J.C. Satàn – Hell Death Samba (2011)

<a href=“http://jcsatan.bandcamp.com/album/hell-death-samba-lp” data-mce-href=“http://jcsatan.bandcamp.com/album/hell-death-samba-lp”>HELL DEATH SAMBA LP by J.C.Satàn</a>

Bordeaux c’est quand même une ville cool. Il y a des groupes de rock. Il y a des salles de toutes les tailles, des caves, même que parfois on peut fumer à l’intérieur mais chut. L’autre jour j’étais au Café Pompier et il y avait JC Satan. J’ai trouvé ça très bien, et même plus. Je sais pas trop pourquoi. C’était pas extraordinaire, c’était juste tout ce que j’attendais d’un concert de rock garage. Des chansons efficaces, des musiciens qui ont l’air de s’amuser autant que le public, un son correct. C’était fun et voila. Que demander de plus. Donc en rentrant, je me suis dit que ce blog ne parlait pas assez de la scène de chez moi. J’ai aussi remarqué que la fois où j’ai écrit un truc sur Kap Bambino, la fréquentation a explosé. HA. Je suis comme ça moi. Non. Si. Je sais pas. Alors je me suis dit que j’allais lancer une série de critiques de disques bordelais. Plus tard je m’essaierai au compte rendu de concert, mais j’ai pas encore trouvé comment on fait. J’ai toujours plein d’idées qui me viennent sur le moment, mais au moment d’écrire, je me rappelle plus de rien. C’est comme quand je vais voir mon psy. 

Donc on va commencer par ce disque de JC Satan avec des pigeons. Il commence par une chanson qui s’appelle Hell Death Samba. Un accord de guitare électrique, un mec et une fille qui racontent des choses (“Invoke the DEATH SAMBA, crowned with flowers of corruption and hate…”), quelques coups de caisse claire, c’est l’introduction, et puis c’est parti, le refrain, la cavalerie est lâchée, les guitares grasses, la réverbe sur les voix, il y a un esprit western + stoner qui rappelle un peu Queens Of The Stone Age. Mais en un peu moins musclé quand même. Arthur le guitariste n’a pas les biscotos de Josh Homme, mais qui sait, dans dix ans. C’est un peu FOUTRAQUE comme musique, mais l’enregistrement est assez bien fait parce que le bordel reste intelligible. Par exemple il y a une piste de guitare qui joue une sorte de solo à la fin, un solo débilos limite free, il est en retrait par rapport à la rythmique, mais on l’entend, et c’est bien. Bref. Bonne impression au premier morceau. 

Ensuite, il y a un truc un peu plus rapide qui met en place un dialogue entre Arthur qui chante aussi et l’autre chanteuse, Paula, quatre accords qui descendent en escalier, ponctués de rebondissements, ruptures, une explosion à la fin. C’est de la musique sérieuse mais marrante en même temps. Un peu grotesque, mais sans que ça soit péjoratif. Bon c’est pas le mot approprié. Disons qu’il y a un côté comic book dans cette musique. On imagine une bd qui se passerait au far west, le héros serait un gamin encore à l’école mais qui rêve d’être cow boy. La ville est envahie par les zombies, ses parents lui disent de se cacher dans la réserve, sous le plancher du saloon, avec ses petits copains et copines d’école, mais FUCK, les parents c’est des gros nuls il faut pas compter sur eux pour latter les zombies. Western gore pour ados. C’est pour les kids mais c’est pas pour ça qu’on nous épargne les tripes et les scènes de cul. Un vrai teenage movie qui prend pas les ados pour des cons. Mais en musique. C’est cool. Ca me donne envie de distribuer ce disque à ma soeur et à tous ses copains. Et moi, ça me plait aussi. J’aimerais bien m’entendre un peu mieux avec ma soeur musicalement. 

Bref. Ça continue avec d’autres chansons qui s’appellent Heil Mary, Misunderstood, Blasted. Toujours ce garage rock baroque et couillu. Une bonne synthèse. Finalement, c’est pas aussi classique que ça. Je trouve même que c’est assez original. Une qualité hein? Je crois. La sixième chanson, c’est une sorte de slow qui s’appelle In The Light. C’est Paula qui chante pendant le couplet. Ces arpèges de guitare, cette basse bien ronde, cette batterie qui se la joue coolos, ça me rappelle un peu Gainsbourg, Burgalat, Air. Des choses très pop, très sophistiquées, très françaises.

“When it will be too hard, something you don’t want to do, right now. When you’ll feel alone in a really bad dark spot when you’ll be all wet in a middle of a storm. If you are just sad and the griefs dont go away, remember you have me, as so simple as to be. I will be your roof in a rainy, windy day. I will be your help, I will give you my hand and everything will be allright, my dear Trust in me, my dear.”

