D’habitude j’écoute la musique au casque ou dans mon salon mais je n’ai qu’une enceinte Jabra ici. Ça va c’est correct. Ce qui est bien avec ces trucs c’est qu’on peut les déplacer comme on veut pendant que la musique se diffuse on peut jouer avec la réverbération et tester les rebonds sur les murs et le déplacement. On n’a pas l’habitude d’écouter de la musique sur des hauts parleurs mobiles mais pourquoi pas, moi j’aime bien m’amuser avec.
Donc la musique c’est un album de Nicolas Linel pioché au hasard sur son bandcamp. Ça date d’il y a deux ans. Bon, c’est du bruit. J’entends du souffle et des petits sifflements saturés, des insectes qui s’activent autour des cendres encore fumantes d’un barbecue humain. Violente transition et il y a un grondement électrique qui déchire le spectre sonore ; en fait j’ai l’impression que c’est le même son mais filtré différemment, une oscillation très lente mais très puissante, une pulsation mystérieuse comme ce truc avec l’île dans Lost. Il faut penser à appuyer sur le bouton au bon moment. Et ça continue entre l’insectoïde et le volcan électrique jusqu’au moment où ça s’arrête.
La suite c’est un gros magma électrique encore une fois mais pourquoi je dis tout le temps électrique et bien peut être parce que ce que j’écoute c’est la conversion d’un signal électrique assez simple disons qu’il passe dans un circuit assez primaire donc on sent bien que c’est de l’électricité pure mais en même temps le résultat est riche et foisonnant du fait justement du caractère primitif de ce circuit électronique qui génère obligatoirement de la diversité et du chaos à la marge.
Le morceau suivant n’est pas très long. Il s’appelle Voss. Ok.
Ensuite il y a volvic, une chanson qui ne se passe pas dans le massif central. Plutôt à St Nazaire, dans le chantier de construction d’un gros paquebot. Il y a des chalumeaux géants, du métal en fusion, des étincelles, des robots géants, des humains minuscules protégés derrière des vitres blindées. La musique-usine, qui chalume, qui poinçonne, qui oblitère, qui corne, qui résonne, qui grouille de pseudo-vie mécanique et bigarrée, ça fait partie des trucs que je préfère en musique parce que ça suggère l’intensité, l’immensité et que c’est très dépaysant. ouch par contre ça s’arrête un peu brutalement, avant que j’ai pu dire un mot sur Rama. Bon ok
Suit un morceau court et plus cosmique, c’est à dire, relativement peu dense en matière. Mais il y a de petits astéroïdes qui fusent.
La fin, c’est un atterrissage. C’est un peu gris / blanc. Oui comme la pochette. Il y a une pulsation comme un battement de coeur approximatif mais je crois que la bestiole vient de se faire griller par un lance flammes. Je pense que c’est le genre d’ambiance sonore qu’on subit lorsque sa propre planète se fait dévaster par des extra terrestres qui sont comme des sauterelles. A la fin, il ne reste plus grand chose, c’est assez sec. Ça brûle encore un peu, il y a surtout beaucoup de fumée. En un sens, c’est une purification, après tout, la vie a survécu à des catastrophes tout aussi violentes. Elle se simplifie, elle se retranche, avant de repartir. Le problème c’est qu’elle n’est pas forcément capable de tirer des leçons de son infortune. Mais c’est pas grave, on ne lui demande pas ça, on lui demande juste d’exister. La complexité n’est pas un point, c’est un chemin non linéraire infini, jusqu’aux dinosaures, jusqu’aux dauphins, jusqu’aux humains, et qui peut prédire ce qui va venir ensuite.
Bref. Cette petite suite est toute grise, mais c’est bien. C’est une douche de cendres et de décharges électriques, de quoi se purifier comme il faut. Malgré tout on y perçoit de la vie, de la vie adaptée à un environnement hostile, fait de cendres et d’électricité. De la vie adaptée et pourquoi pas contente d’être là. Je ne vois pas trop de pessimisme là dedans, plutôt de la curiosité voire de l’émerveillement. C’est de la musique à faire écouter aux enfants, c’est clair. Mais suffisamment tôt, vers 2 ou 3 ans, avant qu’ils mettent la main sur la télécommande et découvrent Maître Gims.
Mention spéciale à l’imprimante matricielle / Volcan explosif qui s’appelle Quezac. Et aussi à Volvic.
D’ailleurs il faudrait que je parle du nom de ces morceaux. J’ai l’impression que c’est un hommage à l’eau minérale. Voss c’est une eau minérale norvégienne, chojeong c’est coréen et ainsi de suite. Pourquoi pas. Je bois de l’eau minérale en ce moment, pour une raison trop complexe pour être évoquée ici. J’aime pas trop consommer tout ce plastique, mais bon, est ce que c’est vraiment mieux de boire l’eau du robinet… Sûrement, dans une certaine mesure. Ça ferait un bon sujet de fond ça, sur un blog de musique. Une rubrique conso, mais oui. Merci Nicolas Linel pour cette suggestion.
C’est tout à plus Basics by Nicolas Linel