Felicia Atkinson – On Being Kind To Horses (2012)

<a href=“http://feliciaatkinson.bandcamp.com/album/on-being-kind-to-horses-cd-fluid-audio” data-mce-href=“http://feliciaatkinson.bandcamp.com/album/on-being-kind-to-horses-cd-fluid-audio”>On Being Kind to Horses cd (Fluid Audio) by Félicia Atkinson</a>

Salut c’est le soir et le soir j’aime bien parler de musiques d’ambiance qui font dormir. Aujourd’hui au programme, un disque court de Felicia Atkinson. Elle est française il me semble, ou en tout cas elle est née à Paris ce qui n’est pas la même chose. Mais après tout, on s’en fout.

C’est un empilage de violons et autres trucs à cordes. Mais dans un hall d’aéroport assez grand. Ils ne jouent pas tous la même note et les musiciens ne sont pas paralysés de la main gauche. Mais l’accord créé par cet orchestre qui n’a certainement jamais existé est trop exotique pour qu’on lui donne un nom. La meilleure chose à faire est de visualiser cette masse sonore mouvante comme un Chtulu pas trop méchant qui ramperait dans les couloirs d’un spatioport en laissant derrière lui une longue trainée de bave fluorescente. Est-ce que c’est triste? Non. Est-ce que c’est joyeux? Non plus. C’est juste là et c’est comme le beau temps ou la neige, objectivement il est impossible d’y associer une émotion particulière mais, pour la plupart des gens, c’est agréable. On se sent bien. En ce qui concerne cette musique, il faut quand même faire preuve d’une certaine ouverture d’esprit. C’est l’époque qui veut ça. Écouter la musique avec une oreille vierge, c’est illusoire mais en travaillant un peu on peut s’en approcher. On se rend compte des progrès que l’on fait lorsqu’on découvre qu’on est capable d’écouter des choses qui nous étaient insupportables auparavant. C’est le signe que nos préjugés, nos grilles d’interprétation, nos filtres, nos voiles… commencent à faiblir. Et ce que l’on trouve alors, derrière ces multiples couches de brouillard imputables aussi bien à la société qu’à nous mêmes, c’est de l’étrangeté, de l’exotisme, du dépaysement, et un miroir, parce qu’il faut avoir un contrepoint pour se connaitre soi même, contrepoint que ne permet plus une société vorace qui avale et digère tout ce qui passe sur sa route. Ce disque, c’est deux morceaux d’ambient vaporeux/caverneux qui bourdonne. Une fois de plus, je précise que même si on appelle ça de l’ambient, il vaut mieux se poser et rester bien concentré dessus, et non pas discuter avec ses voisins, jouer au trivial poursuit ou dresser son chien à donner la patte quand on lui dit “donne la papatte”. C’est un disque comme il s’en est fait des centaines, bien fait mais sans rien d’exceptionnel. Il n’empêche qu’il est très précieux parce que ça fait du bien d’écouter des choses nouvelles. On peut pas se mettre sans arrêt les mêmes disques. Et puis, il fait du bien, il repose, il est beau, il fait réfléchir, et cette dernière qualité en fait un objet subversif. Prendre 50 personnes au hasard dans la rue, les enfermer dans une pièce obscure, leur jouer ces deux morceaux de Félicia Atkinson à un volume raisonnablement élevé, puis rouvrir les portes et les laisser tituber, perdus, effrayés par ce premier contact avec un niveau de réalité supérieure dont la négation est l’objet même du contrat social! Quoi de plus punk? Bref. Une bulle de grâce qui flotte au dessus d’un océan de purin. C’est pas la seule, c’est pas la plus grosse ni la plus belle et alors? Elle dérive quand même fièrement au gré des courants et elle dit FUCK. C’est tout à plus bisous.