Parlons un peu d’Aphex Twin. Cet individu qui fut une idole pour des millions de jeunes, avant de sombrer dans un silence discographique quasi complet pendant une bonne décennie, pour finalement sortir un album tellement prévisible l’an dernier. Enfin, prévisible, je m’entends. On aurait pu s’attendre à tout de la part d’un mec qui possède un char d’assaut, et finalement il nous a sorti un album sympa sans plus, plutôt dans la veine de Richard d james album, mélodies de comptines, beats concassés parkinsonniens, etc. Perso j’ai tellement baillé, je me suis même endormi plusieurs fois en l’écoutant. 

Tout ça pour dire que, ça ne vous aura peut-être pas échappé, richard a décidé depuis de bombarder ses fans de tracks inédits, essentiellement via soundcloud.  

Je m’attarderai un petit peu sur cet engin qui vient tout juste de sortir Warp, et qui se nomme Computer Controled Acoustic Instruments pt2. Je pars du principe que le titre décrit fidèlement le contenu, ce qui semble tout à fait plausible, d’ailleurs Squarepusher l’a fait, et montré en vidéo, récemment. 

Pour moi, c’est ça le véritable nouvel album d’Aphex Twin, et Syro est juste une blague, un truc fluo clignotant jeté à travers le jardin pour que les gogos aillent voir ailleurs. Ce nouvel EP est exactement ce que j’attendais d’Aphex Twin. C’est la suite logique de son travail sur Drukqs, tout en ouvrant de nouvelles pistes pour les jeunes générations. C’est imparfait, mais conceptuellement brillant, et tellement bien produit – c’est fou, on a l’impression d’être dans la pièce où ces instruments sont actionnés par des petits doigts en métal. C’est une musique qui s’adresse à plusieurs zones du cerveau, et appelle plusieurs réactions simultanément. Je suis émerveillé en écoutant ces morceaux, parce que c’est quelque chose que je n’ai jamais entendu. On est dans le turfu là, les enfants. 

Outre l’aspect technique, il faut reconnaitre que les compositions ne sont pas tout à fait abouties. C’est de la musique réellement expérimentale, et vous remarquerez que j’utilise rarement ce terme parce que je sais faire la différence entre ‘inhabituel, bizarre’ et ‘expérimental’. C’est pas la même chose. Ici, on a par exemple une plage assez courte qui ne consiste qu’en une succession de frappements de caisse claire qui s’accélèrent de manière régulière, jusqu’à atteindre une fréquence inhumaine, avant de ralentir à nouveau. Point. Démonstration technique des possibilités du dispositif, intérêt artistique à peu près nul. Et pourtant, c’est passionnant et j’ai envie de l’écouter encore et encore. On remarquera que Richie aime les sons qui rebondissent, il en avait même fait un morceau il y a longtemps qui s’appelle Bucephalus Bouncing Ball (sur le EP Come to Daddy, un de mes préférés). 

C’est un disque très court, une vingtaine de minutes, avec quelques pistes longues, d’autres très courtes, comme un bloc notes, une boite à idées, un programme de travail. Il y a un morceau pour piano. Pas piano préparé, non, juste piano. C’est une composition assez technique, qu’il n’aurait certainement pas pu jouer lui même. Grâce aux machines, il peut se permettre de laisser libre cours à sa créativité, sans limitation. Et de cette manière, peut-être qu’il va se révéler être un excellent compositeur pour piano. C’est en tout cas ce que je me suis dit en écoutant ça. J’espère que d’autres morceaux viendront. 

Bref. Surtout faut écouter ce disque qui je le rappelle est très court. Pour se rappeler que cet homme est un génie, et qu’il a pas fini son travail d’exploration.