Ce soir on va se faire un petit plaisir et on va essayer d’en faire profiter les voisins au maximum <3 L’idéal pour écouter ce disque c’est de mettre le volume au maximum, de se poser dans un canapé ou un gros fauteuil ou à la limite s’allonger sur la moquette ET NE PLUS BOUGER pendant 54 minutes. C’est pas évident dit comme ça mais vous verrez vous allez vous retrouver scotchés, comme si la gravité s’intensifiait jusqu’à vous écrabouiller littéralement et vous souder à votre siège. C’est un disque de doom extrême, mais avec un son tellement particulier que celui là, on ne l’oublie pas. Les guitares sont hyper crados, la basse de Greg Anderson est monstrueuse, titanesque, godzillesque ; le batteur Justin Greaves joue du free jazz au ralenti et sa batterie… Comment dire. C’est comme si vous entendiez une batterie pour la première fois. Quant au chanteur, il sait se faire attendre, pour l’instant il laisse la tempête se former, l’énergie cosmique s’accumuler dans le sol, sous nos pieds. A la guitare mesdames messieurs, Stephen O’Malley, qui offre là une de ses meilleures interprétation du barbu des cavernes post moderne, tout en jouant un riff qui ma foi ressemble un peu à tous les autres qu’il n’a jamais joué. Bref. On en est à huit minutes de bourdonnement tellurique de magnitude 7 ou 8 quand SOUDAIN le seigneur Lee Dorian (oui, celui de la face B de SCUM!!! et accessoirement de Cathedral) se met à vomir des paroles camées jusqu’à l’intérieur des noyaux des cellules de la moelle épinière.
Within her hands are gifts for the damned You take them all Consume the pills, the acid, the booze Weakness can’t refuse White speed, brown smack, bone pipe filled with crack There’s no turning back Mushrooms and cocaine fight wars in your brain You can’t stop the pain Your mind is ablaze, bleak streets are in flames You burn in the maze Soul falling down, deep into black sand Where senses are drowned Still you take more Smoke pills with your draw, lick speed off the floor You head hits the wall, you’re charged with death fuel The ecstasy’s cruel The room’s turning red, your trip becomes dread Yet still you accept She smiles then disappears- her face haunts your fear, fear, fear, fear
Un truc de maboule quoi, et jouissif en plus, comme un orgasme doomesque qui dure hyper longtemps, attention messieurs n’en abusez pas ou votre copine/femme/maitresse vous laissera tomber comme une tour du World Trade Center et le pire, c’est que vous ne vous en rendrez compte que des semaines plus tard, tellement vous serez déconnectés, dépendants de cet incroyable album de heavy doom de la mort estampillé slow food. C’est un disque qui est assez méchant en plus, hargneux, plus punk que metal en fait ; on est aux antipodes de Black Sabbath, même du fameux premier morceau. Ici c’est plus décharge de consommables hospitaliers usagés que maison de sorcière dans la campagne anglaise. Aucun raffinement,
Are you strong enough, to feel real pain C’mon take it ‘Are you man enough?- fucking coward’ You thought you were evil Could take on all the world- big man But now you’re feeble, a scared little child In fear of your life- weakling The pantomime’s begun- for you Twisted faces stare, into your barren soul- taking… The void of nothingness- from you Dogs are growling, hungry for your flesh- fucker Your sanity in shreds- weak freak Plastic hippy shit Not so cool anymore- consumed by- hatred Crawling on the floor- pleading You pathetic clown In a circus of parasites- aaghaagh Your friends have become savage- monsters Hands covered in blood And shit now fills your mind- take it- more Your skull a plastic coffin- empty
pas de prince des ténèbres, de sorcières, pas de bijoux, pas de roulements de mécaniques, que de la crasse, de la violence, des drogues dégueu qui font mal et qui rendent moche et con… Mais le tout joué à 0,5 bpm, avec des basses trop chanmax, ce chanteur à la voix modifiée on sait pas trop comment, et il parle de quoi d’ailleurs, je sais pas, c’est une sorte de clochard dealer qui te vend plein de merdes en te promettant le paradis/l’enfer et justement ça te plait ; voici un disque qui vous fait rentrer dans la peau d’un presque junkie autodestructeur prêt à faire subir à son corps les pires atrocités parce qu’il en a marre de vivre et qu’il veut finir en beauté, c’est un feu d’artifice humain qui finira certainement en mille morceaux de chair disséminés aux quatre coins de son appartement après avoir rempli ses intestins de propane. C’est la merde, la mort, le mal à l’état pur, la fange, la porcherie, et c’est pour ça que c’est cool, se rouler dans la merde, ça a quelque chose de régressif, c’est un retour à l’enfance, non? Bon je veux pas jouer au psy, mais en creusant bien, je crois qu’il y a un peu de ça.
