Les paupières lourdes

La fatigue est un phénomène complexe. Il suffit de pas grand chose pour basculer d’un côté ou de l’autre. Il est toujours possible de puiser dans sa réserve, mais il faut du temps pour la reconstituer. Ne plus être fatigué, implique de savoir se reposer : le retour de l’angoisse. L’abîme : tu la regardes, c’est elle qui te regarde et t’attire. Il faut s’entraîner à tomber. Devenir la chute, une chute constante. Un voltigeur. Il y a quelques années, j’ai décidé que j’étais en train de tomber dans le trou du lapin blanc. Sans fin, depuis ma naissance, et jusqu’à ma mort. C’est comme ça que je trouve la sérénité. La vie terrestre est une chute. C’est Albert Einstein qui l’a dit. La gravité, c’est fascinant. Le mystère de l’espace temps. Je chute, mais en même temps, je suis un point, un point qui pense, une singularité. Vivre ces deux points de vue dans sa chair, en même temps et à chaque instant. C’est ça le bonheur.