La fatigue me fait douter de tout. Je flippe. Je suis parano. Je déprime. Je ne sais plus si ce que je fais sert à quelque chose. Je suis aspiré, aspiré par le vide.
Oui mais justement : c’est le vide qui me sauve. L’abîme. J’ai découvert ça un jour. Tu sais, quand Luke tombe de la plateforme, après avoir combattu son père. Il tombe. Il tombe dans un petit trou, est éjecté : deuxième naissance. Il faut se laisser tomber dans le vide. Etre heureux de cette chute inéluctable : c’est un élan. Se dire : je m’en fous. Je m’en fous, bordel. Je ne m’agrippe pas aux parois, au risque de me bruler les mains. Je m’appuie sur le vide comme sur un gros pouf moelleux. Je m’en branle. Je vais naître à nouveau. A chaque fois, Une renaissance. De l’abîme, jusqu’aux cimes. Comme Gandalf.
J’écris toujours à la première personne du singulier, mais ce je ne cherche pas l’approbation. Il sait très bien qu’il va rencontrer de la résistance. C’est au contraire un je offensif. Un jeu de combat, par amour.
Je m’en branle de passer pour un donneur de leçons, un prétentieux, un ennuyeux, un pénible.