Un refrain tout à fait baroque, sixties, de jolis sons de guitare, on s’élève, c’est tragique et cosmique. Il y a là un savoir faire qui force le respect. Une sorte d’érudition pop, mais rien à voir avec cette saloperie de rubrique dans Rock et Folk qui doit être la seule chose que je ne lisais jamais, à la grande époque. Celle où j’achetais encore ce torchon tous les mois. Mais c’était avant internet, et avant la nouvelle star. Non là c’est comment dire, de l’érudition qui coule toute seule, naturelle, sans forcer. C’est juste un gros sac dans lequel on pioche pour trouver les bonnes mélodies, les bons sons, les bons rythmes, c’est ni le catalogue, ni la juxtaposition sans queue ni tête. C’est pas tout d’avoir le vocabulaire, il faut aussi la grammaire qui va avec, et bon, si possible, quelques idées. Moi je trouve que cet Arthur, il s’en sort bien. 

Les SATAN enchainent sur une chanson qui s’appelle Crystal Snake. Elle est beaucoup plus énervée, et fonctionne sur une alternance de passages calmes tendus et d’explosions ça va vite, ça parle d’un serpent de crystal qui fait du mal à quelqu’un. Ça pourrait être une métaphore du manque de je ne sais quelle drogue. 

“A crystal snake is gobbling my feet… I’m hobbling and suffering alone, in a rote vale of tears. I need a medication… Please, stop my painful grief that’s (the) worst of the shooting pain in my limbs and in my veins i can see my death ”

Ouai on a tous besoin de médicaments. Aucun d’entre nous ne fonctionne correctement de toute façon, on a tous des problèmes psychologiques plus ou moins handicapants, plus ou moins graves, plus les années passent et plus je m’en rends compte. Tout ça pour dire que oui, c’est une chanson universelle, elle s’adresse plus ou moins à chacun d’entre nous. Et puis, au delà de ça, elle est très amusante, et j’essaierai de la passer la prochaine fois que je ferai la fête, même si c’est pas toujours évident de passer une chanson en soirée, les filles n’aiment que les chansons qu’elles connaissent, les garçons c’est pas beaucoup mieux et surtout quand quelqu’un commence à passer des trucs un peu moins connu les autres ne pensent qu’à virer ton morceau au bout d’une minute pour mettre leur propre sélection qui est généralement lamentable. 

La chanson suivante, c’est une chanson d’amour, mais un peu bizarre, parce que la musique est un peu inquiétante, et puis les refrains sont assez énervés, bref on n’imagine pas trop un couple se raconter des douceurs comme “I can fall asleep when you are falling asleep close to me I can wake up late when you’re waking up late close to me” sur cet air là. Ou alors un couple punk rock qui se cracherait dessus pour témoigner son affection, qui vomirait joyeusement sa vodka Kas dans la bouche de l’autre en rigolant, bon c’est un peu réducteur comme description du couple punk mais voilà quoi. HO. Il y a un message là dessous. Ou pas. En fait à la fin de la chanson Arthur raconte à la fille “I don’t gonna let you go now you’re mine your flesh… your soul…” alors peut-être que c’est une histoire de couple zombie. Une histoire d’amour répugnante, genre Nekromantik ou autre film distribué par Uncut Movies. Ou un couple de mutants comme dans Black Hole (c’est ma BD préférée je crois, et oui, ce disque me rappelle un peu ça, parce que ça parle aussi de l’adolescence, et de la déviance sous toutes ses formes). 

Ensuite il y a une chanson western qui me remplit d’une sensation très cool mais c’est normal parce que je crois qu’elle parle de fumer des joints. Enfin, voyez plutôt :

Me and my bro(ther) on shore of (a) stream smoking the first tobacco’s rolls when you decided just to go when you decided to get lost 

C’est western, mais western qui se laisse vraiment aller, ABANDON quoi, western qui fume un gros spliff au bord du ruisseau, en pêchant en compagnie de Tom Sawyer et d’un mec à stetson. C’est trop tranquille. Bravo. La prochaine fois que je vais pêcher avec mes bro en fumant des joints, je mettrai cette chanson dans mon blaster mais ça risque peut-être de faire fuir les poissons. C’est pas bien grave parce qu’on s’en fout des poissons, les pauvres, ils sont mieux dans l’eau que dans nos assiettes, et puis, quand t’es défoncé t’es peut-être pas capable d’effectuer les mouvements nécessaires à la capture d’une belle truite. C’est toi la truite. Bref. Dans le panier vaut mieux mettre de la weed que des apâts. S’allonger dans l’herbe et regarder ces nuages qui ressemblent à des grandes truites, des pipes, Satan, des barbes de père noël, des voitures, voire même des nuages pour certains. 

