Alors voyons voir ce nouvel album de LCD Soundsystem. Je pense que mon avis va vous intéresser parce que ne suis pas trop fan. J’ai bien écouté losing my edge tous les soirs dans ma voiture quand j’étais au lycée, mais je ne l’ai pas choisi, ça passait à la radio. Ensuite, j’ai acheté quelques maxis, et je crois que je me suis arrêté au premier album. Bref, on s’en fout.
Celui là commence avec une sorte de ballade minimaliste avec une pulsation de synthé qui me rappelle Jacno et Phil Glass en même temps. C’est bien. Non sérieux c’est une belle chanson, un peu molle peut être mais c’est un détail, en vrai je pense qu’il faut écouter ça en fin de soirée, après pas mal de verres d’alcool. Pas grand chose à en dire, mais c’est mignon.
La suivante est plus dansante, ça me rappelle la musique new yorkaise hipster des années 2000, genre LCD Soundsystem. Ah oui merde, c’est ça. Ok c’est cool, il a tout à fait le droit. Il y a un solo de guitare ; le gars se prend un peu pour Robert Fripp avec les Talking Heads quand même. D’ailleurs personne lui a dit à James Murphy, que les Talking Heads l’ont déjà fait ? En mieux, je veux dire. Et puis, si on veut faire de la musique de transe, il faut faire les choses à fond, ici on dirait qu’ils ne sont qu’à 70%, c’est un peu ennuyeux. C’est pas nul, en trichant un peu à l’équalisation je pourrais peut être ajouter du punch. Mais en l’état, je n’écouterai plus jamais ce morceau, c’est évident. Il y a tellement de musique bien dans le monde, je n’ai pas de temps à perdre avec cette sorte de disco punk 70%. Je veux au moins du 95%.
Ouf, morceau suivant : I Used To. Vous remarquerez que je ne m’attarde pas trop sur les paroles. Quand la chanson commence par “I used to dance alone of my own volition”, vous comprendrez que ça ne donne pas trop envie. Non je suis pas méchant, c’est juste qu’il vaut mieux se laisser porter par la musique et s’imaginer sa propre histoire. Cette chanson est un peu plus originale. Elle est assez lente, la batterie prend beaucoup de place, il y a ce synthé avec du chorus, on dirait vaguement les Cure, surtout la guitare à la fin. C’est un peu nostalgique, ok, avec une voix de fausset, la même ligne de basse du début à la fin…
… et là je me rends compte que je me suis lancé dans un disque qui dure 1h09. Diantre.
Le morceau suivant c’est une sorte d’hommage à Talking Heads mais non. C’est pas mal fait mais ça manque un peu de personnalité. Il y a ce guitariste qui se prend encore pour Robert Fripp. J’ai envie de lui dire d’arrêter. L’idée du morceau n’est pas mauvaise, c’est juste que j’aurais pu entendre la même chose en 2008. Et aussi, on est toujours coincé à 70%. Ces gens ne savent pas ce que signifie l’expression “se lâcher”. Je sais, avec l’âge ça devient plus difficile, mais Iggy Pop à 70 ans a plus de pêche que ça. J’ai l’impression d’entendre une musique de pub pour un parfum de luxe à la con, avec une top model froide qui se prend au sérieux, qui porte des lunettes de soleil ringardes et qui balance un slogan publicitaire pseudo profond à la con. Je dis stop.
Ensuite il y a ce morceau qui s’appelle How Do You Sleep. Un rythme de toms avec un petit écho, on a l’impression d’être dans une salle de squash. James se met à chanter, c’est toujours mou et grassouillet, et pourtant j’ai l’impression qu’il y met de sa personne. Il y a ces petits arpèges de synthé des années 70, un violon qui trace tout droit, c’est entre le Velvet et un quelconque pow wow. J’imagine la lune, des loups, quelques indiens. C’est l’esprit des premiers habitants de la Côte Est. Et puis d’un coup il y a le kick four on the floor, une grosse basse de synthé style Juno, beaucoup d’écho, James qui continue à chanter à 70%… non là il est à fond, on voit des veines ressortir dans son coup, il doit être à 73%. Le truc qui fait vraiment peur c’est que le morceau dure 9minutes et 12 secondes, ce qui laisse le temps de changer d’avis et de lui trouver des qualités. Je n’ai pas trop envie de l’aimer cette chanson mais c’est vrai, c’est tentant, après tout moi aussi j’aime la lune et les indiens, et puis, 2008 c’est pas si loin, je me revois dans la cave du Saint Ex à danser sur des trucs hipsters de Brooklyn. Enfin bref. Les nappes de synthé montent montent montent comme un vaisseau extraterrestre dans un ciel sans nuage, en s’éloignant ; plus que quelques notes… Oui, c’est une version disco de rencontres du troisième type. Cool.
