Pissed Jeans – Honeys (Sub Pop, 2013)

Ouai bon j’avoue je me suis pas tenu à mon rythme imposé de deux billets par semaine. J’ai trop bu et j’ai eu une méga gueule de bois le week end dernier et le week end d’avant mais j’ai une excuse, c’était pour fêter mon anniversaire et d’autres trucs. Et maintenant j’ai un travail donc parfois, je dis bien parfois, j’ai juste envie de me mettre au lit et de regarder Castle ou un film à la con. Ce soir il y a King Kong, franchement c’est pas un navet comme beaucoup l’affirment pour se donner un peu de crédibilité mais c’est pas non plus hyper bien. Un gros truc un peu moche et indigeste, mais il y a quand même des scènes super, et un vrai savoir faire dans la réalisation. C’est un film de génie du cinéma qui aurait été tout le temps bourré pendant le tournage. Ce qui est paradoxal puisqu’apparemment c’est tout l’inverse qui s’est produit. 

Non mais on s’égare là je voulais vous entretenir du nouvel album de ce groupe que je connaissais pas il y a 24 heures et qui s’appelle Pissed Jeans. Le disque s’appelle Honeys, il a une pochette marrante / arty, il y a 12 chansons pour 35 minutes, c’est punk, c’est rock’n’roll, c’est sale et mal élevé, bref voilà. 

Ça démarre avec une mini intro ligne de basse crados une note toutoutoutoutout roulements de batterie larsen et Bam un rythme hyper primitif des paroles scandées sans aucun souci de bienséance imaginez une version hardcore de Frustration ou pire un truc vraiment froid et nazi mais qui dégouline par moment, ce qui n’est pas étonnant car les nazi comme tout le monde sait avaient une certaine propension à dégouliner et à s’adjoindre les services de monstres mutants dégoulinants, comme dans Return to the Castle Of Wolfenstein. Donc voilà c’est une chanson de défilé de mutants nazi avec des tentacules et des brassards rouges. Hop

La deuxième chanson s’appelle Chain Worker elle est très différente il y a pas de batterie juste une énorme ligne de basse saturée assez lente et un mec qui crie. C’est un peu plus complexe que ça, il y a quelques effets sonores, des bruits, un écho sur la voix qui vient et s’en va… Un peu de batterie pour marquer la cassure et la guitare débarque pour jouer exactement la même chose que la basse. On est vraiment pas loin des pitreries de Sunn O))) et compagnie, mais en version punk avec un mec qui chante. Je pense surtout à Teeth Of Lions Rule The Divine évidemment, qui est le projet punk de SOMA ou un truc comme ça. On peut faire la connexion avec Killdozer et divers trucs albinesques aussi. Vous voyez le genre. De la lourdeur froide et rouillée imbibée de whisky et de tabac froid.

Heureusement cet interlude presque métallique n’est qu’un interlude et c’est reparti pour le punk rock joué à fond la caisse. C’est assez gras comme musique, les guitares sont fuzzy et ça fait un peu camionneur comme musique mais bon ça reste punk. Ce morceau présente une particularité, il contient une partie de guitare style staccato on dirait du black metal. Ces gaziers écoutent aussi du black metal pour moi ça ne fait aucun doute. Je sais pas vous mais moi je me sens proche d’eux. Il y aurait plein de choses à dire mais ça va tellement vite, nous voilà déjà au quatrième morceau, c’est que des riffs efficaces qui s’imbriquent parfaitement, une production de premier choix et une énergie communicative. 

La chanson suivante s’appelle You’re Different (in person). Intro pas mal avec un riff de guitare un peu mystérieux, léger et à peine saturé et plus à gauche cette grosse ligne de basse vraiment baveuse pleine de saturation un gros son de grosses basses vraiment bien quoi et donc c’est un morceau un peu plus calme même si attention ça reste bien sautillant avec cette batterie un peu années 30 on se croirait dans le film The Mask. Tout ça pour dire que cet album est assez varié, c’est bien de connaitre plusieurs manières de faire de la musique violente. 

