Sunn O))) Meets Nurse With Wound – The Iron Soul Of Nothing (2011)

Salut c’est super j’ai reçu hier mon disque de Sunn O))) remixé par Nurse With Wound. Je parlerai plus tard des albums de NWW, pas tous il y en a trop, mais mes préférés. Parmi les meilleurs disques de l’univers, oui. Ici, il s’agit d’un remix de ØØ Void. Steven O’Malley aurait demandé à Steven Stapleton et Colin Potter de faire un truc dans le style de Soliloquy For Lilith. Un vrai truc d’ambient qui fait décoller, des morceaux de 20 minutes, beaucoup d’introspection, beaucoup de remise en question, et tout ça basé sur du vide. Tiens tiens. 

En théorie, les pistes des morceaux originaux ont été utilisées. Pour l’instant je reconnais pas mais après tout on s’en fiche. Pour moi c’est surtout un nouvel album de Nurse With Wound. Ça commence avec de longs fils sonores qui sont tissés tissés tissés encore et encore à l’infini, des sons feutrés, très doux, juste une basse légère qui fait ploc… ploc… ploc… qui rebondit quoi mais sans faire de vagues, et puis une sorte de saxophone brumeux, hé mais ce ne serait pas notre charmeur de serpents, celui qui essayait de se faire une place dans le mix sur Richard, le premier morceau de l’album? A vérifier. EN tout cas si c’est lui il doit être content, il a bien plus de place ici pour s’amuser, mais reste assez sage. Ça me rappelle ce que dit Eliane Radigue de sa musique : c’est comme regarder un plan d’eau, à première vue ça ne bouge pas, c’est monotone, mais si on regarde plus attentivement, on observe des vaguelettes qui sont toutes différentes, qui dessinent un paysage bien plus varié que ce qu’on pouvait imaginer, extrêmement subtil, mais tellement riche pour qui sait l’apprécier. Ben voilà. Écouter ça, c’est comme observer la surface d’un lac, d’un lac de montagne, avec les versants fleuris qui se reflètent dans l’eau, pleins de petites fleurs jaunes et bleues, des milliers de nuances différentes, qui frémissent à chaque coup de vent, et au dessus le ciel bleu parsemé de nuages, de jolis nuages légers et filandreux, des cirrus, et tout ça est beau, tous ces tons pastel, tous ces microscopiques coups de pinceau… C’est le dernier Zelda, je sais pas si vous jouez aux jeux video, le dernier Zelda sur la Wii, il a des graphismes comme ça, nets au premier plan, mais qui se transforment en pastels impressionnistes à mesure qu’on se rapproche de l’horizon, c’est flou comme dans un rêve, ce jeu est un rêve éveillé de toute façon. Ils auraient dû mettre cette musique dans le jeu. Pendant ce temps, la basse continue de faire ploc… ploc… ploc… et vraiment, je me demande d’où ils sortent toutes ces pistes qu’on n’entendait pas dans la version originale, qui reposait essentiellement sur le grondement des guitares sous accordées sortant sur des amplis Sunn montés à 11. Voilà, fin de la première face.

