Psalm Beach – EP (2012)

<a href=“http://psalmbeach.bandcamp.com/album/ep” data-mce-href=“http://psalmbeach.bandcamp.com/album/ep”>Ep by Psalm Beach</a>

Annulation. 

Le samedi soir, sur le balcon. Musique répétitive. Je te tiens la main mais tu regardes ailleurs. Tu regardes les voitures. Les phares. Les petites lumières qui avancent. Tu t’en fous complètement. Perdue dans ta tête. C’est beau, t’as même plus envie de faire semblant. Tu t’emmerdes, tu m’emmerdes, tu fais exprès, et tu n’y prends même pas de plaisir. Tu te dis que tu aurais pu être ailleurs, avec quelqu’un d’autre, en train de boire des vodka caramel, la boisson la plus délicieuse et la plus cool du XXIe siècle. 

Tout le monde est triste, c’est un fait. Certains arrivent à l’oublier. Certains parviennent à devenir techniquement non-tristes, le temps d’une soirée. Au début en tout cas. Et puis, les heures passant, l’enthousiasme redescend comme un soufflé. On fait la queue pour aller aux toilettes, mal au ventre, muscles endoloris, peau moite, paupières lourdes. On aimerait avoir du silence, tout en se disant qu’à ce moment là tout silence ne pourra être que définitif. C’est horrible, lorsqu’on prend la décision de rentrer dormir. La fin. 

Alors on sort et il y a la rue silencieuse et vide. Au mieux. Au pire, il y a la rue pleine de mecs bourrés qui ne comprennent rien à ce qui leur arrive, et de gens tristes et résignés qui savent trop bien ce qui les attend. Le retour à la vie normale, la copine ou le copain qui râle parce qu’il est tard, parce qu’on sent le tabac mélangé à la transpiration. Oui poulette, désolé, la nuit est chaude, elle est sauvage. 

Heureusement tout ne se passe pas comme dans les livres. Ou alors, heureusement que parfois la vie ressemble à un livre. Il y a le hasard, la conversation trop belle qui n’avait absolument aucune chance d’exister. Des situations qui naissent comme le big bang, à partir de rien, tellement incongrues, inespérées et bienvenues, qu’il est dur dans ces moments là de ne pas croire en Dieu. Assis sur le trottoir, une dernière clope, confessions intimes, vis ma vie de jeune actif tentant désespérément de s’accrocher à ses années de fac. Je hais les étudiants je crois. Je leur en veux. 

Bref. Tu regardes les voitures, la brise te hérisse les poils. Tu crois que je vais te donner ma veste? Tas qu’à demander, tu ne le feras pas. Je m’en fous. J’en ai plus rien à foutre. Tu pourrais sauter du balcon, ok j’appellerais les secours, mais ma voix resterait neutre. Je sais pas. Je m’en fous. Une clope, un verre, qu’est-ce qui nous est arrivés, on s’en fout. C’est juste triste, et agréable. Je pense à toutes ces choses que je vais pouvoir faire. Écrire, faire des chansons, me comporter de manière excentrique. Pleurer aussi. Ça fait du bien. Pleurer et casser les vitres des voitures avec le pied. C’est pas évident, c’est pas comme dans les films. Il faut être sûr de son coup, s’assurer que personne ne regarde, on sait jamais. Ou alors grimper sur le toit de la première mini cooper venue, et sauter de tout son poids, encore et encore, puis bondir jusqu’à la voiture suivante, et faire de même, jusqu’au bout de la rue. Les voitures sont utiles mais elles ne méritent pas qu’on les aime. Je rêve secrètement de détruire une bagnole avec mes mains et mes pieds, comme dans Street Fighter. Une grosse Mercedes réduite en bouillie. Mes films préférés sont Crash! et Tetsuo. 

C’est marrant ce que deux cordes de guitares peuvent provoquer en nous. Celui qui n’a jamais pleuré en écoutant un disque ne peut pas comprendre. Et attention, je veux pas parler de ces moments où, déjà au bout du rouleau, la musique devient la petite pichenette dont tu avais besoin pour fondre en larmes. Non. Je parle de ces moments où tu pleures comme un bébé sans raison autre que ce qui sort des enceintes. C’est pas donné à tout le monde. Tu peux nager dans la musique et d’un coup elle s’infiltre à l’intérieur de toi et t’empoisonne le système nerveux et fait couler de l’eau par tes yeux. C’est bon, je sais. C’est pour ça qu’il y a des gens qui portent des t shirts de My Bloody Valentine. 

Donc on en est là. Vie de merde, fête désespérée, rapports humains distants, mais avec des fulgurances. Iggy Pop à la télé. L’alcool, les drogues. L’amour pour envelopper le tout. L’Histoire est morte, c’est clair. Plus rien n’existe, plus rien n’est vrai. C’est le monde horrible où tout est à la fois vrai et faux en permanence, comme si on était tous comme ce chat de Schrödinger. Cela rend d’autant plus magiques les moments où la vérité éclate enfin. Par exemple où quand tu es en face de moi, et je te regarde, et j’ai juste envie de te serrer dans mes bras, de te rouler une pelle en te caressant les fesses.