Hair Police – Mercurial Rites (Type, 2013)

Atmosphère de château hanté de la place des Quinconces, une cloche qui se ballade, un souffle gris morbide et des guitares qui chantent un air sinistre, c’est la musique idéale pour une soirée pizzas entre amis. Le mieux c’est ce qui arrive ensuite, batterie bang, noise trémolo punk, les premiers Black Dice version black metal, noise méchant avec des cris saturés, et du feedback qui n’existe que pour te faire mal aux oreilles. Non c’est pas vrai c’est aussi très beau mais très noir. Putain c’est lugubre. Les paroles sont presque compréhensibles, enfin les rares mots qui émergent de ce magma rauque / aigu plus animal qu’humain. Tout ça me rappelle assez les disques de Wolf Eyes chez Sub Pop. Vous vous rappelez, Human Animal, Burned Mind, de la bonne musique. C’était vraiment bien oui. Ce premier morceau s’appelait We Prepare. Bonne entrée en matière. 

Le morceau suivant est plus mécanique, avec un gros coup régulier, un piston d’usine, un compresseur de robots obsolètes, suivant BOUM suivant BOUM suivant BOUM et les pauvres petits robots qui pleurent et qui gémissent non pas moi je suis peut être un robot mais j’ai quand même une conscience nooooonnnn. C’est triste. J’aime bien ces petits crissements stéréo qui oscillent rapidement de gauche à droite. Ils parlent et ils disent “non” pour certains, “hihihihi” pour d’autres. On est dans le char géant des Jawas sur Tatooine. Je ne vois pas d’autre explication. C’est assez plaisant à écouter en tout cas, on se fait vite emporter par ces gros coups de maillet galactiques et on adopte vite ces petits animaux électriques qui font bzzzbzbzbzbz on les comprend aisément. La distorsion n’est pas un problème. C’est peut-être un peu bizarre, mais bizarre mignon. 

Ensuite il y a des petits bruits mouillés, un énorme buzz et oh, une vraie guitare qui sonne comme une guitare ! !!  ! Elle gambade au milieu de tous ces sons bizares il y a notamment une note de synthé plus ou moins bourdonnante. qui dérappe un peu, change de tonalité, puis déconne totalement, genre mec bourré qui rentre du PMU en soucoupe volante avec deux grammes dans le sang. Ce morceau est très atmosphérique, beaucoup moins frontal que les précédents et que ce que je connaissais de Hair Police. C’est pas du tout punk cette musique.

The Scent, ensuite. Grosse basse dentelée qui ondule, sifflement perce oreilles, voix d’outre tombe black metal, ça monte ça monte, un moteur de petit ULM qui fait bzzzzzz, ou un insecte mécanique, c’est assez absurde, la superposition des sons est assez absurde, certains trucs tombent comme ça paf, comme un cheveux sur la soupe, mais bon, on sent la montée quand même, oh merde c’est hyper fun comme musique, et surtout quand ça commence à se barrer en couille, gros travail sur les vocaux, qui sont très typés noise, genre Black Dice ou Fuck Buttons, vous voyez, micro Playschool, onomatopées, et tout. Ce morceau a un côté rituel satanique pour les soirs d’orage électrique, dans une tour de pierre noire isolée dans la campagne, oui oui, CRRRZRZZZZZZZZ IT’S ALIVE, IT’S ALIVE. Oui mais quoi? 

Dilate And Inhabit. Cette fois il y a des bruits blancs de machine à vapeur et d’autres bruits qui rappellent la course du train sur les rails. Fun fun fun. Un morceau assez calme finalement, on voit pas très bien.  Bon il y a un truc à dire quand même, et qui est assez cool, c’est que les morceaux sont très courts. Ce qui fait 1) qu’on n’a pas le temps de s’emmerder 2) qu’on a plus d’ambiances bizarres sur un seul disque et 3) que le disque reste malgré tout assez court. Parfois, il n’y a pas besoin de s’étendre sur une heure voire plus. Ce disque fait à peine plus d’une demi heure et c’est très bien comme ça. Et oui, il donne l’impression qu’on s’est pas foutu de notre gueule. C’est du bon boulot. 

Bon voila fini avec les bons sentiments retour aux choses sérieuses le morceau suivant est constitué de fils qui parfois s’emmêment mais qui la plupart du temps sont tendus et se déroulent se déroulent se déroulent encore s’entrechoquent parfois comme les lignes d’une route qui tourne et ça donne un peu le mal des transports mais c’est bien. 

Le morceau suivant c’est des trucs percutés pincés des cordes des trucs en métal des trucs en bois (?) c’est très marrant on dirait qu’ils sont dans la pièce. Par dessus un mec dit des trucs d’une voix neutre mais qu’est ce qu’il me raconte je comprends pas il voudrait faire un truc non il voudrait que je fasse un truc. Il y a des manipulations de bandes, ça rembobine en accéléré, ça repart, c’est de plus en plus n’importe quoi on dirait un dessin animé psychédélique en noir et blanc. Un petit wagonnet de mine qui avance lentement et sur les murs il y a tout un tas de motifs psychédéliques qui apparaissent et se transforment en permanence. Ouf, c’est fini et le dernier truc qu’on entend c’est une corde de guitare grattée dans le sens de la longueur.

On finit par le morceau éponyme, notez bien la connotation mythologique / religieuse du titre. Guitare hyper glauque, son clair un max de réverb boueuse. Quelques coups de cymbale et une voix saturée doublée d’un synthé, les deux s’enroulant d’une manière hyper bizarre comme deux brins d’adn. Quelques coups de toms parfois, la voix qui s’énerve. Les morceaux de cet album sont tous assez progressifs et ils ont tous tendance à s’énerver petit à petit. Je crois. Et puis ils finissent tous par se calmer.

Bon c’est fini. C’était bien. 8 petites vignettes de noise de la Hammer, en gros. Joué avec une majorité de vrais instruments, c’est cool. Ce qui me fait penser qu’un autre groupe de noise sort son album bientôt, et j’en parlerai sûrement ici, il s’agit de Sightings. 

Voila c’est tout bisous à plus.