La deuxième face commence avec un truc encore plus hallucinant, une sorte d’orchestre de musique arabe, mais joué à l’envers, et flou… Je crois reconnaitre des choses entendues sur le disque mais pas sûr, comment être sûr… Les notes de pochette sont minimalistes, enfin il s’agit ici du remix de Ra At Dawn semble-t-il. Un orchestre de musique orientale donc, mais encore dans un rêve, tout est flou, les contours du son dans l’espace, et dans le temps, c’est comme de grosses masses de matière en fusion qui s’entrechoquent lentement, essaient de se mêler, mais restent irrémédiablement séparées, comme l’eau et l’huile. Il y a du vent et de l’écho, c’est une grotte rempli de magma cette musique, c’est une fois encore une musique du centre de la terre, mais pas une version légendaire, pas un centre creux, non, ici la pression a l’air tellement forte, on sent littéralement le son nous presser le crâne, il est tellement dense… Un ronflement de guitare, enfin quelque chose de familier se fait entendre, il est extrêmement bien intégré au reste, et encore cette interrogation, tous ces sont étaient vraiment dans le mix original, qu’est-ce qui a été rajouté, qu’est-ce qui a été seulement traité, modifié… On s’en fout un peu, mais je suis curieux, surtout quand il s’agit de M. Stapleton, il m’intrigue beaucoup, j’en connais pas assez sur lui pour l’admirer véritablement, mais une oeuvre aussi mystérieuse, aussi bizarre, aussi cohérente tout en partant dans tous les sens, moi ça me fascine, et je suis impressionné que Stephen O’Malley et Greg Anderson aient réussi à attirer son attention, à travailler avec lui… Chapeau. Le ronron des guitares prend de plus en plus d’importance, il rayonne de plus en plus, je me demande jusqu’où ça va aller, en tout cas c’est un son magnifique, beaucoup de reflets, un ronron aussi beau qu’un moteur de Harley… Ça part en feedback, le ronron dit au revoir. OH. Fin de la face 2 extrêmement rapide… Mhh. Soit.

Hop deuxième disque, face C. Une guitare grave, son clair, fait des plocs plocs. Un mec chante des trucs de sa voix flangée incantatoire. C’est vraiment le mec de l’album? Dingue. C’est la partie la plus dingue de ce disque pour l’instant. On reconnait les guitares de Sunn, mais sans distortion, et avec un mec qui chante, et puis sa voix est noyée dans une réverbération de cathédrale ensuite, quel changement je vous jure, ces mecs ne respectent rien, c’est génial. Steven Stapleton a carrément vampirisé la musique de Sunn sur ce disque. Mais ce morceau n’est vraiment pas très agréable, la guitare joue un truc qui met mal à l’aise, le chanteur n’a pas l’air aimable, et puis tous ces sons agressifs, c’est même plus du vent, c’est des disques métalliques hyper tranchants qui fendent l’air, c’est la première épreuve du temple du Graal, celui où il faut se courber devant dieu, sinon zzzzzzzzcouic plus de tête et elle roule jusqu’au père d’Indiana Jones qui a une balle dans le ventre. J’arrête pas de penser à Indiana Jones quand j’écoute de la musique c’est pas possible… Enfin bref. POUR le coup ce morceau me rappelle pas mal de choses de Nurse With Wound, les trucs avec de la voix, avec David Tibet ou autre. Pas ce que je préfère. Tiens la voix du mec devient une voix de gameboy, puis elle est superposée à une autre voix de moine tibétain black metal, ça commence à être plus sombre et en même temps plus plaisant, et aussi plus Sunn O))), mais dernière période. D’ailleurs récemment Steven O’Malley a sorti un disque sur son label Ideologic (le label qui a édité cet album de remixes), un truc qui s’appelle Phurpa, c’est une bande de russes qui se prennent pour des moines tibétains maléfiques, et c’est vraiment bien. Ah mais voici que les guitares saturées pour de vrai font leur entrée, elles jouent la même chose que les guitares ploc ploc du début c’est peut-être les mêmes, en fait c’est pas “les’” c’est “la”. À NOTER à ce moment précis; la petite créature ailée qui passe du haut parleur de gauche à celui de droite, aaah mais en fait il s’agissait d’une chauve souris, qui vient d’atterrir et de se transformer en vampire, cassant un verre au passage. Ce qui est hallucinant, c’est que ce vampire n’est autre que… Steven Stapleton lui même, j’en suis persuadé. Je sais que c’est un vampire, ça ne fait aucun doute, mais un vampire de musique, il suce la musique des autres, il s’en nourrit. Bon je sais pas si c’est la fin de la face là, mais ça part en vrille, encore des verres cassés, du bruit blanc, les incantations qui repartent de plus belle, puis une grosse coupure, une nouvelle piste de guitare ou basse saturée, mouai, c’est très bien mais c’est le genre de collage qu’on a l’habitude d’entendre chez Nurse With Wound, enfin, le genre de MÉTHODE que l’on connait. Une musique que certains qualifient de dadaïste, ce qui n’a aucun sens, mais bon, qui est volontiers provocante, qui n’hésite pas à faire mal aux oreilles, à choquer, à faire peur, à déstabiliser. Ouh purée cette fois c’est toute la vaisselle qui y passe, le vampire est pas content je crois. C’est de la folie, je comprends pourquoi j’avais pas trop apprécié cet été. J’avais trouvé ce disque sur internet et un samedi après midi je voulais roupiller à moitié au bord de la piscine en l’écoutant. Ça s’était pas très bien passé… FIN de la troisième face. 

