The Horrors – V (Wolf Tone Limited, 2017)

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Je me lance. Ce disque a l’air très musclé, bon gros son de musique mainstream avec des synthés, un mec qui chante comme si c’était un curé : c’est la messe du dimanche à la fête foraine. Dans son sermon il se demande si on ne serait pas des hologrammes (?). Culte non identifié, mais si il avait lu les Védas il saurait que nous ne sommes que l’ombre portée du Brahman infini et immuable. Visiblement, la question de notre réalité ne l’angoisse pas plus que ça étant donné qu’il enrobe son questionnement dans une musique de fête foraine, avec des piou piou laser, des grosses batteries stéroïdées, c’est un peu trop pour moi, d’autant qu’au final on suit juste une autoroute bien pépère, juste deux notes, un début une fin, rien d’extraordinaire.

Un peu de piano ensuite, en guise d’introduction, ambiance mystère, mais vraiment très brièvement, puisque tout ça est balayé par un son de fête foraine, encore, et retour de la batterie surgonflée, dans un style un peu différent cette fois. On se situe dans un registre easy listening cool vintage chiant, le genre de truc qu’on peut entendre à longueur de journée sur Radio Nova (quoique, je dois avouer que je n’ai pas écouté cette station depuis plusieurs années. J’imagine que ce n’est pas allé en s’arrangeant, peut-être qu’ils passent la même daube que sur Virgin Radio aujourd’hui ? Je sais pas). Objectivement, c’est pas nul : c’est juste que ça arrive trop tard. Tu aurais mis ce disque il y a 15 ans, je t’aurais fait un bisou. Tous ces petits bruits marrants, cette batterie monster truck, cette ambiance psychédélique de fête foraine indie cool, c’est de là que je viens non ? Sauf que de nos jours, on entend ça partout, peut-être pas aussi chiadé, mais les pubs, les retransmissions sportives, les défilés de mode, les playlists de supermarché, radio nova… C’est quoi l’intérêt ?

Le morceau suivant c’est pareil, il est plaisant, mais tellement vain, il me rappelle un peu U2. U2 contre Fatboy Slim. Toujours ce chant de curé, individualité totalement effacée pour faire place à la musique, juste un instrument parmi d’autres. Ce troisième morceau est quand même plus entrainant que les autres, un peu plus. Il est euphorique et champignonesque, il me rappelle vraiment ce sentiment de dissolution de l’ego que je ressens en festival, lorsque je suis un peu saoul et coincé au milieu d’une foule immense. Autrement dit : c’est de la musique de festival. Une grosse machine de festival, voire de stade, comme U2. Quand c’est bien fait, je n’ai rien contre, parce qu’en tant qu’homo sapiens, j’ai besoin de ce genre de communion et de célébration d’un truc plus grand que moi. On a besoin de se sentir tout petit face au cosmos, c’est à ça que servent les festivals et autres grands raouts estivaux (dans leurs meilleurs moments).

Le morceau suivant est censé être plus calme, mais c’est tellement compressé de partout que ça fait presque autant de bruit. Il y a un orgue, une boite à rythme un peu cheap, mais Faris chante de la même manière, c’est à dire sans trop de nuance, comme un routier du rock de stade. Le morceau finit par exploser en un million de petits confettis brillants, ambiance euphorie triste, éléphant avec des lunettes de soleil, poids lourd rempli de bonbons, direction la côte, le soleil, l’espace.

Point of no reply : démarre avec une guitare à l’envers, puis batterie Schwarzenegger, basse claquante, on dirait Empire Of The Sun, le chant un peu en retrait, la star ici c’est le gars qui fait les bruitages de fête foraine. C’est du beau boulot de studio, dommage qu’ils aient été un peu trop gourmands en volume sonore : on a l’impression d’écouter la radio tellement c’est compressé, désespérément aplati, comme si ils avaient peur qu’on ne les écoute pas. C’est aussi mon défaut quand je fais de la musique, mais moi je sais que mes craintes sont justifiées : on ne m’écoute vraiment pas ! Eux, se sont les fucking Horrors, c’est à dire les nouveaux U2, ils n’ont pas besoin d’en faire des tonnes pour que les filles leur balancent leur culotte. C’est dommage mais après, c’est une véritable esthétique, le festival. Le jeune en manque de Primavera sera heureux de retrouver le son typique des grandes scènes de plein air sur ce disque.

On est à la moitié du disque. Le morceau s’appelle Weighed Down. Les paroles sont du genre divagations de drogué. Elles me font un peu rigoler au départ, quand il dit : “A silent melody, how could I know? / A silent lullaby, to your soul / Caught in a slow decline / And it gonna fall / When you don’t know the way at all. Ça me fait rire parce que la musique c’est loin d’être silencieuse, elle est légèrement plus calme, mais ça bastonne bien quand même. Sinon, c’est toujours cette idée de dissolution qui domine. Je deviens plus léger parce que mon corps petit à petit s’efface, mon corps associé à mon individualité, mon âme se détache lentement pour rejoindre l’éternité immuable. Tant mieux.

Puis vient Gathering, un morceau avec de la guitare sèche, bien plus pop, on entend vaguement les Beatles ou Oasis. Mais aussi Duran Duran et un peu William Sheller. C’est presque raffiné. Comme si les gros bras du ciné d’action des années 80 prenaient le thé ensemble chez Elton John : Arnold, Sylvester, Jean-Claude, Bruce, tous assis les jambes croisées, en train de déguster un délicieux Earl Grey dans des tasses en porcelaine. Ça vous fait rire ? Ben ouai, ce disque me fait un peu rire. Ceci dit, j’aime beaucoup les acteurs sus-cités. Ils sont tous adorables et j’aimerais être leur ami.

Le morceau suivant s’appelle World Below et plus que jamais c’est U2 Vs Fatboy Slim. Je crois que je préfère la voix de Bono. Un peu plus expressive. Non sérieusement Faris tu m’ennuie un peu. Sinon les paroles, c’est toujours ce truc de drogué qui vient de voir Dieu. Bref.

Plus que deux et c’est fini. Donc, voici It’s A Good Life. Déjà le titre il m’énerve. Le contenu : pas de batterie, synthé qui trémollote, du piano, mélancolie à la Trent Reznor, paroles incompréhensibles mais “cool”. Puis arrive une sorte de batterie disco, et c’est le climax de la chanson, dont les paroles sont “It’s a good life, a good life, until it’s gone”. Ce piano et tout, ça me rappelle le style The Fragile de Nine Inch Nails. Oui vraiment, c’est une grosse machine les Horreurs.

Enfin, il y a Something to remember me by. Paroles de drogué qui voit Dieu, gros synthé EDM, tempo enlevé, ambiance cool triste, cotonneuse, encore une fois l’impression d’écouter Empire Of The Sun, c’est doux et confortable comme un PQ triple épaisseur parfumé à la lavande. La fin, c’est pas compliqué, c’est Colplay, oui vous savez, le Coldplay nouvelle formule, le Coldplay EDM. En mieux évidemment, faut pas exagérer. Mais je dois dire que je préfère aussi la voix de Chris Martin. Faris n’est pas un très bon chanteur, il a le timbre plat, il n’est pas assez expressif, il ferait mieux de reprendre quelques champis.

Bon voilà c’est tout.

Ah si : j’adore la pochette.