Haut le coeur

J’allais écrire : ce monde me donne la nausée. Mais c’est pas ça. Du tout, ce serait trop triste, le monde c’est la beauté, les animaux et les plantes, les belles choses, l’amour…

Ce qui me donne la nausée c’est la communauté des hommes, dans ma partie du monde. La collectivité s’est laissée prendre dans une sorte de trou noir de haine, de folie vengeresse. Les passions les plus basses sont exaltées partout et logiquement, les signes du déclin se font de plus en plus visibles.

La haine, la bêtise, deux faces d’une même pièce, la misère morale.

Nous vivons dans un monde de misère. Nous vivons dans la boue, parqués, comme des cochons. Il ne faut pas croire que les milliardaires y échappent : ce sont des pionniers. Les véritables fossoyeurs de la civilisation, ce sont eux mais ils ne sont pas à blamer en tant qu’individus, ils ne sont que l’incarnation de forces qui nous pénètrent tous, face auxquelles on a capitulé, par épuisement.

Je suis malade. Je m’étais juré de ne pas passer la soirée sur youtube et pourtant, c’est ce que j’ai fait. Pas la force de lutter. Une société malade se donne au mal. Parce que le mal, c’est la facilité. Le bien demande un effort. Pardonner demande un effort. Assumer la vérité demande un effort. Manger un gros burger en regardant des conneries à la télé, c’est la pente naturelle.

Je dis que le malheur du monde procède de cette sorte de capitulation. Les hommes ont capitulé face au mensonge réconfortant, au petit plaisir facile, mais c’est pas nouveau, oh non, peut-être que c’est une constante dans l’histoire. Il y a des âges d’or, où les principes spirituels, moraux, sont tenus, puis des décadences, des effondrements, et on recommence.

L’erreur d’Elon Musk est de croire que les hommes sont mus par une solide rationalité économique. Ce n’est pas un homme complet. Lui même est extrêmement rationnel, c’est pour ça qu’il a pu monter si haut. Mais il méconnait tellement le genre humain. Il est au sommet d’une pyramide toute molle. Une pyramide humaine. Il suffit que quelqu’un éternue et tout s’effondre.

La géopolitique est étonnante aujourd’hui. La logique des Etats est concurrencée par une autre logique, celle des idées. L’internationale facho est forte un peu partout, et avec Trump on peut penser que les USA seront plutôt dans la coopération avec Poutine. Question : pourrait-on se diriger vers une guerre civile mondiale, ou du moins occidentale ? Les médias inondent le monde d’appels à la haine, à la vengeance. Il y a dans l’air un petit goût de sang. Par exemple, deux exemples locaux, parmi d’autres : Appoline de Malherbes, et David Pujadas. Chacun dans leur style. Elle, c’est plutôt la furie, des éclairs dans les yeux, prête à tous les coups bas, agressive au plus haut point. Lui, c’est juste une IA dans un corps d’aspect de plus en plus artificiel. Ces deux personnages, comme leurs copains Léa Salamé, Patrick Cohen, et compagnie, sont à la limite de l’appel à la haine. A la libération, je n’aimerais pas être à leur place.

Je parle de libération. C’est parce que j’ai la très nette impression que nous vivons en territoire occupé. Nous sommes gérés, de loin, par des machines, à la solde de l’Empire. C’est clair et net. Regarde autour de toi. Nous ne sommes qu’une colonie d’un nouveau genre. Derrière les apparences de la souveraineté nationale, il ne nous reste rien. On nous a tout volé. Nous n’avons jamais été parmi les vainqueurs de la guerre. Le conseil de sécurité est une illusion : si les Etats Unis mettent leur veto, rien n’est possible, et si on le leur oppose, ils passent outre. Bref, c’est une blague.

On nous a même volé notre langue. Les gens ne savent plus parler. Ils n’ont plus les outils pour exprimer des pensées complexes. On nous a volé la pensée. Quel malheur. C’est l’enfer. Et encore, les bombes ne résonnent pas encore par chez nous, mais combien de temps ça peut durer ?

Je n’ai pas eu le coeur à célébrer la nouvelle année. Il n’y a rien à célébrer, on s’approche de la catastrophe. J’ai beaucoup pleuré cette nuit. Moment de faiblesse lié à mon état de santé. J’ai la grippe.

En tout cas, je sais que si je ne veux pas sombrer dans la morosité, je dois m’accrocher à ce qui reste. La beauté, l’amour. Les gens, la nature, les formes, l’action, le travail. La spiritualité, Dieu.