Et début de la quatrième face qui, d’après le titre, est la suite de la deuxième. J’imagine qu’il ne faut pas chercher à comprendre le pourquoi. On reprend là où on en était avec cette basse qui ronronne au centre de la Terre, ce son hyper dense qui compresse les tempes, en accord avec la philosophie du groupe SUNN ou à peu près. Je parlais de vent tout à l’heure, on l’entend encore plus, enfin, c’est pas vraiment du vent, c’est une sorte de bruit blanc réverbéré qui se ballade de gauche à droite. Oh une basse digne d’un vaisseau spatial de rencontres du 3e type est en approche, nous sommes sur la base derrière la montagne plate, la nuit, on regarde le ciel et ce gros machin descend lentement du ciel escorté par tout un tas de petits vaisseaux. C’est prodigieux. Tout se tait sauf cette grosse basse et son cortège qu’harmoniques à géométrie variable. Exactement comme dans le film!! C’est le vrai moment “drone” du disque, cet instant où tout s’arrête, où le temps n’existe plus, un moment miroir, la musique n’existe plus, elle disparait, elle réfléchit, elle nous montre ce que nous sommes. C’est un moment champignonesque, et là, je vous jure que je me sens bizarre, légèrement sous influence, pris de vertige, cette grosse basse qui vibre de manière désynchronisée, ces bourasques de vent glacial qui soufflent dessus…. Et puis le vaisseau s’en va, et c’est marrant parce qu’on dirait qu’il a laissé descendre plein de petits extraterrestres qui parlent une langue incroyable, c’est une langue de droïde, c’est une langue radio. Leur language, c’est les ondes radio. Blablablalbalbblalblalbalbalblabla. C’est fou. Et nous voilà avec plein de petits extraterrestres, j’aurais bien aimé connaître la suite de l’histoire, c’est un peu frustrant cette manière de terminer les morceau par un fondu aussi rapide, comme si on n’entendait que des extraits de morceaux… Et…. fin. 

Bon. Je sais pas trop encore ce que je dois en penser, et puis j’ai été coupé dans mes réflexions par ma tendre aimée qui me parlait sur msn. Déjà, je pourrais commencer par dire que c’est beaucoup moins jouissif que Soliloquy For Lilith, qui est un des meilleurs albums d’ambient que je connaisse, alors que justement c’était un peu la référence pour le disque qui nous intéresse aujourd’hui. Mais après tout on s’en fout, j’essaie sur ce blog de me concentrer sur la musique en écartant autant que possible les considérations extra-musicales comme, par exemple, les intentions de l’auteur, l’année de sortie du truc, sa place dans l’Histoire etc… ALors… Je sais pas trop. Agréable, mais pas hyper jouissif non plus, certains passages vraiment tordus, intéressants, mais tordus, légère frustration qu’ils ne lâchent à aucun moment les gros murs de guitare… Mais oui, c’est bien. Si c’était un groupe inconnu, je serais sur le cul ; comme ce sont des gens que je connais et que j’aime, j’ai mes exigences… Bref. Oui c’est hyper cool. C’est tout bises à plus.