Runawei – Abduction (2012)

C’est toujours le soir et c’est donc encore l’heure d’écouter de la musique bizarre. Après la musique classique de soucoupes volantes de Philippe Petit j’avais envie de continuer dans le genre et je crois que ça va être le cas avec cette cassette de Runawei que je n’ai pas encore écoutée et qui s’appelle Abduction. Oui comme dans un épisode de X Files. La cassette commence avec des ondes synthétiques assez simples qui oscillent leeeeetemennt le filtre fait wahahahahahhahahahahah à 0,5 kilomètres heures il y a peu de basses et par moments une baleine de l’espace appelle au secours ou appelle ses petits. Cette musique évoque vachement l’espace parce qu’elle est assez vide et qu’elle suggère en même temps une échelle incompatible avec ce qui existe sur terre ou alors dans un désert immense fait de roches bien lisses mais les baleines de l’espace ne vivent pas dans les déserts de roches lisses. Bref encore une cassette de synthé cosmique minimaliste au son un peu pointu. Il y en a des millions mais je trouve que celle ci, pour l’instant en tout cas, est assez bien foutue. On se croirait vraiment dans le cosmos, flottant dans notre combinaison spatiale orange librement et ce pour toujours. L’odyssée de l’espace mais avec des baleines spatiales. Ah à 8 minutes arrive enfin un bon gros son de basse sur lequel les synthés peuvent venir rebondir et faire ouin ouin ouin ouin ouin ouin c’est un tapis moelleux pour les oreilles exactement ce qu’il me fallait et en plus d’être confortable il est assez intéressant à écouter lui aussi oscille mais de manière beaucoup plus subtile juste en surface des petites vaguelettes mais c’est pas fini mutation! et la basse tapis n’est plus une basse moelleuse c’est un son grave et tranchant sciant giroscopique une hélice qui décapite tout si bien qu’il ne reste plus qu’elle. Elle s’ennuie un peu ; du coup elle se coupe la tête elle même et c’est la fin.

Deuxième morceau. Le moins qu’on puisse dire c’est que ça ressemble pas à Katy Perry. C’est bien, c’est pas bien, je saurais pas dire, disons que c’est différent. Ce morceau est plus court et il PULSE là où l’autre rayonnait de manière plus ou moins continue. C’est un pulsar. Un PULSAR un phare cosmique placé à un endroit stratégique une zone de turbulences où la moindre erreur de navigation peut vous valoir un plongeon fatal dans le coeur d’un trou noir et rideau. Pas de basse comme quoi les basses c’est puissant mais ça se propage mal dans l’espace hoho mais non le son ne se propage pas dans le vide je sais mais c’est une METAPHORE n’empêche que tout à l’heure sur youtube il y avait une vidéo nommée “the sound of the sun” et ce titre a titillé mon imagination sauf qu’évidemment c’était une grosse arnaque.

Nous voici déjà sur la deuxième face qui pulse et envoie des jets de matière dans l’espace des éruptions solaires et vous remarquerez si vous écoutez cette cassette que dans l’espace il y a beaucoup de réverbération. Ca peut vous sembler bizarre mais c’est parce que vous ne pensez pas en quatre dimensions. Sinon ça serait logique pour vous aussi. Quoi qu’il en soit voici une musique purement synthétique qui évoque à la perfection tout un tas de corps célestes plus ou moins gros, plus ou moins solides, et la danse qu’ils exécutent malgré eux parce qu’ils sont comme tout le monde esclaves des lois de la physique ce qui n’est pas vraiment marrant mais c’est comme ça on peut vouloir changer tout ce qu’on veut mais même Karl Marx s’est toujours incliné face aux lois de la physique même Alexandre Le Grand il n’y a guère qu’Adolph Hitler qui a désespérément tenté de communiquer avec des esprits de lémuriens du centre de la Terre mais vous voyez comment il a fini. Ouch. Il l’avait bien mérité, oui. Bon sinon à sept minutes on entre dans une nébuleuse marrante dont certaines régions plus denses que les autres forment des filaments qui dessinent des choses, des motifs organiques comme si une nébuleuse était un être vivant de plusieurs milliers d’années lumières de long. Au centre il y a une partie solide et très chaude bouillante et agitée on se croirait au fond des océans primitifs comme si le grand Destin se rejouait à une autre échelle quelque part dans l’Univers. Des jets de vapeur, une source de chaleur, des petites choses qui grouillent tout autour, et on se sent tout petit, on n’existe pas, dissolution de l’ego, on oublie tout, forcément. Que peut un petit paté d’atomes de carbone et d’hydrogène et d’oxygène d’environ un mètre quatre vingt face à une bestiole de plusieurs années lumières de long qui tente d’avaler une autre bestiole de taille comparable pour assurer sa survie. On est tellement petits qu’on est incapable de comprendre qu’on n’est pas les seules formes de vie dans l’univers. C’est ouf. Et un peu triste. Solitude, soumission aux lois de la physique, cette cassette est assez nihiliste, et donc parfaite pour accompagner un voyage intérieur de qualité. Je recommande! Et je vous dis aussi bonne nuit et à plus.