J.C. Satàn – Centaur Desire (Born Bad, 2018)

Voila un disque qui démarre avec quelques coups de baguettes qui te disent : HEY SALUT, JE SUIS UNE VRAIE BATTERIE 🙂 Ensuite, grosse caisse bien couillue, caisse claire tout aussi burnée, un petit shaker à droite, un piano autoroute, une basse saturée élastique, une guitare fuzz, et plein d’autres trucs qui s’empilent, oui bon, une intro quoi. Mais pas n’importe laquelle, celle du dernier Satàn. On peut dire qu’ils savent comment faire leur entrée en scène. Que de muscle ! Quelle belle évocation de la sueur et de la gonflette.

Bon est-ce qu’il faut parler des paroles ? Oui vite fait. En gros elles disent, je suis ton gars, tu peux compter sur moi, mais quelque chose a changé cette fois je reviendrai pas. C’est pas très logique, mais ça sonne bien. Ce qui me fait dire que peut-être, c’est pas de la chanson à texte.

Deuxième chanson : mince ça ressemble beaucoup à Queens Of The Stone Age. Schéma classique, assaut suspension assaut suspension, centaur desire, refrain. C’est vraiment efficace et le son est agréable, la stéréo pète de partout, le spectre est rempli comme il faut, la batterie est OUHLALA il y a un peu de guitare sèche. Quelle surprise et puis il y a cette espèce de cassure sortie de nulle part avant un solo et une partie heavy metal puis reprise et fin. Bon alors comment dire. C’est fun et c’est tout. Mais c’est déjà pas mal. C’est l’Amérique, à Bordeaux. C’est du bel artisanat, muscles saillants genre Bruce Springsteen dans les années 80@, entertainement grand luxe, le top du top de sa catégorie. A Bordeaux, oui.

Bref. La suite. Le morceau suivant est plus du genre balade des années 70. Ou plutôt revival 70, pas tout à fait la même chose, ici la production est tout à fait optimisée. C’est moitié bouseux moitié spatial, du genre on construit un télescope dans une grange à foin au kansas. Cool.

La chanson suivante : là je me rends compte qu’elles se ressemblent toutes un peu, bon c’est pas forcément une critique, mais à force de chercher le muscle, l’efficacité et tout, on finit par toujours faire la même chose. OK, j’exagère un peu. Il y a de petites oasis à l’intérieur de chaque chanson, entre deux assauts de Panzer Massey Ferguson.

Ce groupe a peut-être fait trop de concerts. Bon ok, c’est sa Voie. Le live c’est cool, et la musique qui se construit au contact du public possède une vérité qui est tout simplement irréfutable. Elle suit sa Voie. Peut-Être que la prochaine fois, les mecs et filles, il faudra enregistrer dans les conditions du live, alors. Ross Robinson, Steve Albini, ou leurs équivalents français, je sais pas. Les conditions d’enregistrements déterminent souvent la nature finale d’un disque. Relationship of command est comme un ouragan. 

Je suis un peu nostalgique de l’album au pigeon. Il était un peu plus touchant. Un peu moins Helter Skelter. D’ailleurs, saviez vous que Paul a écrit Helter Skelter avec l’intention de créer la chanson la plus brutale et vulgaire au monde ? Elle était pourtant 1000 fois moins brutale et vulgaire que les derniers morceaux de Satan ! Ils sont plus forts que les Beatles c’est tout.

Bon quelque chose d’intéressant à la moitié du disque, ça s’appelle Complex Situation et il y a une sorte de delay flanger sur la voix, un peu moins de gras, du synthé et même probablement de la basse synthé. Sauf qu’au bout d’un moment, retour à la normale, aux multicouches de power fuzz panoramiques et bof. En concert oui mille fois oui quand tu veux où tu veux, par contre sur disque, bof. J’ai déjà Faraway Land en vinyle, ça me suffit. Même si ok, la batterie est une fausse sur le disque sus nommé. Franchement c’est pas si révolutionnaire que ça, une vraie batterie dans un disque de Satàn. C’est amusant 5 minutes, et puis on oublie. Le truc qui changerait vraiment la donne, c’est les conditions du live sur le disque. Waou.

Non mais par contre, quels jolis sons de guitare. Ça oui je prends. Et cette grosse basse sur “the end”. avec les deux premières notes de Ashes To Ashes. SATAN, on veut plus de bowie ! Plus d’accords bizarres, plus de dentelle, moins de chars d’assauts ! N’empêche que The End, elle est assez cosmique, on dirait presque les Warlocks. Satan et les Warlocks, les deux meilleurs trucs vus au café pompier. Avec Deerhunter et R stevie moore. Je crois. 

Ensuite, il y a un truc avec de la caisse claire sur tous les temps et un petit synthé mignon et des guitares d’halloween, ça me fait penser à un épisode de scooby doo. SATAN est une sorte de scooby gang, ils voyagent en camion en tout cas. Ça leur fait un point commun. Scooby dans l’espace. Des fantômes dans la base lunaire. Genre.

CENTAUR DESIRE by JC SATAN

Plus que deux chansons. Intro de batterie tout à fait samplable (à condition que ce mot existe) avant de tomber dans tous les clichés satan mid tempo. Je reconnais que le refrain atteint un nouveau palier dans l’efficacité optimisée, on se rapproche de plus en plus des gros bras de Bruce Springsteen époque gonflette, voire Josh Homme. Ces musiciens qui prennent du tour de biceps avec l’âge, c’est pas anodin, ce n’est que le reflet de l’évolution de leur musique. Maîtrise, efficacité. Et oui bon, dépression aussi, dans le cas de Bruce Springsteen. Courage les SATAN la vie c’est dur mais ça vaut le coup. Vous savez qui a des gros bras aussi ? Trent Reznor. Et aussi, mon chef, au travail.

Dernier morceau :  mais oui enfin autre chose. La guitare bloubloute et il y a de l’ESPACE, de la respiration, et cette impression enfin qu’on tente une petite aventure intérieure et non plus dans l’espace. Petit plus de cette chanson qui s’appelle Libera : elle est chantée en espagnol. Les chansons de Satan qui ne sont pas en anglais, sont chouettes en général. Celle ci, c’est un nuggets espagnol optimisé qui se termine avec le bruit des vagues, une scène digne du foetus cosmique de 2001, et puis une dernière convulsion comme à la fin de A Day in a life. Genre.

Bref. Je suis blasé. Le rock est mort. Je souhaite une très longue postérité à David Bowie.

BISOUS.