ombre, un fantôme, ou une soucoupe volante dans le ciel, comme dans Rencontres du Troisième Type, le meilleur film d’extraterrestres de tous les temps, avec ses plans démentiels où le ciel prend les trois quarts de l’écran, le ciel nocturne sans nuage, avec ses étoiles qui scintillent et ses soucoupes volantes qui fendent la toile lentement c’est fascinant et terrifiant. DIE YOUR LEMON PARADISE nous propose le dernier morceau qui prend modérément des airs de grand finale disons qu’il est un peu plus symphonique pompier que les autres avec ses cymbales d’orchestre ses sections de cordes imposantes ses tambours et toujours la soucoupe majeur/mineur/majeur/mineur pointue anorexique qui rayonne et découpe découpe découpe. TROMPETTES EEEEEETTT fini.
Oh mince je me suis trompé c’était pas la fin. Même si ça en avait l’air. “But she is not for you to eat”. Des synthés lofi de film d’horreur des années 80 comme d’habitude, divers craquements, des râles inquiétants mais masculins cette fois et un peu plus magie noire que la fille. Notre soucoupe traverse encore l’écran mais cette fois le paysage est tellement incongru qu’elle se fait à peine remarquer. C’est un paysage nocturne désertique et démesuré un désert de pierre, des roches qui se sont cristalisées très lentement en donnant des formes bizarres, une forêt de cristaux biscornus géants. C’est pas très terriens tout ça dites moi on serait pas ailleurs dans le système solaire sur la lune ou sur mars par exemple?
Ah mais si c’était la fin hoho je viens de me rendre compte que j’avais enclenché le mode aléatoire. Bah on s’en fout hein? Mh. C’est pas très professionnel tout ça c’est vrai, mais si vous voulez du professionnel vous avez qu’à acheter Rock et Folk vous m’en direz des nouvelles. Bon ce disque était hyper cool et c’est tout à plus les nuls.