Dean Blunt – The Narcissist II (2012)

Salut. Vous prenez une moitié de Hype Williams, celle qui a un truc qui pend entre les jambes, vous la séparez de l’autre, vous la trempez dans un bain de chocolat noir avec quelques vhs de Tarantino passées au mixeur et un livre de James Elroy choisi au hasard ; vous laissez mijoter quelques heures puis vous passez une nouvelle fois au mixeur… vous obtenez un truc dégueulasse. Haha. Sinon ce matin j’écoute ce truc de Dean Blunt qui s’appelle The Narcissist II sur Soundcloud. Ca sonne très vieux, comme une vieille bande originale de film d’horreur de la hammer, avec Christopher Lee déguisé en vampire, Peter Cushing en Van Helsing, oui donc un truc de vampire pourquoi vous aimez pas ça? Moi j’adore, je trouve que c’est une très belle métaphore, mais je sais pas encore de quoi. Je crois d’ailleurs que je suis plus ou moins un vampire, mais sans le côté surnaturel, je me nourris de la patience des gens, de leur attention, et, au final, de leur énergie, mais si vous ne voyez pas de quoi je parle, c’est que je n’ai jamais fait de vous ma proie. Quoi qu’il en soit, voici une pièce délicieusement post moderne d’une demi heure qui pourrait tout à fait passer pour une bande originale de film. Il y a de tout, des passages atmosphériques lugubres avec de l’orgue et de la pluie, des chansons hyper smooth et hyper bizarres parfaites pour un film de David Lynch, un remake de Superfly par David Lynch, ou sa version à lui de Jackie Brown, un truc black en tout cas. Le son est pourri, on dirait que c’est enregistré sur mon petit Fostex 4 pistes à cassette. Il y a de l’idée. On comprend en tout cas pourquoi le mec s’appelle Dean Blunt. Encore un de ces trucs qui n’existeraient pas sans la weed, ce merveilleux bienfait de la nature. TOC TOC OPEN THE DOOR OPEN THE DOOR OPEN THE DOOR. Les morceaux sont entrecoupés de dialogues de films. Hi Baby. I just wanna talk, alright? I just wanna talk, I just wanna see your face etc… Ambiance pesante, bruits sourds, flutes, boucles de batteries au ralenti, guitare country, Yeah. On est pas loin d’Ariel Pink, question bizarrerie. Ouai. Remarque, à force de dire que ces mecs, Ariel Pink, Dean Blunt, James Ferraro, pour ne citer que les plus illustres, sont des extra terrestres qui ne ressemblent à rien, on va peut-être finir par se décider à créer une nouvelle catégorie, inventer un nouveau mot du style smokewave ou grasswave ou yahoowave et tout rentrera dans l’ordre. C’est vrai quoi, ça fait peur aux journalistes et au public ces gens qu’on ne peut pas rentrer dans des cases et comme je suis jaloux d’eux, je me fais un malin plaisir de les faire rentrer de force dans un petit enclos où ils seront bien dociles et aisément corruptibles. 

Il y a de très bons passages trop blunt comme par exemple à 18 minutes et quelques. On croirait vraiment entendre une bande originale de blaxploitation, truc de gangster black qui baise sur la banquette arrière avec une tigresse d’ébène pas farouche, l’habitacle rempli de fumée, un feu d’artifice couvrant de ses explosions multicolores les divers bruits de frottement et de succion. Ca se passerait le 20 janvier 1985, les blacks cool fumeurs joint dealers de speed avec coupe afro et veste en tweed hyper ceintrée seraient en voie d’extinction et cette tentative désespérée de perpétuer l’espèce serait le plus bel instant que connaitrait San Francisco cet année là. Retransmis à la télé d’ailleurs (réalisation de David Lynch sortant tout juste de l’éprouvante promo de Dune) et dispo en vhs chez tous les bons revendeurs. Bref. Oh. Vers la fin, il y a de bonnes basses et un feeling assez dub, c’est l’intro du tube de cette mixtape, la miss Copeland, complice du gars Blunt, s’empare du mic et nous renvoie à nos rêves de Chevrolet décapotables surgonflées fendant le bitume de l’Interstate 76, la moustache qui vole au vent, une Bud dans la main qui tient pas le volant, la clope magique au bec, des sirènes hurlant dans notre sillage, briquet allumé, une inspiration… on se dirige vers un ravin ; l’image se fige sur un plan à la Thelma et Louise STOP générique des années 80 hip hop délavé policier ; du rap Navarro, du rap Cordier Juge et Flic, du rap TF1 et c’est fini. Voila c’est tout. Bonne surprise, moi qui n’ai jamais été vraiment convaincu par Hype Williams, je trouve que c’est prometteur, et du coup il me tarde le concert sur le I Boat à Bordeaux. Je me demande ce que ça donnera. Un truc merdique sûrement. Haha. Oui il faut être cruel, c’est important. Bon c’est tout à plus.