Super une teuf chez ganja man t’as intérêt d’aimer la weed sinon ça risque d’être un peu dur surtout au début le gars a l’air de s’amuser avec une jarre??? Un synthé mongoloïde quelques percus trois notes de guitare cubiste la voix échoïfiée il n’y a pas grand chose beaucoup de vide vraiment beaucoup de vide. Grosse impression de flemme. Flemme totale, flemme ultime, genre t’as même la flemme de te lever pour aller aux toilettes alors que ça presse un peu. Flemme de tout, flemme de te faire à manger, de sortir tes chaussures pour t’allonger sur le lit, flemme de porter le goulot de ta Corona jusqu’à tes lèvres asséchées par le Soleil et le vent… Juste assez de force pour écouter cette musique débile, absurde, ah tiens il y a même un orgue qui joue un seul accord assez fatigant… Il s’arrête, recommence… Tout s’arrête et recommence. Les choses ne durent pas, c’est comme dans la vie. Mais la vie que décrit ce disque est assez particulière quand même, on vivrait tous sur une île des Caraïbes, on se nourrirait de noix de coco et de poisson, et on passerait le reste du temps vautrés dans des hamacs deux places avec une personne du sexe opposé à se faire des papouilles et tout. On serait bercés par le chant des oiseaux et les kékékéékékkékéké des dauphins, le bruit blanc chaotique des vagues et le crchhhhh des briquets qui allument les douilles.
C’est pas si loin que ça de Dolphins Into the Future. Le début du deuxième morceau en particulier. On peut entendre des sortes de percutions tropicales plus ou moins synthétiques, plus ou moins lo fi, qui évoquent plus ou moins un chant de cétacé… Trop cool. Par dessus, l’instrumentarium new age classique, avec une guitare robotique, une basse 8 bits et ces cordes qui me rappellent le dernier morceau de Halcyon Digest. De la musique qui évolue librement autour d’un accord de base, en prenant de l’ampleur petit à petit. Beaucoup de bruits marrants qui attirent l’attention, des éléments qui interagissent… Et ce qu’il y a de super c’est que c’est très apaisant. Sun Arraw est un groupe très apaisant. J’ai passé l’été à écouter leur live qui est une sorte de best of de leur courte carrière. Ben franchement je m’en suis toujours pas lassé.
Le morceau suivant est un peu plus funky. Cameron chante un peu, il y a de la guitare, de la basse, des percutions plus régulières, mais en fait chaque instrument pris séparément groove comme un poney mort ; c’est de la Totalité que se dégage ce petit côté funky groovy. On peut imaginer que c’est un morceau de funk des glorieuses eighties passé par un filtre spécial. Un truc qui transforme le monde, qui transforme les gens en monstres rigolos, qui donne aux routes des airs de montagnes russes déglinguées, qui fait nager les poissons dans l’air autour de nous, qui colore le soleil en vert, qui fait parler les chiens, qui met des chaussures aux mains, qui habille Sylvester Stalone en tutu. Tout le monde s’appellerait Sylvester Stalone d’ailleurs et on aurait tous sa gueule de pizzaiolo bodybuildé, femmes et enfants compris, un peu comme dans cet infâme clip d’Aphex Twin réalisé par Chris Cunningham. Ouai donc voila, Italo Funk des 80’s surréaliste. Suivant.
La suite ressemble à une musique de film des années 80. Un film policier, un truc d’action je sais pas. C’est une scène d’infiltration. Le héros doit pénétrer dans un entrepôt sur les docks, la nuit, alors que le méchant a placé des hommes de main un peu partout autour du bâtiment. On se cache derrière une caisse, le flingue contre la joue, la moustache un peu décoiffée par le vent, bien au chaud dans un blouson en cuir marron doublé de fourrure synthétique. Il faut faire un truc, il faut prendre une décision, c’est à ça qu’on reconnait les meilleurs flics, ceux qu’on voit dans les films. RIIIIIIDE. La tension monte. Hop. Une manoeuvre de diversion impliquant un petit chaton et une revue porno, disons Penthouse… Hop ça a marché, il ne nous reste plus qu’à fendre la nuit à toute vitesse et nous voila à l’intérieur. Un hangar rempli d’ananas de contrebande. Les salauds, ils arrosent toute la ville avec leur saloperie. Des ananas, c’est répugnant. Et pourquoi pas des papayes tant qu’ils y sont? Ils n’ont vraiment aucun égard pour leurs congénères, tout ce qui les intéresse c’est le fric, la puissance, les femmes. D’ailleurs je me demande. C’est quoi l’ordre? Est-ce que ces mecs veulent être riches et puissants pour se taper des filles, ou est ce qu’ils veulent du fric et des filles pour se sentir puissants, ou est-ce qu’ils se branlent en lisant leurs relevés de compte en Suisse à six zéros? Mystère. Bref. Les gorilles sont tous à terre, le hangar est sécurisé, les ananas seront incinérés au plus vite. Mais pas de trace du méchant ; prochaine escale cuba, chez les producteurs illégaux d’ananas.
Le morceau suivant est plus rapide, polyrythmique et polycentrique, des grappes de sons se cristallisent un peu partout à droite, à gauche, autour d’une infime poussière. Effet boule de neige, le truc devient de plus en plus gros et hypnotique il y en a partout, de toutes les formes et de toutes les couleurs, ouai c’est CUBA ou la JAMAÏQUE je sais pas, et ça donne grave envie de manger de l’ananas. Je rigolais tout à l’heure, c’est super et sans risque l’ananas, et le héros de ce film devait sûrement vivre dans un monde de fachos, il devait certanainement être un peu nazi lui même. On ne peut pas interdire l’ananas, toutes les études montrent qu’une consommation responsable ne comporte aucun risque, en plus l’ananas ça rapproche les gens, ça crée des lien, ça stimule la créativité, et en usage thérapeutique ça peut s’avérer extrêmement efficace pour traiter certaines pathologies physiques et mentales.
Le dernier morceau est calme, il ressemble au morceau d’infiltration des 80’s fasciste de tout à l’heure, mais cette fois c’est une chanson. Enfin, chanson dans la mesure ou Cameron Stallones est capable de jouer des chansons. Des chansons de la dimension X alors, des chansons en négatif, ou le silence serait la norme, et le bruit, l’exception. Je n’ai aucune idée du thème abordé dans cette chanson en particulier. Mais à mon avis elle devrait parler de Baxter Stockman la mouche mutante dans les Tortues Ninja. Ce morceau est beaucoup plus urbain que les précédents, ne me demandez pas pourquoi. C’est peut-être le son des instruments, et puis cette guitare wah qui a l’air de faire des solos de génériques de série policière des années 80. Vous connaissez le générique de New York Unité spéciale? C’est une série récente mais le générique est totalement ringard années 80. C’est pour ça qu’on l’adore moi et ma meuf, on le regarde toujours religieusement. C’est très new yorkais des années 80 quoi. Un endroit et une époque qui font rêver. Personnellement, j’aimerais bien aller à New York un jour, mais bon, sans plus. Par contre, aller à New York dans les années 80, surtout au début des années 80, ça je vendrais tout ce que je possède pour ça (bon, je possède pas grand chose, mais je vendrais mon corps, par exemple).
Bon voilà c’est tout alors pour résumer, c’était un disque pas mal avec des ananas et des policiers moustachus, des hamacs et des cocotiers. Si vous avez des questions allez y, sinon je vous dis ciao à plus.