La chanson suivante est la plus “chanson” du disque pour l’instant, on dirait de la musique du passé tellement elle fait “chanson”, ce qui n’est plus trop à la mode aujourd’hui. Ça raconte un truc sur la bouffe de la cafeteria mais je sais pas quoi go ahead you can use the microwave qu’ils disent. Morceau midtempo qui fait secouer la tête, rythme binaire un deux un deux un deux un deux voix de croquemort l’électricité qui bave comme une bonne omelette et un petit côté comique irrespectueux à la Frank Zappa / Steve Albini. C’est bien

Ensuite il y a une sorte d’interlude lofi consistant en une piste de guitare agressive avec plein de larsen. Ça s’appelle Something About MRS Johnson. Il doit y avoir une explication. On comprend mieux quand on entend le début de la chanson suivante qui est dans la continuité parfaite de cette blague punk ça s’appelle Male Gaze et bon que dire à part que c’est tout ce qu’on attend d’un disque de rock en 2013? C’est sale, violent, bien enregistré, carré, efficace, le sourire malfaisant de Bart Simpson, ça évoque les années 90 de Nirvana ou Jesus Lizard… Merde, on a besoin de rien d’autre, je vois pas de meilleure musique à écouter en soirée, ou dans le tram, ou au réveil, ou en faisant un footing. 

La chanson suivante est plus légère, un bon vieux rock débile avec une mélodie quand même un peu tordue, des couplets sautillants et des refrains pour pogoter à moins que ce ne soit l’inverse. Ce morceau est un peu difficile à comprendre il y a pas vraiment d’alternance couplet refrain chaque partie est le refrain de la partie précédente. À part ça c’est assez classique il y a même un solo. Bref c’est hyper con en apparence, en réalité c’est compliqué mais ça sert à quoi je sais pas. C’est un peu le reproche qu’on pourrait leur faire, pourquoi vous vous emmerdez à faire des trucs aussi tordus parfois alors que ça serait 500000 fois plus efficace si vous restiez simple? Hé inspirez vous des évangiles de Steve Jobs ce gars avait tout compris, quel dommage qu’il ait été aussi con. 

Je sais pas si je l’ai déjà dit mais il y a un groupe qui revient souvent dans ma tête depuis tout à l’heure c’est les queens of the stone age. Mais vous savez, leur versant punk, leur versant barbu et punk tatoué, leur versant Nick Oliveri. Même dans les mélodies on retrouve pas mal de similitude, dans la manière de chanter de ce gars dont je ne connais pas le nom aussi. C’est un compliment que je leur fais, attention, même si honnêtement j’ai arrêté il y a longtemps d’écouter les nouveaux trucs de Josh Homme, qui reste un de mes héros, mais un héros du passé. Oui bon le morceau qui vient de se terminer là s’appelait Loubs et les dernières minutes étaient carrément hypnotiques.

Ensuite il y a une chanson de Nirvana merde mais oui c’est Nirvana X Black Flag AU MOINS. On imagine bien le chanteur se lacérer le torse sur scène ou se frapper le crâne avec le micro jusqu’à se faire saigner, puis donner des grands coups de doc martens dans la gueule des mecs au premier rang puis faire caca sur scène en pensant très fort à Naomi Watts. La chanson s’appelait Health Plan.

Et la dernière c’est Teenage Adult. Encore un mélange intéressant de rock lourd et de noise albinesque des 90, avec une attitude punk. J’aurais bien aimé disposer des paroles. Je sais pas si elles sont très connes ou très intelligentes. Qui suis-je de toute façon pour décider ce qui est très con et très intelligent, ce que ça peut être prétentieux un critique. Je suis pas un critique je suis un mec de base qui écrit pour ses égaux, je veux pas qu’il y ait de hiérarchie entre nous et je ne veux pas vous imposer mon point de vue, pour moi la seule valeur digne d’intérêt c’est le plaisir, si ça vous procure du plaisir c’est que c’est bon allez y même si c’est Gangnam Style, moi je vais vous avouer un truc j’adore LMFAO, I’m Sexy & I know it, Party Rock Anthem, tout ça, c’est juste parfait. Bon. J’exagère un petit peu sur un point, il y a d’autres choses dans la vie que le plaisir, mais ce qui est vrai, c’est que si tu prend ton pied à l’écoute d’une chanson, elle ne peut pas être vraiment mauvaise. 

Bon voilà. Ecoutez ça, ça vaut le coup. Bises à plus.