Ensuite il y a encore une chanson disco, mais cette fois ça tape un peu plus, c’est plus acide, plus cuir moustache. Ça m’a l’air un peu plus hédoniste aussi, genre ça se concentre sur le présent. C’est une bonne idée. On ne peut pas constamment danser en pleurant. Le présent n’est jamais triste quand on danse – puisqu’on danse. Ceci dit, ça évoque un peu une version moins gracieuse de “I Feel Love”. Et puis cette voix de fausset, j’ai envie de dire à James : non. C’est juste que ça ne lui ressemble pas, aujourd’hui c’est un papa loutre, il peut pas chanter comme ça : je n’y crois pas. On n’est plus en 2002. Mais c’est vrai que c’est assez entraînant, si j’avais l’assurance que cette chanson passait dans toutes les boites de nuit de France, je serais assez satisfait. Après quelques tequila paf, ça doit être parfait.
Ah tiens ensuite il y a une guitare basse. C’est le morceau Strokes on dirait. Oui pour l’instant ça ressemble à une intro des Strokes, un autre groupe New Yorkais tout droit sorti de ces années 9/11 Kazaa lycée et compagnie. C’est la séquence émotion, avec une batterie plus ou moins punk, de la ride en veux tu en voilà, c’est épique, il y a des guitares très aériennes, un refrain, ça fait vaguement Heroes de Bowie, ou U2, je sais plus, tu vois le genre. A la limite je préfère ça aux autres morceaux, c’est touchant, c’est un peu triste aussi. Presque balourd, mais pas tout à fait. Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve James vachement plus convainquant dans ce registre, comme si c’était plus naturel pour lui. Il est plutôt à 90% sur cette chanson, belle performance, pourtant c’est bien la chanson la plus adolescente du lot. Allez comprendre.
Et puis ensuite il y a American Dream, une sorte de synthé ballade qui se dandine comme un slow hollywoodien des années 80. Je crois que ça parle de quelqu’un qui a mangé un acide, et qui est un peu trop vieux pour ça. Je suis pas sûr mais je pense que dans la tête de James il y a quelques regrets et en même temps un peu de tristesse de ne plus avoir 30 ans. Elle est triste cette chanson, pas forcément géniale mais touchante parce que je me mets à sa place.
Ensuite il y a Emotional Haircut. Ça m’a tout l’air d’être du rock, c’est bien, je préfère quand c’est du rock. Je dois en profiter parce que c’est l’avant dernière chanson. La dernière dure 12 minutes et c’est probablement très chiant. Donc Emotional Haircut. Bof, il fait son malin, avec sa voix de fausset, ce tempo bondissant, mais personne n’est dupe, c’est pas la peine de sortir ton hard rock James, tu ne m’auras pas. Bon. Passons à la suite.
Black Screen : c’est de la boite à rythme et des synthés. Pour l’instant il n’y a pas grand chose, ça monte lentement, juste une note, il y a cette nappe à la Blade Runner, et puis James se met à chanter à destination de son pote, mais je ne suis pas sûr que ça veuille dire grand chose. C’est assez futuriste, dans la mesure où Blade Runner est toujours futuriste (il faut juste oublier que c’est Vangelis qui a fait la BO ; mais je crois qu’on était plus fort autrefois pour évoquer le futur, aujourd’hui, nous sommes coincés dans le présent, pas le temps de penser à demain. Du coup, oui, Blade Runner c’est toujours à la page. La preuve : le Blade Runner 2 promet d’être bien plus vieillot et ringard que le premier). Non mais par contre pour l’instant cette chanson est chiante. Je suis à la moitié, il ne s’est rien passé. James culmine à 50% là, il n’essaie même plus. En même temps, 1h09 mec, c’est pas possible. Ah tiens la basse monte à la quinte, genre il va se passer un truc : suspense. Un piano ! Qui joue 2 notes en boucle, puis un tout petit peu plus… Le synthé derrière, on dirait un MS-20 avec tous les réglages au milieu = chiant. Je comprends pas trop cette basse molle superposée au piano. Ok ce morceau sert pas à grand chose. Si : à décuver le dimanche aprèm. Je sais, c’est de plus en plus dur. On en reparle lundi.