R. Stevie Moore – Phonography (1976)

<a href=“http://rsteviemoore.bandcamp.com/album/phonography” data-mce-href=“http://rsteviemoore.bandcamp.com/album/phonography”>Phonography by R. STEVIE MOORE</a>

Pendant ce temps là dans les seventies, quelques part entre la zone 51 et la terre du milieu, le jeune Père Noël fait du synthé tout seul dans son grenier. Du synthé, puis de la guitare, puis un peu de batterie. C’est évident qu’il essaie de singer les Beach Boys mais bon, il a pas un studio à 50 0000000 $$$ la journée, n’empêche qu’il s’en sort assez bien. Il y a de la mélodie, il y a de la tension, il y a de la Croisière S’Amuse, des blacks en uniforme immaculé, moustache et patins à roulettes aux pieds, quelques cocktails sur un plateau, ces trucs avec des parasols et une tranche de citron, j’y connais pas grand chose en cocktails. Stevie a tout bu, après il a envie d’aller aux cabinets, et il se soulage en racontant sa vie, de sa voix grave et profonde qui me rappelle celle de Philip K. Dick (mon être humain préféré qui n’ait jamais existé). 

Alors la troisième chanson est jouée au piano, un piano désaccordé comme celui sur les vieux disques de Kim, le piano de saloon, et ça pourrait passer pour une blague, si c’était pas aussi génialement triste et désagréable ; une blague qui fait rire jaune alors, comme cette histoire de chien dans le live à Pompéi. Père Noël est doué. 

L’émission de radio continue, Stevie raconte des trucs mais quoi? “Explanation Of Listener”. Des choses philosophiques, le mec a l’air drogué, il explique qu’il ne fait rien, un peu comme moi tiens, je fais des trucs, mais au fond, je fais rien. Bref. La messe des chipmunks —->>>>> les Beach Boys. Toujours les Beach Boys. Le père Noël déploie son plus beau falsetto pour raconter une histoire de Californie dont chaque mot est infiniment plus profond que l’ensemble des paroles du dernier disque de Best Coast. Là où c’est intéressant c’est quand la batterie se ramène, parce qu’on dirait trop des trucs modernes lofi des années 90 et c’est dingue, mais oui je le répète, le père noël avait de la suite dans les idées, 1976 putain, et moi comme un nul, j’écoute ce disque cinquante ans après, comme une sorte d’archéologue de la pop, archéologue je m’en foutiste bien sûr. Incroyable et en plus c’est pas fini, on creuse on creuse, on n’en est qu’à la sixième chanson et elle parle de ma mère, qui avait 13 ans en 1976, zouuuuuuuuupfpffffff la stéréo est capricieuse mais ça semble fait exprès, la fête se passe à droite, et d’un coup hop recentrage approximatif, légèrement de gauche, Caroline won’t you com, I’ve begun to fall in love. 

C’est l’heure de la pub, comme à la radio, mais je l’ai déjà dit, c’est une fausse émission de radio ce disque, ce qui autorise toutes les libertés en matière de cohérence sonore. Fuck, le père noël a pas assez de temps pour s’emmerder à faire deux fois la même chanson, pas comme Bethany Consentino, à qui ça n’a pas l’air de poser de problème ; pourtant le temps c’est encore plus de l’argent qu’il y a 100 ans, lors de l’enregistrement de Phonography. Bon à sa décharge ma stoner girl préférée est californienne, elle vit donc dans un monde régi par d’autres règles, c’est une sorte de zoo, où des gens riches viennent s’installer pour vivre parmi les bobos. 

Donc faisons le point. Une fausse émission de radio enregistrée par le Père Noël qui fait des trucs vaguement Beach Boys, mais en version lofi. Parfois c’est pas trop Beach Boys, je ne saurais pas trop décrire ces passages. Il y a des suites d’accords assez audacieuses mais qui ne frisent pas du tout les oreilles, au contraire ; prime de risque maximale, mais la contrepartie, c’est qu’il n’a fait la couverture de Wire qu’en 2012. C’est dommage. Merci Ariel Pink en tout cas, hein. Oui parce que si vous avez pas suivi les news, Tout le monde parle de Stevie parce qu’il sort un incroyable disque avec Ariel Pink, un truc qui dure au moins 2 heures. Ariel a toujours été fan de l’autre, à ce qu’il parait, en tout cas il a sorti une compile avec ses chansons préférées du Père Noël, et d’après les experts, la sélection montre une certaine érudition Moorienne, ce qui n’est pas rien connaissant le nombre de chansons qui sont sorties depuis. J’ai pas compté. 

