Jupiterian – Terraforming (Transcending Obscurity, 2017)

Ce disque commence avec des grillons, des shakers grillons, ça crépite doucement, comme dans une poêle. La basse, des tambours, ambiance champ de bataille au petit matin. Enfin le morceau démarre vraiment : des guitares ! Elles sont un peu tendues, l’ambiance n’est pas à la rigolade, c’est même plutôt inquiétant. Le gars a une voix d’orque. Oui vous l’avez compris, c’est la guerre et on est plutôt du côté des méchants (?). Ils veulent marcher sur le monde, le dominer, l’écraser, imposer leur programme de mort et de destruction. Oh un petit break marrant. Grands coups de cymbales, le tempo est lourd, lent, comme un tank géant qui planterait ses chenilles cramponnées bien profond dans le sol. Un tank super stable et puissant, armé d’un canon à plasma. Bon musicalement on est pas chez les plus primitifs des vikings scandinaves, il y a quelques fantaisies. Ce qui me dérange surtout, c’est ce côté sinistre. La musique inquiétante, c’est bien, la musique vraiment sinistre, je sais pas. J’aime pas être triste. J’aime bien être déboussolé par contre, ne plus savoir où je suis. Ici je connais, j’ai déjà vu le Seigneur des Anneaux. Par contre ça se passait pas dans l’espace j’avoue.

Le second morceau commence ; il est un peu introspectif. Comme si on se focalisait sur un participant, un capitaine héroïque qui fonce dans la mêlée au mépris du danger. Il s’en fout de mourir, mais il a un truc à venger. Peut-être que les ennemis on sauvagement violé et dépecé sa fiancée. Ah la vengeance, c’est un plat délicieux, chaud ou froid. Elle était probablement enceinte, et ils ont dû brûler sa maison. Bref la totale, le gars a tout perdu, ça s’entend. Il a hurlé son désespoir toute la nuit, avalé des litres d’alcool de pomme de terre pour oublier, mais ça n’a pas marché, et maintenant sa voix est toute éraillée. Si ça se trouve, avant tout ça il chantait comme Andrea Bocelli. Mais c’est bien, ça fait peur aux ennemis. On a l’impression que ses tripes vont s’échapper par sa bouche à chaque fois qu’il lance un growl. Tiens, rien à voir mais je crois entendre une double pédable. Je suis pas sûr parce que c’est bien en retrait dans le mix, à vrai dire on entend surtout un magma d’infrabasses. Bon maintenant le morceau peut s’arrêter parce qu’il est un peu lent et mou. C’est vrai quoi, j’écoute pas un album de funeral doom ou de post rock, hein les gars. On a compris, émotion, introspection, c’est bon. Maintenant vous pouvez recommencer les trucs bourrins. Allez hop on y va. Merci.

Donc c’est le troisième morceau. J’espère qu’il est un peu plus rapide. Il commence une fois de plus avec des petites percussions, clochettes, breloques, on est sous la tente du Général, décorée comme un gros bourgeois, et il y a un peu de vent. C’est bon, la stratégie a été arrêtée en petit comité de squelettes, de vikings aux beaux cheveux, et d’orques débiles : on va bourrer dans le tas en faisant appel à Jean-Michel, le gros géant qui mesure 5 mètres et pèse environ 10 tonnes. Il est un peu gros et ne craint ni les balles, ni les flèches. Par contre, il ne supporte pas la vue du sang, alors on lui a mis des oeillères, même si il trouve ça un peu dégradant. C’est un enfant assis sur son épaule (et bien sanglé ne vous inquiétez pas) qui le guide à travers ce merdier. Le morceau n’est pas vraiment plus rapide. En fait, cette musique me fait penser à ISIS, vous savez, ce groupe à la mode il y a 10 ou 15 ans, qui faisait un mélange de hardcore, de post rock, de metal, et puis c’était un peu triste, et puis il y avait des interludes instrumentaux qui ressemblaient à des indicatifs de france info. J’aimais bien, surtout l’album Oceanic. Alors, certes Jupiterian c’est plus velu, mais c’est souvent des tempos similaires, et puis ces guitares bavardes et larmoyantes ne sont vraiment pas loin. 

Terraforming (Atmospheric Doom/Sludge Metal) by JUPITERIAN (Brazil)

Il y a un morceau ensuite qui s’appelle Terraforming. Il est intéressant, c’est un interlude, il est fait de bourdonnements graves et aigus, d’une voix de sorcier, pas de batterie, et non ça ressemble pas à la musique de france info des années 90. On est plutôt au centre d’un sanctuaire, avec un mage barbu qui lance une invocation pour modifier la composition chimique de l’atmosphère. Il convoque pour l’occasion quelques démons qui s’infiltrent dans notre réalité par un portail tourbillonnant. Bref. Il faut bien ça pour augmenter les performances physiques de nos braves soldats.

Puis la chanson suivante est une sorte de cavalcade urgente voire bien tendue. Tagada tagada sur un raccourci de Mario Kart qui mène de l’autre côté du champ de bataille, juste derrière les troupes ennemies. Surprise et grosse panique, bien évidemment. Nos copains sont contents, ils ont l’avantage, ils sont ultra chauds, ça tranche, ça décapite, ça explose, ça éviscère, ça écrase avec enthousiasme. Frenégonde n’a pas été assassinée en vain. Les méchants ennemis vont regretter d’être nés. Tiens encore un petit rythme syncopé marrant comme tout à l’heure. Le problème de ce disque, c’est qu’il n’y a pas assez de petits rythmes syncopés. C’est un peu trop lourd et indigeste. Si c’était seulement lourd, ça ne me poserait aucun problème, mais c’est tout le temps pareil, je sature assez vite. C’est comme le Succès que j’ai mangé l’autre jour : trop de biscuit, pas assez de crème. Oui la musique et la pâtisserie c’est pareil : il faut un juste équilibre entre les texture et les goûts. Sinon, c’est écoeurant.

Il reste un morceau : il est assez lourd. OK comme tout le reste. Il y a ce passage qui ressemble à une prière entrecoupée de petits refrains mélodiques, comme à la messe. Je suis pas contre. On sent qu’on s’approche du climax quand même. Enfin je crois, non je suis pas sûr. Ah un solo de guitare. Ok, ça fait un peu Still Loving You, ça doit être pour le passage en radio. On se situe là dans un registre carrément héroïque guerrier : “ouais les gars on fonce dans le tas tous ensemble, si on crève on s’en fout, on fait ça un peu pour la cause c’est vrai, mais surtout parce que c’est juste super marrant de courir la plaine avec des armes hyper lourdes dans les mains, et de trucider des gens qui sont pas comme nous et qui veulent nous tuer aussi. C’est trop cool l’adrénaline, les yeux injectés de sang, les veines qui ressortent, l’envie de meurtre qui donne la bave aux lèvres… On sera des héros, et si on rentre vivants ben on aura qu’à recommencer la semaine prochaine !! Youpiiii.”

Bon j’ai rien à ajouter à propos de ce disque.