Une fois de plus dans un disque featuring SOMA, le son des guitares impressionne. Par rapport au tout venant doom/sludge/trucs extrêmes, il ne s’agit pas d’une différence quantitative mais qualitative, je veux dire par là que c’est pas la même chose mais en mieux, c’est une chose totalement différente. Et totalement mieux aussi, j’avoue. La fin du premier morceau est une sorte de d’éruption solaire saturée hyper dense – et sans batterie. C’est noise, c’est brulant, c’est liquide, ça bouge lentement, il y a des sortes de râles de cétacés du Soleil, et tout ça dure un long moment, parce que cet album prend son temps, c’est comme ça, et c’est bien. Jusqu’au fade out et transition…
Vers le monstrueux riff joué en son clair avec toujours du bruit de catastrophe naturelle en arrière plan. Un riff de blues du futur, un riff Mad Max joué évidemment très lentement et avec la motivation d’un desperado assis sous un porche par 40 degrés. C’est le stoner du futur, la bande son d’un western post apocalyptique qui se passerait sur une lune de Jupiter. Le vieux bluesman est un descendant des premiers colons, il a 130 ans, toujours bon pied bon oeil malgré une voix qui laisse deviner les tonnes de tabac inhalés et les piscines olympiques de mauvais whisky qui ont corrodé ses cordes vocales. Accompagné de sa vieille guitare en alluminium il raconte des épisodes de sa vie, des histoires de vieux colons, ou des fables qu’il invente au fur et à mesure, aux voyageurs qui ont échoué dans ce trou du cul du système solaire.
Enter the 49 gates of uncleanliness, said she hoisting up her skirt I held my breath against her fetidness As I gazed upon a swinish flirt I worked like a mule down the pit For seven long days and seven lonely nights It makes one week exactly for those of you Who lack the skills to add things up right Born in this pig sty in my new pants and shirt But I leaped on the fence and I fell in the dirt Great Mr. Peanuts Andels said Battle brained animal with a teethless grin I fled rather than- let myself Be bathed in the unforgiveable sin I went straight home where I was met By my mother with a skirt up over her head Sometimes I wonder just why the Hell I ever bother to get out of bed Born in this pig sty- in my new pants and shirt But I leaped on the fence and I fell in the dirt
Et finalement le gars rentre faire la sieste, laissant derrière lui un écho surnaturel qui dure dure dure jusqu’au moment où une bande de loubards du futur arrive en ville au volant de leurs dragsters hyper polluants du futur, habillés tout en noir, avec des bandanas du futur, des boucles de ceinture rock’n’roll du futur, des cicatrices du futur, et des copines loubardes r&r tatouées trop sexy du futur. Leur chef s’appelle THE SMILER à cause d’une cicatrice qui lui barre verticalement la gueule. Le dernier morceau qui dure 17 minutes, c’est son morceau ; il est chanté par un corbeau mutant, perché sur un poteau télégraphique. L’équipée sauvage en mieux, l’équipée sauvage en vraiment méchant, vraiment dangereux, vraiment désirable, et toujours à deux à l’heure, avec le terrible champ gravitationnel d’une géante gazeuse qui occupe la moitié du ciel. Bref, c’est une version rock’n’roll de SUNN O))) ce disque, et normalement si vous êtes une personne normalement constituée, cette perspective devrait vous transformer en chatte en chaleur.
Harvester of death behind a marble altar Sucking your last breath- smiling A gibbering wreck, rope of love around your neck Life a crucifixion- keep smiling Sinking into depths, hands are tied behind your back Strangled by devotion- smiling Abandonment of self, depression is your ecstasy In misfortune engrossed- smiling Destruction is wealth- punishment your luxury Elation through pain- Still smiling Slave of bleak desire- in vacuum void of pity Exotic isolation- Smiling Barren emotion cuts like a blunt knife Against the hatred of your blackened heart Brewing through states in search of joy They spit out rejection, you worship the same Annihilation of your inner-self Breeds gratification in your hunger for wealth All that was beauty you’ve smashed wide apart With the fist of envy, for nothing that’s smart Servants to emptiness fall onto their knees Entranced by the smiler they crave his disease Frailty drives them as nothingness breeds In cartoons of virtue their observance bleeds In lakes of fire- they yearn to be blessed Slaves to perfection- baptised unto death King of lost feelings, in pain he is crowned Within love’s inferno, the smiler he stands
La fin du morceau est démentielle. C’est joué comme tout le reste à la vitesse d’un escargot, avec une guitare bien grasse, un orgue suffisamment costaud pour s’insérer efficacement dans le mix, et puis cette partie vocale complètement épique, la voix de Lee est démultiplié et hurle à l’unisson une sorte de chant de hooligan, ou un cri de ralliement de bikers de l’espace qui donne envie de se lever et d’appeler des potes pour aller semer la terreur et la destruction dans les rues de Bordeaux, renverser les poubelles, crever les pneus de tous les vcub, de manger à la Tupina et partir sans payer, de cracher dans son yop, d’insulter les veilles bourgeoises, de distribuer des revues porno à la sortie des écoles maternelles, de casser les pare brise des mini cooper, des smart, des fiat 500… (à compléter). Bref.
Je vois pas trop quoi reprocher à ce disque, il est parfait. C’est tout. A plus les nuls.
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PS : Pour ceux qui veulent briller en société : le nom du groupe est aussi le nom du deuxième morceau du deuxième album de Earth, et “New Pants and Shirt” est une reprise de Killdozer, un groupe de noise touch & go albinesque ASSEZ COOL.