THIS IS THE VOICE HUM HUM I’M SITTING AT HOME AS USUAL, INSIDE OF MY OWN VOICE. La voix de R Steevie noël est incroyable, Dark Vador / Philip K. Dick. La chanson suivante s’appelle Showing Shadows, encore une superbe suite d’accords, la voix doublée qui rebondit entre les notes de guitare est légère comme tout, un éléphant avec des ailes, un dumbo lofi, un dumbo 4 pistes avec du souffle et voici les paroles qui vous sont proposées par SongsMeaning.com : 

once upon a time there lived a fancy babe

dressed in shine and ju-ju undertow

just about to break within a passing day

she was showing shadows, would the morning know?

no no no no no

all around the world there was an interest, yeah

those with richer circumstance would come

just upon arrival they would form a line

she was showing shadows, would the music go? 

no no no no no

i don’t know

how about a big one? she would ask you then

on the screen the graphics would not move

put your money there inside the estrus box

she was showing shadows, would the texaco?

no no no no no

during the october season she was closed

and the lines of customers would sleep

while the king was eating one day he found out

she was showing shadows, would the evening grow?

no no no no no

yesterday the fun came to an end for sure

fancy babe was found heaped on the floor

she created shadows til they did her in

she was showing shadows when they did her in

no no no no no

Le solo de guitare est super, il y a du phaser, et il a été enregistré deux fois à l’identique, les deux pistes superposées, il est bien fait, il coule tout seul et il est cool, et ça repart avec des ouuaaouhh ouuaaouuhhh. 

Le morceau suivant est bien plus rock&roll avec ses gratouillages en palm muting enfin ouai c’est trop raffiné pour être vraiment rock, raffiné et sophistiqué, et précieux et con en même temps, ce qui doit être la devise de ce mec j’imagine. My Sharona version Zappa version Des Esseintes version Phillip K. Dick version Dieu des Éléphants Ailés ; jusqu’au moment magique où la guitare se retrouve toute seule, aspirée par la gravité, et vient s’écraser gentiment sur un matelas de plumes, mais pas sur Terre, à côté, au Paradis. I’m not particulary fond of being thirsty. Mickael Jackson discute avec un Seigneur Vador de 80 ans qui aurait retrouvé sont accent du ghetto, à moins qu’il n’ait oublié son dentier au réfectoire. 

Je sais pas si je vous ai déjà parlé du café pompier, c’est un des meilleurs endroits à Bordeaux pour voir des concerts de rock, et pourtant ça paye pas de mine comme ça ; je comprends pas très bien en fait, c’est peut-être parce que pour une fois on n’est pas obligé de descendre dans un terrier exigu et surchauffé, ou parce que la bière est pas chère, parce qu’il y a des chips, parce qu’il y a une cour à l’extérieur où poser ses fesses en fumant un joint en attendant que les groupes daignent monter sur scène. J’ai bien cinquante autres explications possibles, alors on va s’arrêter là, mais pensez y, si vous en avez l’occasion, allez voir, et retournez y, c’est quand même mieux que regarder les Experts sur TF1. 

Tiens vers la fin du disque il y a une chanson qui marie guitare sèche et guitare électrique, il y a une basse aussi, ça fait très Ariel Pink, avec une dose de LSD un peu moins forte ; c’est tout à fait naturel chez Stevie. Bon, c’est quand même une dose de cheval, mais comme il s’agit d’un éléphant, haha, c’est rien, une petite goute dans une mer de la tranquilité, et hop, en parlant de ça, direction la Lune, pour un final détendu du gland, sans batterie, saccadé sans plus, plein d’accordéon ou un truc comme ça, une bonne basse pépère, et Stevie qui raconte une histoire plutôt intéressante, entre deux taffes d’un gros joint qui fait rigoler. Ce disque, c’est une grosse hallucination qui dure 44 minutes et 7 secondes ; c’est des disques comme ça que j’aime bien écouter, parce qu’il y en a marre quoi, on entend toujours les mêmes conneries. Alors voila. Écoutez ça en rentrant du travail, pendant que vous vaquez à vos occupations, vous verrez, vous aurez un petit peu moins envie de partir en vacances après, et Noël ne vous semblera plus si loin. Amen. 

mister moon, as you sit there

enjoying your own glow

i am one of very few souls

you’d really like to know

moon, now that you tell us

that your friendly night is here

i shall tell my friends that

tonight you’re very clear

yes, i’m gonna tell those who are near

mister moon, though you arrived

my friends are all asleep

and so i sit upon a hill

so very far beneath

moon, i can’t recall when

your light has been so free

i guess you can see me smiling

that is, if you can really see

yes, i wonder what moons be

mister moon, if it wasn’t for sunlight

i’d visit you till end

but since it’s time to leave

my bed, it can just pretend 

moon, i’ll see you later

to talk and sing along

but i’ll be damned if i can see

that make believe is wrong

so i’ll just imagine along