La dixième chanson s’appelle The Junkie Knight. Et je sais pas pourquoi, mais c’est ma préférée, j’arrête pas de l’écouter, sans arrêt. Bon oui déjà un truc facile, c’est le chant, pas forcément les paroles, mais la mélodie, la façon de chanter, que ce soit arthur et son côté crooner punk cowboy, Paula qui joue l’ingénue à la voix haut perchée, me rappellant Coralie, l’ex bassiste des célèbres Leisure, un autre groupe bordelais qui n’existe plus. C’est d’une fraicheur mes amis. La musique est vraiment détendue du gland, comme dans la chanson précédente. Encore dans le genre western psychédélique. C’est l’histoire d’un chevalier junkie mais évidemment il faut comprendre “cow boy solitaire” au lieu de “chevalier” d’ailleurs il va dans des bars, vous pouvez me dire quel genre de chevalier descend dans des bars? Moi j’en connais pas, les chevaliers ils ripaillent sous une tente ou dans un chateau, les chevaliers ne sont jamais seuls d’ailleurs, ils sont trop riches et trop lourdement équipés pour ça. Non pour moi cette chanson parle d’un cowboy comme toutes les autres quasiment d’ailleurs. C’est le gosse de la première chanson, il a mené l’assaut avec ses copains et ils ont niqué tous les zombies mais trop tard, la ville était détruite, le shériff dévoré par sa femme zombifiée, et bref, plus rien à faire là, les kids ont donc été obligés de partir dans le désert ; au fil des ans tous ont péri, que ce soit à cause d’une morsure de crotale ou un gunfight avec des indiens ou des extra terrestres. Il ne reste plus que le héros, qui désormais a trente ans, de la barbe, une chemise à carreaux déchirée comme son jean, une paire de santiags trop cool, un flingue laser dérobé aux extra terrestres, et une copine indienne trop bonne et carrément punk avant l’heure qui n’hésite pas à terrasser ses ennemis en leur arrachant les couilles avec les dents à l’issue d’un numéro de charme dont elle a le secret. Et en plus elle rote! Tout pour plaire. Ils errent tous les deux, de ville en ville, se faisant systématiquement refouler de partout où ils passent, se nourrissant exclusivement de chair de peyolts et de san pedro et de champignons. Ils ne sont chez eux nulle part, ils sont chez eux partout dans le désert. Et ils sont contents, parce qu’un jour en rêve, un petit lutin bleu leur a raconté qu’ils seraient les héros d’un disque de garage psychédélique bordelais. Ils savent pas où c’est, ils ne savent même pas ce qu’est un disque, ni un “groupe de garage psyché”. Mais ils sont contents. C’est dû aux champignons sûrement. Mais enfin. Voila. La suite vite. 

La suite est beaucoup moins coolos. La suite est préhistorique, la suite, c’est des grognements, des tambours grossiers frappés avec des gourdins, un son saturé préhistorique, des cris… C’est primitif et presque industriels, oui de la musique industrielle primitive, ou pas si primitive que ça. Je pense à Trent Reznor en 94, The Downward Spiral, les sons grossiers, saturés, les paroles salaces, etc. Il faudra que j’en parle un jour de ce disque, c’est mon préféré de tous les temps! Je déconne pas, je l’aime tellement. Bref. Ne nous dispersons pas. On parle de J.C. Statàn. Je crois que ça parle d’une fille qui n’a jamais fait l’amour et qui n’est pas heureuse. Mais je suis pas sûr, ce sont des paroles assez obscures ou alors je sais pas. On s’en fiche. 

Bon et voilà elle finit par baiser je crois enfin la dernière chanson s’appelle Rythm Of Sex et à mon avis c’est pas innocent. C’est bien de parler de sexe. C’est cool le sexe. C’est un des meilleurs trucs qui existent. Et alors cette chanson, Rythm Of Sex. C’est une version rock’n’roll de “Je T’aime Moi Non Plus”. Version Stoner Rock. Pas le stoner rock canonique de Kyuss Goatsnake et autres. Ça manque un peu de gras par rapport à ces cassoulets ambulants. Les couplets sont assez secs, au contraire, mais c’est bien! Voila un disque qui ne s’enferme dans aucune chapelle, un disque qui rend hommage, qui emprunte, mais n’idolâtre pas, c’est bien. C’est ça aussi Bordeaux. Il y a des groupes, il y en a même beaucoup, mais on est tellement loin de toutes les scènes, qu’on n’appartient jamais vraiment à un courant, un mouvement. On pioche à droite et à gauche sans aucun scrupule. Ouai Bordeaux c’est free, bordeaux c’est protoplasmique, Bordeaux c’est plein d’amour, et moi, j’aime JC SATAN. Voilà c’est tout. Ecoutez ce disque, et si vous n’en tombez pas amoureux, je veux bien vous payer une bière la prochaine fois qu’on se voit (oui je dis ça parce que mes seuls lecteurs sont mes potes. Ou presque). C’est tout Bisous à plus. 

Rythm Of Sex

“I’m going back home I’d want to touch your body all night long I’m going back home Try to explain you, but you lost (the) control I’m going back home I dont want to party all night long I’m going back home I’m frustrated to have sex alone I TRY TO HAVE FUN, AT LEAST HERE I WANT TO CLEAN YOU FROM MY MIND I’m going back home I dont gonna tell you once more I’m going back home I’m exhausted to discuss with a wall I’m going back home I dont want to party all night long I’m going back home I’m frustrated to have sex alone YOU CAN COME BACK HOME ALONE YOU CAN COME BACK HOME ALONE YOU CAN COME BACK HOME ALONE" 

Post Scriptum 

Alors pour les détails techniques il y a une interview sur Hartzine qui est assez instructive mais pas super rigolote. Qui sait peut-être qu’un jour on pourra en trouver une sur ce blog!