Dalglish – Niaiw Ot Vile

Salut. Dalglish. Sombre réverbe et synthés malicieux. Des petits sifflements aigus. Mélange électronique / acoustique, ambiance de cave. Oui tout ça on l’a déjà entendu la dernière fois chez The Stranger mais bon justement la comparaison est intéressante et puis tiens à partir de combien d’albums du même style on peut identifier une tendance? C’est sorti chez Pan, l’année dernière. J’avais déjà fait un petit billet sur ce disque, on pourra s’y référer pour de plus amples renseignements. 

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Beaucoup de petits bruits marrants donc, c’est comme un bouillon de culture – les océans au début de la vie. Je ne sais pas si ce sont des oscillateurs analogiques ou des trucs générés par ordinateur. Par dessus on entend un piano qui joue quelques notes. Une guitare aussi il me semble. Bref voilà. Est-ce que j’aime bien, j’en sais rien. Je trouve pas grand chose à en dire, ça se vit et puis c’est tout.

Le morceau suivant est bien plus marrant on dirait un château de cartes en train de s’écrouler au ralenti des cartes géantes en carton en béton en acier ça tombe ça tombe ça fait ploc ploc boum paf etc. À gauche et à droite c’est pas la même chose on a limite envie de tourner la tête de tous les côtés pour voir ce qui se passe mais en fait il ne se passe rien hein c’est juste un disque. Je pense un peu à Autechre. Mais les messieurs de Autechre, qui viennent quand même du hip hop, auraient inséré un rythme dans ce gros bordel tandis que là c’est vraiment le pur chaos. Au bout d’un moment quelque chose de plus fluide apparait, une sorte de sample passé à l’envers. C’est pas de la musique industrielle, c’est de la musique de chantier, de la musique de charpentier, de la musique de déconstruction. L’intensité s’accroit, c’est de plus en plus fort, de plus en plus dense, et puis ça finit par se calmer et on entend mieux ce rideau de synthé passé à l’envers. En réalité c’est pas passé à l’envers c’est juste qu’il n’y a pas d’attaque. Beaucoup de techniques différentes sont utilisées j’ai l’impression pour produire cette musique. C’est bien. On entend quand même pas mal de bruits qui semblent “réels”. En général, les sons concrets sont plus visuels. Il ne s’agit quand même pas dans les paysages désolés de l’album de The Stranger. C’est beaucoup plus abstrait, ou disons plus exotique. On est vraiment sur une autre planète. Une planète qui grouille de vie, mais va pas chercher à comprendre tu n’y arriverais pas. On est au delà du bien et du mal, du joyeux et du triste, du sombre et du clair.

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J’en suis au troisième morceau et c’est toujours la même chose, plein de bruits électroniques marrants, des choses plus reconnaissables derrière, cette fois ce sont des sortes de violons joués en pizzicati fous, style film d’horreur avec des araignées. Sauf que ça fait pas peur. Il y a toujours une certaine progression dans les morceaux. Cette fois c’est assez indéfinissable. Il se passe néanmoins un truc, c’est clair. Un machin bitcrushé, un halo de son, comment dire ça flotte c’est flou et voilà. Expérience psychédélique c’est le moins qu’on puisse dire. A mon avis ça doit bien passer sous champis. Mieux que tout ce que j’ai pu essayer en musique prout prout de conservatoire. Et pourtant on en est pas loin. C’est juste plus fun. Je crois que leur problème aux gens de conservatoire, c’est qu’ils réfléchissent trop. Leur musique c’est donc pas très fun. Ils veulent tellement dire quelque chose qu’ils en oublient que la musique c’est avant tout du son, et un art.

Ah le morceau suivant est différent. Tout en fluidité, des nappes de synthé, une mélodie, on se rapproche de l’ambient classique, mais toujours en un peu zarbi. Ce mec j’imagine qu’il a pas mal bossé pour arriver à quelque chose d’aussi singulier. Ou alors il est fou et il entend des trucs dans sa tête. Je ne sais pas. Des trucs vraiment pas normaux. La mélodie c’est pas vraiment une mélodie d’ailleurs, j’arrive pas à identifier un cycle ni même un fil directeur, c’est juste un enchainement de notes qui créée quelque chose, une émotion, une sorte de repos inquiétant. On est sur une autre planète, il faut pas l’oublier hein.

Ensuite il y a ce morceau que j’avais déjà posté sur le blog. Il n’est plus question de voile, nous avons là de simples fils qui se baladent indépendamment les uns des autres. Zéro tissage. Une autre sorte de chaos, mais plus lâche. On imagine une anémone de mer, une méduse, ce genre de chose. Mais en version électronique, avec craquements, buzz, filtres, résonance, oscillations basse fréquence. Youpi youpi. Youpi youpi. La réverbe est vraiment caverneuse ici et tous ces petits bruits très aigus rappellent le scintillement des pierres précieuses sur les parois. Les associations son-image parfois hein… C’est beau, il faudrait comprendre comment ça marche. Ca doit pas mal varier d’une personne à une autre mais il doit y avoir une base commune. Je veux dire, entre personne partageant la même culture. Faudrait enquêter. Demander à des gens ce qu’ils visualisent en écoutant ce disque.

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Ah tandis que le sixième morceau est en train de débuter, parlons un peu des titres. Venpin, Noscrlu, Viochlm, Out_Kutzk, Seit Nuin, Mothlitz, etc…. Je ne comprends pas et je parie que vous non plus. Bon en même temps j’ai pas lu le dossier de presse. Je fais mal mon boulot mais c’est ça qui différencie le blogueur hyper amateur du journaliste sérieux. Moi je peux brandir mon majeur à la face du monde sans trop rien risquer, au pire au lieu d’avoir 100 lecteurs par mois j’en aurai 10. HA. Bon tout ça pour dire qu’on est bien sur une autre planète, avec ces titres qui veulent rien dire. Ça me rappelle vaguement Aphex Twin, et d’ailleurs j’ai pensé à lui plusieurs fois depuis le début du disque. Coïncidence? Peut-être pas.

La fin du disque ressemble à ce qui a précédé. Océan primitif, électronique + acoustique, bruits bizarres, ambiance extra terrestre, réverbération caverneuse… C’est une suite de variations avec les mêmes éléments, plus ou moins denses, plus ou moins filandreuses. Le morceau qui passe là, est du genre suspendu. Très très intéressant. C’est comme une version stylisée, enjolivée, d’un son d’instrument à cordes traditionnel passé au ralenti, time stretché. Vachement court, il y a une suite de trois morceaux ne dépassant pas les deux minutes trente. C’est plus statique. Et puis finalement on arrive au dernier morceau qui commence par un majestueux empilement de nappes de synthés, avec des basses surgonflées. Cette fois on flotte carrément dans la stratosphère, on slalome entre les nuages à dos de méduse géante. Dans un ciel rose fuchsia qui ondule. Toutes les couleurs de l’arc en ciel pastel. C’est beau. Pour la première fois depuis le début du disque, on entend quelque chose de vraiment beau, reposant, qui dégage une sensation de plénitude. Le voyage sur la planète pastel est fini mec. Atterrissage en douceur, il est temps d’ouvrir les yeux, voir les mecs qui bossent autour de toi, assis devant leur ordinateur, blablabla. En face de moi, il y a un poster de la Blue Marble, cette fameuse photo de la Terre prise à 45 000 km par un membre de Apollo 17. C’est beau. Ah en parlant de ça, je vous conseille d’aller voir ces photos inédites de la mission Apollo 11 dévoilées par la Nasa. Elle sont très belles.

C’est tout bisouilles à plus.